Baurain Pascal

Politique, Député wallon

Mons 12/09/1969

Député wallon : *2016-2018*

L’élection de Pascal Baurain au Parlement de Wallonie résulte d’une série de circonstances particulières générées par l’application du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons. Pour sa première participation à une élection autre que communale, Pascal Baurain figure comme 2e suppléant sur la liste du cdH, dans la circonscription de Mons, au scrutin régional wallon du 25 mai 2014. Avec 1.008 voix de préférence, il signe le 6e score de sa liste et se retrouve en attente au 3e rang des suppléants. Avec un seul élu (Carlo di Antonio) rien ne laisse présager que lui serait proposé un mandat de député wallon. Car le scénario est un peu compliqué. En avril 2016, la MR Jacqueline Galant quitte le fédéral et reprend son siège au Parlement wallon, repoussant Georges-Louis Bouchez vers son échevinat à Mons. Mais la décision d’Elio Di Rupo de se passer des libéraux et de faire appel au cdH crée un appel d’air chez les humanistes montois. Suppléante de Carlo di Antonio siégeant à Namur depuis juillet 2014, Savine Moucheron abandonne la capitale wallonne pour devenir échevine à Mons. Et comme Cindy Beriot (2e suppléante) renonce à la remplacer, c’est à Pascal Baurain que le mandat est proposé : il prête serment le 25 mai 2016, sans avoir à démissionner d’autres mandats. En l’occurrence, depuis 2012, il siège comme conseiller communal à Saint-Ghislain, localité dominée par le Parti socialiste.

À Saint-Ghislain, le PS détient en effet la majorité absolue depuis des générations ; sans remonter à la Charte de Quaregnon, Robert Leclercq (1976-1977), Victor Cornez (1977-1994), Freddy Deghilage (1995-2006) et Daniel Olivier (2006-2024) se sont succédé depuis la fusion des communes, sans partage du pouvoir. Au XXIe siècle, avec plus de 50% des suffrages et sans grande variation, les socialistes semblent indéboulonnables, avec leurs 17 conseillers communaux (sur 27). Jusqu’en 2012, l’opposition s’est toujours présentée en ordre dispersé, affaiblissant ses chances, comme en 2006 où le cdH frôle les 19% et se contente de 5 sièges. Placé en milieu de liste, Pascal Baurain participe alors à son premier scrutin (143 vp). Conseiller du CPAS (2007-2011), il en appelle à l’union de toutes les forces démocratiques d’opposition pour repousser le PS de Daniel Olivier dans l’opposition. 

Son appel est suivi d’effet. Tête de liste du cdH-MR-Écolo-ACI (40,2%, 11 sièges), Pascal Baurain signe le 4e résultat personnel (1.085 vp), tous partis confondus. Le PS perd alors un demi pourcent et un siège, mais conserve sa majorité absolue (16 sièges sur 27). Au cours de la législature communale 2012-2018, le cartel souffre de quelques tensions internes, certains éléments s’en détachant, d’autres arrivant ou revenant... Alors que DéFI rejoint le cartel, celui-ci se présente sous la dénomination Osons ! aux communales d’octobre 2018. Pascal Baurain se présente comme candidat à la succession du bourgmestre. Avec un recul près de 6% et la perte de 2 sièges, le PS de Daniel Olivier parvient à conserver sa majorité absolue au conseil communal. Avec plus de 37%, la liste emmenée par Pascal Baurain décroche 11 sièges, et son leader réalise davantage de voix de préférence que le maïeur (1.809 vp contre 1.618 vp). Avec 10% et 2 sièges, le MR&Citoyens n’est pas en mesure d’aider à renverser la majorité socialiste et Pascal Baurain doit se résoudre au rôle de leader de l’opposition communale.

Avocat inscrit au barreau de Mons depuis 1998, spécialisé dans le droit de la jeunesse, des assurances, des baux civils et commerciaux, Pascal Baurain allie ses compétences professionnelles et son engagement au CPAS. Dès 2007, il attire l’attention sur divers manquements dans la gestion du CPAS de sa localité, contribuant au renvoi en Justice du bourgmestre (finalement acquitté en 2015) et du président du CPAS ; il est aussi le conseil de dizaines de locataires du Logis Saint-Ghislainois pour lesquels il obtient une solution à l’amiable. Spécialisé dans les questions relatives au logement social, en lutte contre les « surloyers », il est l’avocat-conseil de l’Association wallonne des comités consultatifs des locataires et propriétaires.

