no picture

Bia Lucien

Militaires

Liège 02/12/1852, Tenke 30/08/1892

Le nom de Lucien Bia est associé à l’histoire coloniale de la Belgique. Chef de l’expédition dite Bia-Francqui, il contribue à la découverte de l’immensité des richesses concentrées au Katanga et à la soumission de cette province au domaine de l’État indépendant, puis au Congo, jusqu’au bassin du Zambèze.

Natif de Liège, il n’a pas encore 18 ans quand éclate la guerre franco-prussienne de 1870. Dès la déclaration de guerre, il décide de s’engager au sein de l’armée belge, où il va accomplir toute sa carrière. Embrigadé dans la Cavalerie, il est en garnison à Liège, à Tournai, puis à Bruxelles. Lieutenant au 2e régiment des Guides, il s’engage pour l’Afrique le 15 mars 1887, destination Boma, avec la brigade topographique du Bas-Congo. La mission confiée à Lucien Bia consiste à marquer clairement la frontière Nord du Congo. Adjoint auprès de Van Kerchoven à Bangala, le militaire combat des bandes de trafiquants que l’on désigne habituellement comme arabes, commande les postes d’Issala, d’Upoto, puis de Yambinga et contribue à la mise sous tutelle belge de la région, notamment le commandant Pierre Ponthier. Agent politique auprès de Tippo-Tip (1889), Bia rentre en Europe (mars 1890), après cette première expédition réussie.

À Bruxelles, il attire l’attention du roi Léopold II sur les richesses que paraît renfermer la région du Katanga. Rapidement, à l’initiative de la « Compagnie du Katanga », société créée par la Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie, trois expéditions sont organisées, dont l’une est placée sous le commandement de Bia : cette fois, il doit s’employer au marquage de la frontière Sud. Surtout, son objectif est d’arriver avant les expéditions anglaises. Responsable de l’opération qui part de Lussambo le 10 novembre 1891, avec près de 600 « porteurs » africains, Lucien Bia est entouré d’Émile Francqui, son second, du professeur Jules Cornet, du docteur Eugène Derscheid et du médecin gantois Jules Amerlinck. L’expédition longe la rivière Sankuru, traverse le Lomami, le Kilubilui, le Lofoi et atteint le Lualaba, au lac Kabele qui est alors découvert. De Kalenga, l’expédition traverse la chaîne de la Mamika et fonce sur le Katanga, faisant son entrée à Bunkeia, le 30 janvier 1892. Les conditions de vie – privations, maladies, affrontements avec les tribus locales – déciment les rangs de l’expédition. En avril, afin de précéder une expédition rivale potentielle, Bia et Francqui entreprennent un raid vers le lac Moero, traversent la chaîne des Kundelungu à travers de vastes étendues de marais, et arrivent à Mogamba. Début juillet, le duo Bia-Francqui arrive au lac Bangwelo, avant de filer vers Chitambo (village où Livingstone trouva la mort). Fixant ainsi les frontières méridionales de l’État indépendant du Congo, l’avant-garde de l’expédition soumet les chefs locaux et arrive à Tenke le 4 août.

Malade depuis plusieurs semaines, exténué, Lucien Bia décède à hauteur de Tenke à la fin août 1892, alors qu’il s’apprêtait à repartir pour reconnaître la frontière orientale, le long du Luapula. L’officier wallon est enterré sur place (sur la colline Ditakata) et « sa tombe marque le point extrême atteint en Afrique par une expédition belge », écrira son second, Émile Francqui, appelé quant à lui à devenir Ministre d’État. À l’initiative de Jules Cornet, le nom de l’explorateur a été attribué à des monts ; Bia a aussi donné son nom à une chute d’eau, propriété de l’Union minière du Haut Katanga dans les années 1930. Son nom a aussi été attribué à la bialite, un minéral du Katanga (1949).

Sources

Musée de Tervueren, Archives Cornet
Henri BUTTGENBACH, dans Biographie coloniale belge, Bruxelles, 1951, t. II, col. 58-62