Bastin Christophe

Politique, Député wallon

Dinant 29/12/1968

Député wallon : 2019-2024

Il y a mille façons de faire de la politique. En 1990, alors qu’il est responsable d’un mouvement de jeunesse, Christophe Bastin est amené à batailler pour organiser une manifestation dans la salle communale des fêtes. Devant la détermination de son jeune interlocuteur, le bourgmestre Guillaume de Giey (1935-2020) donne finalement non seulement son accord pour l’événement, mais lui propose de le rejoindre sur sa liste (Intérêts communaux, 7 sièges) dans la perspective des élections communales d’octobre 1994. Et le coup d’essai s’avère un coup de maître, le nouveau candidat réunissant davantage de voix que le bourgmestre en poste depuis 1990. à l’époque, les voix de préférence ne conditionnent pas l’attribution des mandats ; c’est comme un échevin très populaire que Christophe Bastin fait son entrée au Collège échevinal d’Onhaye, auprès de Guillaume de Giey, fonction qu’il renouvelle en 2000 (toujours avec le meilleur score personnel) quand Gérard Cox se présente comme candidat mayeur. Exerçant des activités dans le secteur bancaire, Christophe Bastin est un échevin en charge de l’Enseignement, de la Jeunesse, des Sports, et du Développement durable.

Avec le récent Code de la Démocratie locale (décret wallon du 8 décembre 2005), le scrutin communal d’octobre 2006 accorde désormais toute son importance aux voix de préférence et encadre un maximum de situations particulières. Ainsi en est-il à Onhaye, où les candidats des listes Action, Entité et UCC ont tiré les conclusions du scrutin de l’an 2000 : la liste ICO emmenée par Gérard Cox avait alors convaincu 60,35% des électeurs et conquis neuf des onze sièges du Conseil communal ; par conséquent, en octobre 2006, tous les états-majors politiques locaux s’accordent pour se réunir sur une seule liste. Les Walhérois doivent néanmoins obligatoirement se déplacer, car ils ont la responsabilité d’établir l’ordre de leur préférence entre les 13 candidats en présence. Et ils se passionnent pour cette élection, car 96,1% des inscrits votent et décident d’attribuer 937 voix de préférence à la tête de liste, Gérard Cox (MR), et 954 à celui qui poussait la liste, Christophe Bastin. Conformément au Code wallon, il devient le nouveau bourgmestre d’Onhaye, Gérard Cox choisissant de prendre la présidence du CPAS. 

Durant cette législature 2006-2012, le bourgmestre Christophe Bastin réalise notamment un projet pilote de la Région wallonne, un projet de transcommunalité au sein d’un même programme communal de développement rural, en s’entendant avec Hastière pour transformer une ferme située à Miavoye en un impressionnant complexe multifonctionnel – associatif et sportif (lancé en 2008, inauguré en 2013, dont il est administrateur). Inscrivant aussi sa commune sur le parcours du Ravel de la Molignée (2009), cherchant des solutions pour la sécurisation du Domaine du maïeur François, attentif au projet de l’incinérateur de Givet, le bourgmestre d’Onhaye qui accueille dans sa commune toute l’équipe de tournage du film Rien à déclarer de Dany Boon (juin 2010) défend surtout l’idée d’une nouvelle zone de secours unique pour l’ensemble de la province de Namur, même s’il devra finalement accepter la décision de créer trois zones distinctes (2011).

En choisissant le chemin de la politique active, le nouveau bourgmestre s’inscrit dans une certaine tradition familiale puisque l’un de ses arrière-grand-pères fut déjà bourgmestre d’Onhaye, un grand-père conseiller communal et un oncle à la fois bourgmestre et conseiller provincial. Trouvant des accommodements avec son employeur pour ne plus travailler qu’à mi-temps, le nouveau maïeur est encore à cette époque « sans étiquette », même si les sollicitations ne manquent pas, tant du côté du MR que du cdH. Administrateur de La Terrienne du Crédit social (2007-2012) et du Bureau économique de la Province de Namur (BEP, 2007-2013), il nourrit de nouvelles ambitions quand il se présente au scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010 dans le Namurois sur la liste du cdH. Premier suppléant (6.700 vp) sur la liste emmenée par Maxime Prévot, il contribue à maintenir ce parti presqu’à son niveau de 2007. Dans la mesure où M. Prévot préfère continuer à siéger au Parlement wallon, Christophe Bastin prête serment à la Chambre fédérale début juillet 2010 et connaît un début de vie parlementaire assez singulier, puisque 541 jours sont nécessaires pour parvenir à trouver un accord et une majorité au gouvernement du Premier ministre Elio Di Rupo. Membre de cette majorité composée des trois grandes familles traditionnelles, le néo-député fédéral est membre de la Commission de l’Infrastructure, s’intéressant particulièrement au dossier de mobilité, surtout de la SNCB. Il est aussi le vice-président de la 2e Commission spéciale sur la sécurité du rail (Commission Buizingen bis) qui remet ses conclusions en février 2011. Durant la courte législature 2011-2014, ce défenseur des zones rurales est aussi amené à adopter, parmi beaucoup d’autres textes législatifs, l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État, dont la scission de BHV, la transformation profonde du Sénat en une assemblée des entités fédérées, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions, la nouvelle loi de financement des communautés et des régions, ainsi que le transfert d’importantes compétences, notamment en sécurité sociale, vers les entités fédérées.

Lors du triple scrutin du 25 mai 2014, Christophe Bastin opte pour le Parlement de Wallonie. Ayant la lourde responsabilité de faire oublier un Michel Lebrun qui avait toujours été élu dans la circonscription de Dinant-Philippeville depuis la première élection directe du Parlement wallon le 21 mai 1995, Christophe Bastin fait mieux (7.546 vp) que son prédécesseur (6.914), mais le cdH de 2014 réalise son moins bon score (16,6%) depuis 1995 et les 29,5% du PSC de l’époque. Habitué à disposer d’un siège dans le sud du Namurois, le cdH de Dinant-Philippeville est cependant victime du système de l’apparentement, le pot commun bénéficiant au cdH du nord Namurois qui obtient un second siège « inattendu », en raison du résultat exceptionnel de Maxime Prévot : le cdH de Namur réalise son meilleur résultat depuis 1995, avec 21,15%. Ces circonstances particulières incitent la présidence du cdH à choisir Christophe Bastin comme sénateur coopté (juillet 2014). Durant la législature 2014-2019, il a ainsi l’occasion de découvrir le Sénat nouvelle mouture et d’y créer ses nouvelles habitudes de fonctionnement.

Dans le même temps, il continue d’exercer sa fonction de bourgmestre à Onhaye, puisqu’en octobre 2012, pour la seconde fois, une seule liste est proposée aux électeurs ; cette fois, il en est tête de liste et il réunit 1.038 vp, contre 814 à Gérard Cox qui poussait la liste. Plus de 10% des électeurs ont décidé de ne pas se déplacer, mais un électeur sur deux a retenu le nom de Christophe Bastin (taux de pénétration de 49,57%, 9e score en Wallonie). Six ans plus tard, en octobre 2018, une liste alternative (ECi, énergies citoyennes) se forme pour rivaliser avec les Intérêts communaux d’Onhaye (ICO). ECi est composée de 13 nouveaux candidats et d’aucun « dissident ». Avec 915 vp, Ch. Bastin conserve une large majorité de 10 sièges (sur 13) au Conseil communal (73,6%), Gérard Cox qui pousse la liste réalisant le 2e score (651 vp). Administrateur de l’Association Intercommunale des Eaux de la Molignée (AIEM, 2013-), il préside la zone de police Haute Meuse (2010-) et la zone de secours Dinaphi (2018-2022). Il préside aussi le club de football du CS Onhaye (2015-2020).

