À l’entame de la législature wallonne 2014-2019, est créée pour la première fois au Parlement de Wallonie une Commission d’avis chargée de Questions européennes (novembre 2014). Sa mission est d’anticiper la rédaction finale de textes fondamentaux. Seize traités internationaux (dont le Protocole de Kyoto) viennent en effet d’être adoptés par l’assemblée wallonne, sans avoir pu les analyser dans le détail. Les futurs traités seront désormais étudiés beaucoup plus en amont et de manière proactive. Les enjeux des traités de libre-échange négociés par la Commission européenne (TTIP, CETA, ACS) en sont l’occasion.
Alors que la société civile se mobilise dans la rue comme sur les réseaux sociaux, la Commission wallonne procède à l’audition d’une vingtaine d’experts de très haut niveau (2014-2016) et de ses nombreuses réunions il ressort, le 14 octobre 2016, une résolution qui marque les esprits : par 47 oui (PS-cdH-écolo-PTB-indép.) contre 16 non (MR), le Parlement de Wallonie refuse de déléguer ses pleins pouvoirs au gouvernement fédéral belge pour la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (l’Accord économique et commercial global se dit en anglais Comprehensive Economic and Trade Agreement, dont CETA est l’acronyme). Paul Magnette, alors ministre-Président du gouvernement wallon, est chargé de faire valoir le point de vue majoritaire de l’assemblée wallonne auprès des autorités européennes.
Ce veto suscite une crise sans précédent sur le plan international. Pendant plusieurs jours, la Wallonie fait la une des médias européens. Au centre de toutes les attentions, les autorités wallonnes sont soumises à une pression inédite de toutes parts (Canada, Québec, autorités européennes et fédérales belges, etc.). Finalement, après une semaine de rudes négociations, le Parlement de Wallonie obtient des clarifications à propos de dispositions relatives à la clause de sauvegarde pour les produits agricoles et au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (28 octobre 2016). L’Europe prend en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature de l’accord (Bruxelles, 30 octobre 2016) et dans l’application du CETA (à partir du 21 septembre 2017), ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir.