Pierre Culot, Le fruit du mur. 1998

Namur (Beez), rue du Moulin de Meuse n°4. Œuvre exérieure en accès libre

Chargé de l'aménagement des abords des Moulins, le sculpteur Pierre Culot y a intégré une oeuvre monumentale en pierre bleue de Soignies, appelée "Fruit du mur". Placée entre les deux bâtiments principaux, elle permet une transition visuelle harmonieuse entre la berge et les parois rocheuses, à l'arrière des Moulins. Regardée de la Meuse, la sculpture focalise les regards et distribue l'espace autour d'elle, selon un schéma géométrique inspiré par l'art des jardins français. Elle est le point d'intersection entre deux lignes imaginaires, l'une parallèle au fleuve, l'autre perpendiculaire.

"Fruit du mur" clôt un petit espace, coincé entre les deux bâtiments des Moulins, la Meuse et terminé, en hauteur, par une passerelle. L'aspect fermé de cette cour, conjugué à la présence de l'eau, n'est pas sans évoquer l'hortus conclusus (jardin clos), la forme de jardin en vigueur au Moyen Âge, et dont la référence renvoie à l'inspiration néomédiévale de l'ensemble. Jardin d'agrément, l'hortus conclusus se veut un endroit de bien-être, de repos, où l'esprit libre de tracas quotidien peut laisser la part belle à l'imaginaire, que stimule généreusement l'environnement serein et ordonné dont le noyau est l'ensemble sculptural de pierre.

La surface des blocs de pierre est griffée de dizaines de cicatrices plus claires, comme autant de traces de son extraction et du travail de l'artiste. Elle condense ainsi, sur sa surface lacérée, toute l'histoire des Moulins. Les joies, les peines, les souffrances de ceux qui y ont habité paraissent avoir été gravées par des mains inconnues qui, aujourd'hui, parviennent encore à émouvoir. Ces pierres monumentales constituent la "mémoire" des Moulins. Cette fonction métaphorique de l'oeuvre se renforce de la présence du fleuve, dont le courant symbolise l'inexorable écoulement du temps.

Focus sur les Moulins de Meuse à Beez

Erigés en 1900, les Moulins de Meuse, à Beez, près de Namur, constituent l'un des joyaux du patrimoine industriel de la Wallonie. Dès lors, leur réhabilitation, décidée en 1994, devait marier harmonieusement leur nouvelle affectation (le dépôt des archives administratives wallonnes, le Musée de Wallonie et le Musée de la Meuse) et le respect de cette architecture néomédiévale, caractéristique de la fin du 19e siècle. Après études approfondies, menées de concert avec la direction générale de l'Aménagement du territoire, du Logement et du Patrimoine de la Région wallonne, le cabinet namurois d'architecture L'Arbre d'Or, conseillé par l'architecte Maurice Culot, a opté pour la restauration de la façade extérieure et l'aménagement de la structure interne, afin de la rendre capable de recevoir les tonnes d'archives de la Région, tant d'origine privée que publique.

Les façades de briques rouges ont été nettoyées et traitées par hydrogommage afin de respecter l'apparence originelle de l'édifice. En outre, ce traitement met en exergue l'excellent travail des maçons de l'époque et souligne les motifs décoratifs dessinés par l'orientation des appareils. L'austérité monumentale de l'édifice est, en effet, ponctuellement compensée par des subtilités dans l'agencement des briques. Les ajouts ultérieurs qui défiguraient l'édifice ont été supprimés. Les anciens châssis de fenêtres ont été restaurés et ceux qui étaient détruits ou trop abîmés, refaits à l'identique. Leur conception participe en effet de l'esthétique néomédiévale qui prédomine dans cet ensemble architectural.

L'aménagement intérieur a été confié à la designer française, Andrée Putman. Celle-ci a choisi le thème de la farine comme fil conducteur de sa restauration. Des teintes d'une blancheur laiteuse évoquent l'ancienne activité industrielle que rappellent également les vitrines du musée de Wallonie et du musée de la Meuse, désormais installés dans les moulins.