Michel Scheer, Signe. 1998

Namur (Beez), rue du Moulin de Meuse n°4. Hall accessible aux heures de bureau

Dans le hall d'accueil des moulins, à proximité des ascenseurs et couloirs, s'élève discrètement une oeuvre de Michel Scheer. Discrètement, car elle s'intègre dans l'architecture du lieu au point de disparaître. Colonne d'inox de plus de deux mètres, coiffée de trois billes métalliques, de diamètre différent et situées sur trois orbites, elle se fond parmi les colonnettes et les conduites de chauffage qui découpent la salle : "colonne parmi les colonnes", écrit malicieusement l'artiste. La forme cylindrique de l'oeuvre correspond à la dominante circulaire des colonnettes et conduits, tout en faisant contrepoint à la configuration quadrangulaire de la pièce.

Toutefois, dès le passage d'un visiteur, les trois billes métalliques se mettent à tourner autour du sommet. Tintements et mouvements révèlent alors la présence de l'oeuvre. La perfection de sa ligne, sa pureté froide, la brillance de ses parois ne manquent pas d'évoquer certaines oeuvres minimalistes. Sa réflexion mimétique des qualités de l'environnement révèle l'ampleur de la méprise du spectateur pressé et accentue encore son plaisir de s'être fait "piéger". Un champ magnétique maintient les billes en mouvement sur la colonne. Leur mouvement circulaire rappelle encore celui qui animait continuellement les moulins, et les tintements peuvent se comprendre comme une allusion sonore à l'activité intense qui s'y déployait.

Aux qualités artistiques et technologiques de son oeuvre, Michel Scheer ajoute un contenu symbolique original, dont il livre les clés dans un texte (ci-joint).

Focus sur les Moulins de Meuse à Beez

Erigés en 1900, les Moulins de Meuse, à Beez, près de Namur, constituent l'un des joyaux du patrimoine industriel de la Wallonie. Dès lors, leur réhabilitation, décidée en 1994, devait marier harmonieusement leur nouvelle affectation (le dépôt des archives administratives wallonnes, le Musée de Wallonie, et le Musée de la Meuse) et le respect de cette architecture néomédiévale, caractéristique de la fin du 19e siècle. Après études approfondies, menées de concert avec la direction générale de l'Aménagement du territoire, du Logement et du Patrimoine de la Région wallonne, le cabinet namurois d'architecture L'Arbre d'Or, conseillé par l'architecte Maurice Culot, a opté pour la restauration de la façade extérieure et l'aménagement de la structure interne, afin de la rendre capable de recevoir les tonnes d'archives de la Région, tant d'origine privée que publique.

Les façades de briques rouges ont été nettoyées et traitées par hydrogommage afin de respecter l'apparence originelle de l'édifice. En outre, ce traitement met en exergue l'excellent travail des maçons de l'époque et souligne les motifs décoratifs dessinés par l'orientation des appareils. L'austérité monumentale de l'édifice est, en effet, ponctuellement compensée par des subtilités dans l'agencement des briques. Les ajouts ultérieurs qui défiguraient l'édifice ont été supprimés. Les anciens châssis de fenêtres ont été restaurés et ceux qui étaient détruits ou trop abîmés, refaits à l'identique. Leur conception participe en effet de l'esthétique néomédiévale qui prédomine dans cet ensemble architectural.

L'aménagement intérieur a été confié à la designer française, Andrée Putman. Celle-ci a choisi le thème de la farine comme fil conducteur de sa restauration. Des teintes d'une blancheur laiteuse évoquent l'ancienne activité industrielle que rappellent également les vitrines du musée de Wallonie et du musée de la Meuse, désormais installés dans les moulins.