Le duché de Limbourg après Worringen (1288-)

Après la bataille de Worringen (1288), le sort du duché de Limbourg est désormais lié à l’histoire du duché de Brabant. Avec le comté de Dalhem, également sous domination brabançonne, ces territoires situés au-delà de la Meuse (du point de vue de Bruxelles) sont aussi désignés comme pays d’Outremeuse.
Au-delà des liens matrimoniaux, un traité de 1415 lie les trois états de Brabant au Limbourg ; la Joyeuse Entrée est désormais commune aux deux duchés et le Limbourg doit envoyer des députés spéciaux aux États provinciaux de Brabant.

Références
ErCover ; Faid-36 ; H56 ; Pos592 ; RuwDal ; Thi1 ; Thi2


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le duché de Limbourg (XIIe - XIIIe siècles)

Convoitant aux comtes de Louvain le titre de duc de basse-Lotharingie, les comtes de Limbourg obtiennent brièvement cette dignité et finissent par porter le titre ducal pour leurs possessions qui s’étendent notamment au comté d’Arlon et à la seigneurie de Montjoie. Par son mariage avec la fille de Henri l’Aveugle, le fils du comte de Limbourg, Waléran Ier étend les biens de la maison de Limbourg en Haute-Lotharingie. Plus exactement, le Luxembourg intègre le comté d’Arlon dans son patrimoine . La maison de Limbourg-Luxembourg s’éteint sans descendant en 1283 provoquant une guerre de succession : le duc de Brabant (successeur des comtes de Louvain) s’empare des territoires situés en basse-Lotharingie. La bataille de Worringen (1288) scellera le sort du duché de Limbourg.

Références
ErCover ; H56 ; Pos ; RuwDal ; Thi1 ; Thi2 ; TrauLxb-118


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Le comté de Limbourg (XIe siècle)

Ancien fisc ou domaine royal de Baelen, le comté de Limbourg deviendra propriété de la maison de Luxembourg au XIe siècle. À partir de la forteresse qui y est construite, Frédéric, petit-fils du comte de Luxembourg, s’impose comme comte de Limbourg, avant de convoiter et obtenir le titre de duc de basse-Lotharingie (1046-1065). Il s’impose aussi comme protecteur d’abbayes voisines : il en est l’avoué.

Références
ErCover ; H56 ; Pos ; RuwDal ; Thi1 ; Thi2


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Le duché de Brabant en 1288

Les événements de 1213 n’ont pas calmé les esprits. Tout au long du XIIIe siècle, les Brabançons saisissent la moindre occasion d’atteindre leur objectif : percer la principauté. Ainsi, les interventions des ducs brabançons dans le choix et l’élection du prince-évêque ne sont pas rares ; mais cela reste assez normal dans la mesure où le diocèse de Liège s’étend sur une large part des terres brabançonnes. Par contre, il s’agit d’intrusion quand les Brabançons soutiennent les Bonnes villes ou Saint-Trond contre l’autorité liégeoise. En 1288, la bataille de Worringen est un moment plus important car la victoire de Jean Ier de Brabant accroche durablement le duché de Limbourg au Brabant. La principauté de Liège est ainsi prise en tenaille et le Brabant contrôle une bonne partie de la route du Rhin tant convoitée. L’axe commercial Bruges-Cologne prend l’ascendant sur le courant de la Meuse.

Références
ErCover ; ErCoverBbt ; VuBrbt69


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Le comté de Luxembourg en 1281

Réfugié à Luxembourg dont il favorise le développement, Henri l’Aveugle meurt en 1196 en laissant une fille de six ans comme seule héritière (Ermesinde). Les biens de Namur et de Luxembourg réunis en 1136 sont à nouveau séparés et promis à des existences distinctes. Par son second mariage, avec le fils du comte de Limbourg, Ermesinde (1186-1247) inscrit le Luxembourg dans une nouvelle histoire car Waléran, son nouvel époux, lui apporte le comté d’Arlon et, par conséquent, le lien territorial unifiant toutes ses terres. Il lui garantit aussi des possessions de son premier mariage et lui apporte une descendance. La comtesse organise son État et accorde les premières franchises aux deux seules villes dignes de ce nom : Echternach (en 1236/8) et Luxembourg (1244), ainsi qu’à Thionville qui jouit d’un statut particulier (1239). Leur fils, Henri V (1216-1281), fonde l’importante abbaye de Clairefontaine et acquiert encore ce qui deviendra la prévôté d’Aywaille, et s’empare très brièvement du comté de Namur (1256-1264) ; luttant contre des seigneuries « autonomistes », il consolide les liens entre tous ses comtés et les institutions du pays (prévôtés). Tourné vers la France, il introduit le droit de Beaumont. S’appuyant sur les nobles et des agents administratifs dévoués, il étend les libertés et franchises à des villes moyennes (Grevenmacher, 1252, Bitbourg, 1262).