Dès lors, lorsqu’il devient député wallon, en 2016, Pascal Baurain est naturellement membre de la Commission Pouvoirs locaux-Logement-Infrastructures sportives ; il est aussi membre de la Commission pour l’égalité des chances hommes-femmes (2016-2018). Plongé immédiatement dans le dossier CETA, il soutient la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada, et il adopte le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Défenseur de dossiers relatifs à Mons-Borinage, le député wallon trouve des interlocuteurs attentifs auprès des ministres Prévot et di Antonio (rénovation de murs anti-bruit, projet de nouvelle sortie d’autoroute à hauteur de Quaregnon, etc.). Par ailleurs, en février 2017, il est nommé président de l’éphémère Commission spéciale chargée de faire la lumière sur Publifin/Nethys ; cette commission montre très vite ses limites et laisse la place à une Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin (ex-Tecteo). Du 16 février au 3 juillet 2017, il fait non seulement partie de la Commission mais, en tant que représentant du cdH, il en est aussi l’un des trois rapporteurs. Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen ont entendu, au moins une fois, 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet).

Entretemps, Benoit Lutgen, le président de son parti, a lancé un appel à débrancher la prise avec les socialistes, se disant irrité par la succession des « affaires » impliquant le PS (appel du 19 juin 2017). Pascal Baurain fait partie des 38 députés qui adoptent, le 28 juillet, la motion de défiance constructive déposée par les députés MR et cdH et instituant le gouvernement wallon de Willy Borsus ; c’est une première dans l’histoire politique wallonne.

Membre de la Commission Environnement-Aménagement du territoire-Transports (2016-juillet 2017), où est notamment abordée la question de l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement préalable, il participe à ses débats, procède aux consultations écrites et aux auditions (dont le représentant de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et celui du Consistoire central israélite de Belgique (CCIB), à leur demande insistante). Les échanges sont vifs, mais les députés wallons sont décidés. Sous la signature conjointe de Christine Defraigne, Josy Arens, Edmund Stoffels et Véronique Waroux, une nouvelle proposition de décret est déposée en avril 2017, offrant une alternative aux cultes concernés, ainsi qu’une période transitoire. Tout abattage animal sera interdit sans étourdissement préalable, y compris dans les abattoirs. Après un vote unanime de la Commission (mai), le décret est soumis à la discussion générale de l’assemblée plénière (17 mai 2017), avant d’être approuvé à la quasi-unanimité (66 sur 69) des députés présents. Pascal Beaurain aura encore l’occasion de voter in extremis le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur faisant ainsi de la Wallonie une région pionnière. 

Après le scrutin d’octobre 2018, Savine Moucheron n’est plus échevine à Mons. En conséquence, elle retrouve son siège de députée à Namur et Pascal Baurain reprend le chemin de Saint-Ghislain, en attendant le scrutin régional wallon du 26 mai 2019. Premier suppléant (1.504 vp) sur la liste cdH conduite par Carlo di Antonio, il table sur une reconduction du ministre sortant pour pouvoir siéger à nouveau à Namur. Dans la circonscription de Mons, les électeurs en décident autrement, privant le cdH de tout élu. Héritier d’un PSC, 2e force politique avec 2 élus et plus de 23% en 1995, le cdH plonge à moins de 9% et se retrouve 5e formation politique.

Dans l’opposition, le parti de Maxime Prévot entreprend un long processus de rénovation et de refonte qui aboutit à l’émergence du mouvement Les Engagés (congrès de mars et mai 2022). Ayant repris son métier d’avocat à temps plein, Pascal Baurain participe à ce processus ; membre du comité d’arrondissement cdH puis Engagés pour Mons-Borinage, membre du Conseil de la zone de police boraine, membre extérieur invité au Conseil d’administration de l’Université de Mons-Hainaut, il est choisi par son parti comme tête de liste au scrutin wallon du 9 juin 2024 et aux communales d’octobre.

 

Mandats politiques

Conseiller au CPAS de Saint-Ghislain (2007-2011)
Conseiller communal de la Ville de Saint-Ghislain (2012-)
Député wallon (06/2016-12/2018)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024)
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2016 à 2018, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://www.pascalbaurain.be/mon-actu ; http://www.pfwb.be/les-deputes/pascal-baurain (s.v. décembre 2017) 

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)