Rudy Pijpers et Dominique Minguet, Le terril, 1993

Namur (Jambes), rue des Brigades d’Irlande n° 1. Hall (rez de chaussée) accessible aux heures de bureau

L'espace du hall d'entrée de l'immeuble Bovesse II, à Jambes est très aéré bien qu'il doive concéder un important sas d'entrée quadrangulaire. Dans son projet, l'artiste a tenu à respecter cette ouverture spatiale, sans pour autant opter pour une intervention discrète, quasi minimaliste. Son choix s'est ainsi porté sur deux « gestes » complémentaires.

Au mur, une œuvre sous verre représente un terril de charbon percé d'une ligne blanche. Le thème est fort adéquatement exprimé par une technique mixte, que domine le fusain, matière à dessiner extraite du charbon. De sombres traits campent cette forme triangulaire à la symbolique plurielle, tout en l'inscrivant dans un arrière-plan très ombrageux. Une sorte de « triangle noir sur fond noir ». La brutalité du tracé, presque instinctif, évoque le dur combat des hommes pour arracher l'or noir aux entrailles de la terre, mais sans excès de pathétisme et de surcharge signifiante. L'expression est extrêmement condensée et la vision se veut plus abstraite qu'anecdotique. Le thème renvoie en outre à l'affectation administrative du bâtiment : l'Aménagement du territoire.

Au sol, une mosaïque blanche incrustée dans un revêtement en pierre bleue découpe les courbes de relief du terril. A la représentation plus émotionnelle que propose l'oeuvre accrochée, au mur répond la visualisation rationnelle de la même réalité, incrusté dans le sol cette fois. Ces deux procédés de représentation correspondent à la position du spectateur. A hauteur de son regard, se présente la toile où le terril apparaît de profil, tel que les habitants des régions charbonnières pouvaient les voir jadis (Ils sont aujourd'hui rasés ou couverts de verdure). Au contraire, lorsque le spectateur qui entre dans le hall regarde au sol, il se place dans une position aérienne, telle que peut l'avoir un aviateur, par exemple. C'est la vision de la cartographie qui comprime en deux dimensions les reliefs. C'est donc fort adéquatement que l'artiste a choisi ici une représentation cartographique. L'oeuvre utilise ainsi deux modes de représentation de la réalité, en condensant les suggestions rationnelles et émotionnelles qui s'y rattachent