Références
DHGe14 ; TrauLxb86, 92, 119 ; WPH01-227


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Le duché de Brabant en 1213

À une époque où les échanges économiques entre l’ouest et l’est sont nombreux, le Brabant n’a de cesse de regarder vers la Meuse et au-delà de la principauté de Liège. Après avoir conquis au Nord les terres le menant vers les bouches de la Meuse (contre la Gueldre et la Hollande), Henri Ier tourne ses armées contre la principauté de Liège : cet État souverain est sur le chemin des relations qu’Anvers, Louvain et Bruxelles veulent entretenir avec l’Empire germanique. La route Bruges-Cologne (Alost, Bruxelles, Louvain, Léau, St-Trond, Tongres) passe par Maastricht. Elle est ouverte du côté de Bruges, pas du côté de Cologne. En 1204, l’empereur concède la ville de Maastricht en fief au duc de Brabant, mais ce n’est pas assez. Le moindre prétexte conduit à un affrontement entre Brabançons et Liégeois. En 1212, Liège est mise à sac, mais, l’année suivante, les armées féodales sont battues par un soulèvement, en tout cas par des milices populaires liégeoises à Steppes (1213). Contraints et forcés, les Brabançons se réconcilient avec le vainqueur, obtiennent de l’empereur une partie de Maastricht en fief, mais ne renoncent pas à leur projet. En 1239, Dalhem sera prise par le duc de Brabant qui portera désormais aussi le titre de comte de Dalhem.

Références
ErCover ; ErCoverBbt ; VuBrbt-69


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le comté de Hainaut au lendemain du traité d’Arras (1191-1206)

La croisade menée à partir de 1189 autour de Frédéric Barberousse a des conséquences directes pour le Hainaut car de puissants seigneurs hennuyers ne reviendront jamais de la « Terre Sainte ». En 1190, une nouvelle expédition vers Jérusalem, conduite par Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste, emporte le comte de Flandre. Avant son départ, il a demandé la protection du Hainaut pour sa femme et exigé l’obéissance de ses vassaux à Baudouin V. Dès l’annonce de la mort de Philippe Ier de Flandre, dit Philippe d’Alsace (1191), le comte de Hainaut se fait reconnaître comme héritier légitime, précédant le roi de France qui ambitionne de prendre la Flandre. Durant quelques années, entre le traité d’Arras de 1191 et la Paix de Péronne de 1200, les passes d’armes se succèdent au sujet des possessions des uns et des autres. Finalement, le tout nouveau royaume de France prend un appui dans le nord (l’Artois, le Boulonnais), alors que le comte de Hainaut se retrouve à la tête de possessions imposantes. Parti pour la croisade, Baudouin IX accède au trône et au titre d’empereur de Constantinople (1204), mais y perd la vie (1205), laissant deux fillettes en bas âge comme héritières (Marguerite et Jeanne).

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; DCM20 ; DCM22 ; Er35 ; Er-Cover ; WPH01-219


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La principauté de Liège sous le régime de l’Église impériale (XIe-XIIIe siècles)

À la fin du XIe siècle, l’évêque de Liège – soit comme chef spirituel, soit comme chef temporel et suzerain – exerce son hégémonie sur l’ensemble des régions romanes qui forment l’espace wallon actuel à l’exception de la partie romane du diocèse de Trèves (le pays gaumais). Les princes-évêques placent notamment les comtes de Hainaut sous leur domination féodale (1071-1076). Jusque-là, le comté de Hainaut était essentiellement compris dans le diocèse de Cambrai. Vers 1245, il semble que l’incorporation « temporelle » ne se réalise pas et le Hainaut reste en dehors de la principauté, situation consacrée en 1408 après la bataille d’Othée.
Cette hégémonie dure un siècle seulement, le temps de l’Église impériale. En effet, un vaste mouvement de réforme de la discipline monastique a démarré de l’abbaye de Cluny et s’est propagé dans nos contrées où les abbayes sont sensibles aux nouveaux préceptes. Parmi ceux-ci, la remise en cause de la désignation des responsables de l’Église (investiture) par des princes laïcs. Dès l’entame de son pontificat (1075), Grégoire VII s’emploie à combattre ce régime politico-religieux.
La querelle des Investitures, c’est-à-dire le formidable conflit entre l’empereur et le pape pour le contrôle de l’Église en général et de l’élection des évêques en particulier (1075-1122), puis l’effondrement de l’autorité impériale dans le courant du XIIIe siècle affaiblissent dans un premier temps, puis anéantissent finalement, le système ottonien de l’Église impériale, dont la mort de l’empereur Henri VI (1197) marque le tournant. Alors que la notion de Lotharingie disparaît, les lointains successeurs d’Otton se désintéressent des terres situées le plus à l’occident de l’empire. Le lien de subornation à l’égard de l’Église impériale se distend de plus en plus. L’élection des évêques va désormais aussi dépendre des grandes familles locales qui ont tissé leurs propres liens féodaux et assuré l’autonomie de leurs territoires, véritables petits États souverains.
À Liège, une distinction plus nette s’établit entre « diocèse » et « pays » de Liège. Le pape confère à l’élu l’autorité spirituelle, que symbolisent l’anneau et la crosse. L’empereur ne conserve que l’investiture laïque, remettant le sceptre et l’épée, symboles du pouvoir temporel. L’autorité temporelle de l’évêque ne dépasse plus les limites des domaines épiscopaux et donc de la principauté de Liège dont les frontières sont bien définies et qui s’affirme comme un État souverain, à l’instar de ses petits voisins. De surcroît, la faiblesse des héritiers de l’empire d’occident coïncide avec l’émergence de la puissance française, militaire, politique, culturelle (les arts, l’Université de Paris, le vin…, etc.) et économique (foires, etc.).

