La fin des Régnier (998-1051)

Dans le dernier quart du Xe siècle, le roi de France aide les Régnier à récupérer la plupart de « leurs » biens et l’on retrouve des enfants Régnier à la tête des comtés de Louvain et de Hainaut. Par les jeux d’alliance et les guerres, les Régnier IV et V, ainsi que Herman s’empressent d’ailleurs d’agrandir leurs territoires notamment au détriment des marches de Valenciennes et d’Éname. Chièvres et Alost appartiennent alors à la maison de Verdun, mais, au fil des conflits, le comte de Flandre qui est aussi ambitieux que les Régnier, se retrouve maître du comté de Chièvres dans l’ancienne marche d’Ename, alors que le Hainaut possède le reste de cette marche, c’est-à-dire les terres situées au nord, sans lien direct avec le Hainaut. En 1047, les deux familles décident d’un échange, et c’est ainsi que l’ancien comté de Chièvres intègre celui de Hainaut et que l’Escaut est atteint et même débordé en 1047, avec la cession de Valenciennes et ses environs, vers l’Ostrevant.
D’abord terre d’empire, circonscription administrative ensuite, le Hainaut s’est détaché progressivement de toute autorité souveraine pour devenir une principauté quasi autonome, mais dépendante de la lignée seigneuriale (XIe siècle).
À la mort de Herman en 1051, sa veuve, Richilde, déjà fort active dans les affaires du comté, déjoue les difficiles relations entre Germanie et Francie, mais ne peut éviter un mariage avec le fils du comte de Flandre, le futur Baudouin VI qui règnera sur la Flandre de 1067 à 1070. Depuis le IXe siècle, les comtés de Hainaut et de Flandre se sont en effet développés parallèlement et la limite « naturelle » que constitue l’Escaut a déjà été contestée à diverses reprises, les dynastes cherchant à s’étendre par-delà le fleuve.

Références
ANA ; Bo ; DCM17; DCM20; Er35c; WPH01-219


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le comté de Hainaut placé sous suzeraineté germanique pour plusieurs siècles (Xe siècle)

Lors des multiples traités partageant l’empire carolingien qui marquent les IXe et Xe siècles, le comté de Hainaut est balloté entre Lotharingie et France. En 925, la frontière occidentale du royaume de Germanie se fixe sur l’Escaut pour quelques siècles et place durablement le comté de Hainaut sous la suzeraineté des rois et empereurs germaniques, alors que Tournai et le comté de Flandre sont placés sous celle des rois de France. Les Régnier ont contribué au rattachement de la Lotharingie dont ils étaient les vassaux au royaume allemand plutôt qu’à la France. En perdant Chimay puis Couvin, le comté de Namur est le premier à faire les frais des visées expansionnistes des Régnier qui s’emparent aussi d’une partie de l’ancien pagus du Brabant.
À la différence des autres dynasties germaniques, les familles situées à l’ouest du Rhin manifestent leur hostilité à toute soumission à l’empereur qui prend des sanctions en raison des troubles provoqués par les Régnier. Le roi de Germanie Otton Ier impose un exil en Bohême au comte Régnier III (958), où il meurt en 973. Avec le soutien du roi de France, les Régnier continuent cependant à contester violemment le pouvoir impérial. En 977, l’empereur Otton II est forcé de rendre aux fils de Régnier III les terres qui lui avaient été confisquées ; Régnier IV reçoit le comté de Hainaut ; il devra attendre 998 pour recevoir la ville de Mons. Par ailleurs, pour protéger cette partie de la frontière occidentale, Otton II forme des marches militaires dans trois villes le long de l’Escaut : Anvers, Éname et Valenciennes (977). Créations originales, ces marches sont destinées à se défendre contre le roi de France, mais surtout contre les velléités expansionnistes des comtes de Flandre.

Références
ANA ; Bo ; DCM17; DCM20; Er35c; WPH01-219


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le comté de Hainaut : de ses origines à son expansion maximale

À partir de la fin du IXe siècle, le pagus Hainoensis est confié à la famille des Régnier. Les Carolingiens désignent ainsi une des plus puissantes familles aristocratiques d’Ardennes (avant 870). Propriétaires de biens relativement dispersés, les Régnier font souche en Hainaut, se concentrent dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et, profitant de la faiblesse du suzerain, imposent non seulement leur nom mais surtout leur pouvoir dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons. Pendant plusieurs décennies, le territoire du comté va s’accroître surtout vers le nord et l’Escaut et atteindre les limites maximales représentées en pointillé.

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; WPH01-219


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Émergence du comté de Hainaut : le pagus confié aux Régnier (IXe siècle)

Fragment de l’antique cité des Nerviens, héritier du pagus Famars, le comté carolingien du Hainaut doit son nom à la Haine, quand le centre militaire et politico-administratif se déplace vers Mons. À partir de la fin du IXe siècle et du règne des Régnier, le pagus Hainoensis se substitue en effet à Famars. Progressivement, le comté va s’accroître et atteindre les limites représentées sur la carte 0855_0101A2.

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; WPH01-219


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