Baillet-Latour Henri
Sport, Olympisme
Bruxelles 01/03/1876, Ixelles/Latour 06/01/1942
Dans le sud de la province de Luxembourg, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les membres de la famille de Baillet-Latour sont les seigneurs du village de Latour. Descendant de cette famille aristocratique, Henri de Baillet-Latour a la chance de pouvoir pratiquer une série d’activités sportives, dans lesquelles il se distingue, notamment en athlétisme et en équitation. En 1903, il est chargé par le roi Léopold II d’organiser le sport en Belgique et d’inscrire son pays dans un mouvement international en plein développement depuis l’organisation des premiers Jeux olympiques modernes, en Grèce, en 1894, à l’initiative de Pierre de Coubertin. Préparé par ses études à la diplomatie, marié à une comtesse allemande, Henri de Baillet-Latour entre au Comité international olympique en 1903, organise un Congrès olympique à Bruxelles en 1905 et contribue à la naissance du Comité olympique belge. Ainsi, les athlètes belges reçoivent-ils un soutien lors de leur participation aux Jeux olympiques de 1908 et 1912.
Lors de la Grande Guerre, l’organisation des Jeux est interrompue ; après l’Armistice, l’idée est relancée et le défi d’organiser une olympiade en 1920, soit dans un délai très court, est relevé par Baillet-Latour : dans une atmosphère de reconstruction de l’Europe, Anvers est le théâtre de la VIe olympiade et c’est un succès. Ce sens de l’organisation vaut à Baillet-Latour d’être retenu pour succéder à Pierre de Coubertin à la présidence du Comité international olympique (1925-1942). Si le sport est en plein essor pour nombre d’individus, il n’échappe à personne que les victoires sont des vecteurs d’affirmation nationale, voire nationaliste. Garant de l’esprit olympique, Baillet-Latour aura fort à faire pour le préserver lors de l’organisation des jeux d’hiver à Garmisch-Partenkirchen et des jeux d’été à Berlin par l'Allemagne nazie (1936). À la tête du CIO et présent sur de nombreuses photos aux côtés des dignitaires nazis, Baillet-Latour offre le flan aux critiques. Son attitude et certains de ses propos sont mis en évidence pour souligner son admiration pour la culture germanique, son anticommunisme voire une forme d’antisémitisme. Dans le même temps, il convient de constater que les athlètes juifs ou de couleur ont pu concourir à Berlin.
En 1940, il doit se résoudre à supprimer les Jeux de Helsingfors et n’assistera pas à la renaissance de la flamme olympique, étant emporté par la mort en janvier 1942, à Ixelles. Immédiatement les autorités allemandes s’employèrent à faire un événement de ses funérailles : au drapeau olympique aux cinq anneaux qui recouvre le cercueil, les Hitler, von Ribbentrop, von Halt et autres von Falkenhausen font ajouter chacun une couronne de fleurs plus impressionnante les unes que les autres. Loin de cette mise en scène et beaucoup plus discrètement, la famille placera le corps dans le petit village de Latour.
En 2008, une chaire olympique Baillet-Latour est inaugurée par Jacques Rogge, parrainée par l’Université catholique de Louvain et l’Université de Gand et soutenue par le fonds Inbev-Baillet-Latour. Créé en 1974 par Alfred de Baillet-Latour (neveu de Henri), ce même fonds contribue à aider financièrement de nombreuses initiatives culturelles, de rénovation du patrimoine ou de recherches médicales.
Sources
Bulletin officiel du Comité international olympique, avril 1942, 17e année, n°50, p. 1-2
Site officiel du Comité olympique international
JO. La sombre histoire du CIO : fascisme, nazisme et antisémitisme, Le Point, 6 août 2012
Francis DIERCKXSENS, Familie de Baillet-Latour. Van Bourgondië tot Brasschaat, Brasschaat, 2005
http://www.inbevbailletlatour.com/media/misc_media/Biographies%20de%20la%20famille%20de%20Baillet%20Latour.pdf
© Institut Destrée, Paul Delforge