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; HPLg-41 ; HW04-113-114 ; Kup-527 ; LJGdLg48 ; Meuse-Rhin10 ; vRey-22


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Le comté de Namur du XIIIe au XVe siècles

À la mort de Henri l’Aveugle (en 1196), le bloc territorial luxembourgeois auquel s’agglomèrent les comtés limitrophes est séparé du comté de Namur, ravalé au rang de « principauté de second ordre, coincée et presque étouffée par les grands territoires liégeois, brabançon et hennuyer » (L. Genicot).
Fortement réduit en 1196, le territoire du comté de Namur ne variera que très légèrement jusqu’à l’entame du XVe siècle, certains endroits étant contestés par les voisins liégeois, brabançons et de Bouillon. Tombé entre les mains d’une branche cadette de la maison de Hainaut, le comté de Namur restera fort convoité et sera l’objet de multiples arrangements entre ses voisins des maisons de France, Luxembourg et Flandre. Son statut évolue, variant entre celui de comté et celui de marquisat de Namur.
En 1421, dépourvu d’héritier, Jean III, dernier comte de Namur vend ses terres au duc de Bourgogne Philippe le Bon ; celui-ci en hérite en 1429 et les réunit à ses possessions des Pays-Bas. L’histoire du comté(-marquisat) de Namur se confond depuis lors avec celle des autres provinces des Pays-Bas.

Références
GeGB47 ; GeNam ; HHWH24 ; Rol57 ; WPH01-83


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Le Hainaut sous les Baudouin (1098-1195)

Les croisades et la querelle des Investitures ont des conséquences immédiates sur l’exercice du pouvoir dans les petits états naissants. N’ayant plus qu’un lien de subornation distant à l’égard de l’empereur, les grandes familles locales tissent leurs propres rapports féodaux : généralement, l’une d’entre elles prend l’ascendant et assure elle-même « l’autonomie » d’un territoire qui devient un véritable petit État souverain. Chaque famille régnante cherche à tisser de solides alliances (mariage, alliance, etc.), mais cela n’évite pas les conflits entre voisins immédiats, qui sont réguliers. De surcroît, l’émergence de la puissance française qu’elle soit militaire, politique, culturelle (les arts, l’Université de Paris, la langue, le vin…, etc.) ou économique (foires, etc.), rend plus compliquées les relations à l’échelle de l’Europe, surtout lorsque l’Angleterre conteste la succession au trône de Hugues Capet.
Malgré l’usurpation de Robert le Frison, subsiste auprès de la dynastie des Baudouin l’espoir d’un rétablissement de l’union entre Hainaut et Flandre. Sous Baudouin III (1098-1120), Baudouin IV le bâtisseur (1120-1171) et Baudouin V le courageux (1171-1195), les comtes de Hainaut renforcent l’organisation de leurs biens : les cités sont fortifiées (entre 1127 et 1158) ; une administration très centralisée est mise en place, contrôlant l’impôt et la justice sans laisser de place au partage du pouvoir ; les grandes familles sont muselées ; des chartes de franchises sont octroyées aux bourgeois, mais de manière parcimonieuse  Les mêmes comtes nouent des alliances matrimoniales pour garantir la pérennité voire l’extension de leur patrimoine. Enfin, dès 1184, en l’absence d’héritier, le comte de Namur vend ses terres en viager à Baudouin. La naissance d’une fille (1186) pousse Henri l’Aveugle à dénoncer l’accord et c’est par les armes que le comte de Hainaut s’empare du Namurois (1194) érigé en marquisat. Jusqu’à Philippe le Bon, le marquisat reste un fief lige des maisons du Hainaut (1194-1263) puis de Flandre (1263-1429).

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; DCM20 ; Er35c ; Er-Cover ; ErCoverNa-Lg ; WPH01-219


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