Répartition régionale et politique des députés (1939)

Le dernier scrutin législatif avant la guerre permet à l’électorat wallon de se réveiller et de réduire le groupe rexiste à deux députés issus des arrondissements wallons : les voix se sont reportées sur les partis catholique et libéral. Du côté flamand, les nationalistes, par contre, gagnent encore un siège par rapport à 1939 et restent une quinzaine à la Chambre. Après le scrutin d’avril 1939, les regards se tournent surtout vers la situation internationale. À partir de juillet 1940, les parlementaires n’auront plus guère l’occasion de se réunir avant le rétablissement de la paix, en septembre 1944. Quand ils se séparent, les réalités régionales connues depuis 1894 n’ont pas changé : en Flandre, les électeurs votent majoritairement à droite, en Wallonie, ils votent à gauche, tandis que Bruxelles se partagent entre de nombreuses listes.


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Répartition régionale et politique des députés (1936)

Les élections du 24 mai 1936 constituent un véritable phénomène en Wallonie puisqu’en un coup de crayon 15% de l’électorat wallon propulse 13 candidats de Rex à la Chambre des représentants. Certes, le nombre total de députés est passé de 187 à 202, mais c’est le poids flamand dans l’assemblée qui s’en trouve renforcé (96 députés flamands, contre 76 wallons et 30 bruxellois). Débordé sur sa droite par le parti de Léon Degrelle, le parti catholique réalise son plus mauvais résultat depuis 1894 (avec 15 sièges, soit 9 en moins). Les libéraux wallons sont stables, alors que le POB perd des élus sur sa gauche : -5 pour le POB, +4 pour le PCB. Dans un climat international où s’amoncellent les nuages, l’annonce par le gouvernement belge de l’adoption d’une politique dite de neutralité en matière étrangère ajoute une lutte supplémentaire dans le panier déjà bien chargé des revendications wallonnes. Antifascistes, anti-rexistes, opposés au nationalisme flamand (14 députés nationalistes flamands siègent à la Chambre) et à la politique dite de neutralité belge, trois parlementaires socialistes wallons (G. Truffaut, Fr. Van Belle et Ch. Martel) déposent une proposition de révision de la Constitution visant à instaurer le fédéralisme en Belgique (1938). Elle est rejetée par leurs collègues parlementaires.


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Répartition régionale et politique des députés (1932)

Les élections du 27 novembre 1932 voient un léger gain des catholiques, des socialistes et des communistes tandis que les libéraux et les nationalistes flamands subissent un recul comparable. Parmi les décisions de la Chambre, on trouve l’adoption en juin 1935 de la loi instaurant le principe de l’homogénéité linguistique régionale en matière judiciaire.


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Répartition régionale et politique des députés (1929)

Le résultat des élections législatives de mai 1929 est favorable aux libéraux (+5, dont 3 en Wallonie) et aux frontistes qui sont près de doubler leurs sièges (11 au lieu de 6). La majorité catholique-libérale va engager la Belgique dans une étape importante de son histoire : c’est d’abord la flamandisation intégrale de l’Université de Gand qui est adoptée, consacrant le principe selon lequel la langue de la région fait la langue véhiculaire. Ce principe va se retrouver dans la législation relative à l’enseignement primaire et secondaire, et à l’administration (1932). Par l’adoption des lois de 1932, c’est le principe de l’homogénéité linguistique de territoires régionaux qui est consacré, le bilinguisme étant maintenu à Bruxelles et dans les communes situées le long de la frontière linguistique. On est entré dans l’ère du régionalisme linguistique, soutenu par les représentants de tous les partis. L’adoption en juin 1935 et en mai 1938 de lois instaurant le même principe en matière judiciaire et à l’armée complète le dispositif.