Lors du triple scrutin du 26 mai 2019, c’est avec un esprit de reconquête que Christophe Bastin se présente à nouveau comme tête de liste cdH dans la circonscription de Dinant-Philippeville. Paradoxalement, il réalise un résultat nettement moins bon (5.863 vp) qu’en 2014, mais cette fois il est élu au Parlement de Wallonie. Autre paradoxe, il bénéficie d’un excellent taux de pénétration qui lui permet de conserver sa fonction exécutive communale, en vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons. Néanmoins, avec 14,9%, le cdH est à son plus bas historique dans le sud-Namurois, comme il l’est d’ailleurs à Bruxelles et en Wallonie, Namur excepté. Ces résultats décevants poussent le nouveau président du cdH, Maxime Prévot, à prendre la décision radicale de ne participer à aucune majorité et de réfléchir au renouveau de sa formation politique.

Se conformant à cette décision, Christophe Bastin découvre le Parlement de Wallonie depuis les bancs de l’opposition, au sein d’un groupe composé de dix élus, dirigé par François Desquesnes (onze à partir de 2023 et de l’arrivée de Jean-Luc Crucke). Ensemble, ils organisent leurs travaux et leurs interventions de manière dynamique et collective, pour exister en tant que principale force d’opposition aux côtés des 10 députés du PTB. Actifs dans chaque Commission, les députés wallons cdH sont régulièrement six ou sept à signer des propositions de décret dans toutes les matières régionales : démocratie locale et transparence de l’autorité publique, mobilité douce, circuit court, mesures urgentes et pratiques durant la pandémie de la Covid-19, mesures d’aide aux sinistrés des inondations, lutte contre le gaspillage et les déchets, révision de la constructibilité en zones inondables, 5G, véhicules électriques, mesures contre l’intoxication au monoxyde de carbone, soutien au coworking, contrôle des comptes du Parlement wallon par la Cour des comptes, mesures pour contrôler les lobbys actifs auprès des autorités wallonnes, etc. Le député wallon interpelle aussi le gouvernement sur le peu de place laissée à la ruralité dans le Plan wallon de Relance. Porteur de plusieurs propositions de résolution en matières internationales, Christophe Bastin veille aussi à ce que soient respectés à la fois des critères environnementaux, sociaux et sanitaires, ainsi que la démocratie, les libertés et les droits humains. Il réclame notamment des mesures pour poursuivre les crimes de génocide et les atteintes au patrimoine mémoriel.

Membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales (2019-2024), membre de la Commission Mémoire & Démocratie (2019-2024), membre du comité mixte Assemblée nationale du Québec-Parlement de Wallonie (2019-2024), membre de la sous-Commission de Contrôle des licences d’armes (02/2023-2024), Christophe Bastin devient vice-président de la Commission de la Comptabilité créée à l’automne 2022 pour renforcer le contrôle des budgets et comptes du Parlement de Wallonie (12/2022-2024).

Participant à un lent et long processus de rénovation et refonte de l’ancien PSC-cdH, Christophe Bastin contribue à l’émergence du mouvement Les Engagés (congrès de mars et mai 2022). Lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, il est tête de liste Les Engagés, dans sa circonscription, et candidat à la reconduction de son mandat de bourgmestre à Onhaye, en octobre 2024. Avec 7.664 vp, il réalise le 2e score tous partis confondus ; profitant du recul du PS (19,5%) et surtout d’une progression de 11,2% des Engagés de 2024 par rapport au cdH de 2019, il fait de son parti la deuxième force politique de la circonscription (26,1%), derrière le MR de Richard Fournaux (33%).

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Onhaye (1994-)
Échevin (1994-2006)
Bourgmestre (2006-)
Député fédéral (07/2010-2014)
Sénateur coopté (2014-2019)
Député wallon (2019-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 14 octobre 2000, 6 novembre 2006, 12 février 2011, 27 février 2021 ; MaTélé 18 juin 2020
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures 
Cumuleo (-2023)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)