SPW - G. Focant

Moulins de Beez

Situés entre le chemin de fer de Liège et la Meuse, les moulins de Beez forment un ensemble de bâtiments destinés au fonctionnement d’une minoterie dont la construction a débuté en 1901. Le moulin est constitué de deux bâtiments, reliés par une passerelle au niveau du premier étage.

Construit sur quatre niveaux, entièrement en brique, il est percé de nombreuses baies, et son étage attique est décoré d’une frise surmontée de denticules sur toute la longueur.

Véritable « château » d’une industrie florissante à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, fleuron du patrimoine industriel régional, le site connaît aujourd’hui une seconde vie après sa réaffectation par le Service public de Wallonie, au terme d’une restauration saluée, en 2002, par une médaille de « Europa Nostra » à la demande de l’Agence wallonne du patrimoine.

À l’initiative du Ministre-Président Robert Collignon, elle décida en 1994 – « année du patrimoine industriel » – de transformer ces bâtiments abandonnés pour y installer les archives régionales dont le même Ministre proposait simultanément l’organisation à une échelle et sur des bases dignes du pouvoir régional. La rénovation tint compte des besoins spécifiques aux techniques d’archivage et au volume des archives.

Inaugurés en mars 1998 par Jean-Claude Van Cauwenberghe, qui mena le projet à bien, les moulins de Beez abritent les archives régionales et un auditorium de 140 places équipé d’un matériel à la pointe de la technologie. Installé dans l’ancienne salle des machines, celui-ci est géré par l’Agence wallonne du patrimoine, chargé de la valorisation des espaces publics des moulins. Des réceptions et des expositions temporaires sont aussi organisées dans le vaste hall d’entrée.

Pour la mise en lumière des Moulins de Meuse, Yann Kersalé a proposé un aménagement lumineux en différents plateaux. Le niveau le plus bas, celui du fleuve, la Meuse, ne jouit pas d'un éclairage direct, mais est perpétuellement animé par le miroitement des lumières du site sur les flots. La plus haute, la zone de circulation recouverte de pavés, est parsemée de bornes basses qui diffusent une lumière blanche et rasante. Entre la voie de chemin de fer et le parking, s'élèvent trente-sept bornes hautes en forme de cône à base octogonale, qui dispersent une lumière blanche éclatante autour d'elles. L'artiste avait imaginé qu'elles encadrent, comme une escorte lumineuse, la voie de chemin de fer. À mesure que l'on s'éloignait des bâtiments, les travées s'agrandissaient, suggérant ainsi une progression dans la découverte.

L'essentiel de la mise en lumière réside toutefois en l'éclairage, par huit cents mètres de tubes fluorescents, des principaux bâtis. Placés au pied, ces tubes répandent un halo de lumière violine qui semble caresser les façades, d'une manière presque sensuelle. La structure massive des moulins paraît allégée, des pans lumineux sont privilégiés, des détails architecturaux, mis en évidence, au détriment de la volumétrie de l'ensemble. Elle est loin l'époque où l'éclairage nocturne voulait rivaliser d'éclat avec la lumière du jour et étouffait l'ensemble architectural sous une lumière englobante. Kersalé fait dans la nuance, l'épure, la légèreté. La lumière, jadis manière à focaliser l'attention sur le volume, est devenue une parure impalpable, qui habille l'édifice sans le travestir et qui magnifie l'harmonie.

Les façades de briques rouges ont été nettoyées et traitées par hydrogommage afin de respecter l'apparence originelle de l'édifice. En outre, ce traitement met en exergue l'excellent travail des maçons de l'époque et souligne les motifs décoratifs dessinés par l'orientation des appareils. L'austérité monumentale de l'édifice est, en effet, ponctuellement compensée par des subtilités dans l'agencement des briques. Les ajouts ultérieurs qui défiguraient l'édifice ont été supprimés. Les anciens châssis de fenêtres ont été restaurés et ceux qui étaient détruits ou trop abîmés, refaits à l'identique. Leur conception participe en effet de l'esthétique néomédiévale qui prédomine dans cet ensemble architectural.

L'aménagement intérieur a été confié à la designer française, Andrée Putman. Celle-ci a choisi le thème de la farine comme fil conducteur de sa restauration. Des teintes d'une blancheur laiteuse évoquent l'ancienne activité industrielle que rappellent également les vitrines du musée de Wallonie et du musée de la Meuse, désormais installés dans les moulins.

Invitée à donner son avis sur les projets d'intégration d'oeuvres d'art dans ce nouveau site, la Commission des arts de Wallonie a avalisé les propositions de Pierre Culot (implantation d'une sculpture, "Fruit du mur", et aménagements extérieurs), de Michel Scheer (sculpture intérieure, "Signe") et de Yann Kersalé (mise en lumière, "Courant d'âges"). 

Rue Moulins de Meuse 4
5000 Namur (Beez)

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Classés comme monument le 4 mars 1998

Institut du Patrimoine wallon