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Répartition régionale et politique des députés (1925)

Après trois années de gouvernement tripartite, placées sous le signe de l’union nationale pour tenter de reconstruire un pays dévasté par la guerre, les tensions politiques ont rapidement repris le dessus ; lors des élections du 20 novembre 1921, les catholiques sont sortis grands vainqueurs et se sont associés aux libéraux sous la présidence d’un extra-parlementaire Georges Theunis, qui parvient à conduire son équipe jusqu’au terme normal de son mandat. Mais face à ce gouvernement, les forces de gauche se sont mobilisées.
Lors du scrutin d’avril 1925, la Chambre des représentants enregistre une forte poussée à gauche : non seulement le POB remporte une victoire importante, mais un nouveau parti envoie ses premiers députés. Avec 78 députés, le POB gagne dix mandats (dont la moitié en Wallonie) et compte alors autant d’élus que le Parti catholique (-2) ! Avec la perte de dix sièges, les libéraux sont les grands perdants du scrutin. Les différences régionales se maintiennent. Dissident du parti socialiste, le Parti communiste de Belgique qui vient de se constituer obtient un élu dans l’arrondissement de Bruxelles (Joseph Jacquemotte) et un autre à Liège (War Van Overstraeten). En Flandre, par contre, le Front Partij gagne 2 nouveaux sièges (6) aux côtés des trois partis dits traditionnels.
Après cinq tentatives manquées et 73 jours de crise, un gouvernement catholique-socialiste se met en place ; mais la législature est agitée en raison d’abord de la crise financière ; sans élection, une tripartite se met en place, avant que ne lui succède une coalition catholique-libérale ; le Parlement est alors tout occupé à débattre de projets de loi sur l’emploi des langues à l’armée. Face aux tensions communautaires, 15 députés wallons et 13 députés flamands du POB élaborent et signent un document connu sous le nom de Compromis des Belges (16 mars 1929), qui reconnaît le principe de territorialité linguistique et se prononce en faveur de l’autonomie culturelle.


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Répartition régionale et politique des députés (1919)

La Grande Guerre a convaincu les plus récalcitrants de l’urgence d’introduire le suffrage universel pur et simple en Belgique. Dans son discours du trône, le roi Albert en a fait la promesse dès l’automne 1918 et bien que le changement institutionnel ne soit pas encore intervenu, le scrutin de novembre 1919 est le premier à accorder une voix – et une seule – à tous les hommes âgés de 21 ans. Même si de nombreuses veuves de guerre en obtiennent également le droit. Les femmes devront attendre 1948 avant d’en bénéficier.
Dans la nouvelle Chambre élue au suffrage universel, les forces catholiques ne disposent plus de la majorité absolue (101 députés sur 186 en 1912, 73 sur 186 en 1919). Quant aux réalités régionales, elles n’ont pas changé : la Flandre vote toujours majoritairement à droite (49 catholiques et nationalistes, contre 24 POB et 15 libéraux), la Wallonie à gauche (38 POB, 13 libéraux et 21 catholiques), tandis que les rap¬ports de force demeurent dispersés dans l’arrondissement de Bruxelles (7 catholiques, 6 libéraux, 8 socialistes, 4 divers). Soutenant un gouvernement tripartite, ce sont ces parlementaires qui réunissent la majorité des deux tiers nécessaires à l’introduction du suffrage universel pur et simple dans l’article 47 de la Constitution. C’est aussi sous cette législature qu’est votée la loi du 31 juillet 1921 régissant l’emploi des langues en matière administrative.


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Répartition régionale et politique des députés (1912)

Majoritaire depuis 1884, le Parti catholique est fortement influencé par ses représentants à l’écoute des revendications flamandes. Dès lors, la mino¬risation politique de la Wallonie devient de plus en plus évidente et se manifeste paradoxalement davantage depuis que le système élec¬toral a été modifié. En effet, la revendication du suffrage universel, défen¬due par les socialistes et les libéraux progressistes, et qui s’est concrétisée en partie par l’introduction en 1892 du suffrage universel tempéré par le vote plural, a eu comme conséquence d’augmenter le poids catholique au Parle-ment. Or, comme la Fédération des Cercles catholiques compte ses électeurs surtout au nord du pays, les revendications flamandes trouvent de plus en plus d’échos au Parlement.
Les difficultés internes que connaît le Parti catholique en 1911 font naître de grands espoirs de changements dans les rangs de ses adversaires. Aux élections du 2 juin 1912, sous un régime de suffrage universel plural à la proportionnelle, et où le nombre de sièges de députés a augmenté par rapport à 1910, passant de 166 à 186, le succès catholique et flamand constitue une surprise. Au niveau national, la Fédération des Cercles catholiques progresse de 86 à 101 sièges (dont 28 en Wallonie) ; les libéraux maintiennent le statu quo (45, dont 17 en Wallonie) ; les socialistes passent de 34 à 39 (dont 27 en Wallonie) et le parti de l’abbé alostois Adolphe Daens  compte un élu. Après une campagne électorale très tendue, parfois violente, la défaite des libéraux et des socialistes est d’autant plus cuisante qu’ils ont largement pratiqué la formule des listes de cartel et qu’ils disposent d’une large majorité en Wallonie (44 sièges sur 72).

Références
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Répartition régionale et politique des députés (1900)

Attribuant au système majoritaire leur disparition du paysage politique belge, les libéraux se mobilisent en faveur de l’introduction d’un scrutin à la proportionnelle. Ce principe est d’application lors du scrutin du 27 mai 1900. Le parti libéral retrouve des couleurs et surtout des élus, en Flandre et à Bruxelles, comme en Wallonie. À son tour, le POB bénéficie de la forte déroute du parti catholique surtout manifeste dans les arrondissements flamands. Néanmoins, les catholiques conservent une solide majorité à la Chambre (88 élus sur 152).

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Répartition régionale et politique des députés (1894)

Depuis plusieurs années, la revendication du suffrage universel est portée par les forces progressistes, surtout en pays wallon. Les élections législatives du 14 octobre 1894 sont les premières organisées selon le système du suffrage universel, masculin, tempéré par le vote plural. En d’autres termes, tous les hommes âgés de 25 ans, mais seulement les hommes, ont le droit de voter pour leurs députés ; un maximum de trois voix est accordé aux pères de famille de 35 ans, occupant une habitation qui représente un certain niveau d'impôt personnel ou aux propriétaires d'un immeuble d'une valeur définie, ou aux capacitaires qui disposent d'un diplôme d'enseignement supérieur ou de fin d'humanité. La réforme du régime électoral est inscrite dans la Constitution dont la révision a été réalisée sous la pression véritablement insurrectionnelle de la classe ouvrière.
À la Chambre, en 1894, les arrondissements de Flandre envoie 72 députés, dont 71 catholiques et un daensiste. Du côté wallon, le tout jeune Parti ouvrier belge (créé en 1885) dispose de ses 28 tout premiers députés, tous élus dans les arrondissements du sud du pays. Divisés depuis de longues années entre doctrinaires et progressistes, les libéraux sont, quant à eux, les grands perdants de ces élections : la représentation libérale passe de 60 sièges sur 152 aux élections du 14 juin 1892, à 20 sièges sur 152 en 1894 et à 13 sièges en 1896 et en 1898. En 1894, tous les députés libéraux proviennent du pays wallon.

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Répartition régionale et politique des députés (1892)

Dès la naissance du Royaume-Uni des Pays-Bas, puis du royaume de Belgique, la représentation des États au Parlement a été supprimée. Dès 1831, les députés et sénateurs qui sont élus dans des arrondissements représentent l’ensemble de la nation en train de naître et non leur région d’origine. Très réduit, le nombre des électeurs est alors défini par le montant d’imposition versé annuellement à l’État : ce système censitaire accompagne les soixante premières années de la Belgique. Ayant dirigé ensemble le jeune royaume de 1831 à 1846, parti catholique et parti libéral prennent ensuite seuls les commandes de gouvernements homogènes, hormis lors de la coalition de 1855-1857. En raison de l’application du principe du vote majoritaire et en présence de deux formations politiques, des majorités se dégagent avec une certaine facilité. Une relative alternance caractérise la période 1846-1894, même si le Parti libéral ne dispose plus de ministère depuis 1884. La question de la place de la religion dans l’État constitue la principale ligne de clivage. Les revendications linguistiques et régionalistes n’en sont qu’à leur balbutiement, et il n’existe pas d’entité flamande, wallonne ou bruxelloise. On observe néanmoins, en 1892, dernier scrutin selon le système censitaire, des majorités politiques clairement différentes selon que les arrondissements sont flamands, wallons ou de Bruxelles.

Références
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