Blanchart Philippe
Politique, Député wallon
Lobbes 13/02/1963, Lodelinsart 26/12/2019
Député wallon : 2019*
Depuis la fusion des communes, la ville de Thuin a régulièrement changé de maïeur : au PSC Pierre Trogh (1976-1982) succède le socialiste Julien Brochard (1983-1988) qui a déjà été bourgmestre avant la fusion (1970-1976) ; en 1988, un cartel PSC-PRL permet à Daniel Ducarme de ravir la majorité aux socialistes et, six ans plus tard, la même majorité est reconduite (1988-2000). à la fin des années 1990, cependant, le cartel se déchire quand Daniel Ducarme déménage à Bruxelles. Le scrutin d’octobre 2000 est déterminant ; il va figer la composition du Collège pour un quart de siècle, le PS de Paul Furlan y détenant la majorité absolue.
C’est dans ce contexte politique qu’évolue Philippe Blanchart, candidat pour la première fois aux élections communales en octobre 1994 (il occupe la 20e place), lorsqu’avec son copain Paul Furlan, rencontré dans le monde associatif, ils font la campagne électorale ensemble. Ayant toujours vécu à Thuin, Philippe Blanchart a fréquenté l’école primaire communale de la ville basse, avant de mener ses études secondaires à Erquelinnes, Charleroi et finalement à Couvin. Inscrit à l’École polytechnique de Bruxelles, il poursuit sa vie estudiantine à Mons. Candidat en Sciences psychopédagogiques à l’Université Mons-Hainaut, régent en électromécanique, il accomplit l’essentiel de sa carrière professionnelle au Centre d’Éducation et de Formation en Alternance (CEFA), à Morlanwelz. Licencié en Sciences du travail de l’ULB, il obtient aussi un Certificat européen de formation universitaire en travail social (Paris XIII).
Prenant le relais des Centres d’enseignement à horaire réduit (CEHR) créés à titre expérimental, les Centres de formation en alternance naissent en 1984. Pendant 20 ans, accompagnateur, coordonnateur, puis directeur et président du Conseil zonal de Mons/Centre, Philippe Blanchart s’applique à donner une seconde chance aux jeunes qui ne s’adaptent pas au système éducatif traditionnel. Nommé inspecteur, ce pionnier a contribué au développement du CEFA de Morlanwelz, le plus grand de Wallonie, avec ses 550 élèves répartis sur six implantations (Trazegnies, Fleurus, Thuin, etc.), et formés dans les entreprises du bassin Charleroi-Sud-Hainaut, à l’entame du XXe siècle. Fondateur de l’asbl Action et Solidarité, de l’asbl Oxygène, co-organisateur des Fêtes de la musique de Thuin, ce mélomane, grand sportif et libre-penseur est très actif dans tous les milieux associatifs et présente un profil idéal comme candidat aux élections communales.
En octobre 1994, candidat socialiste, Philippe Blanchard est élu conseiller communal et siège dans l’opposition. En 2000, il figure sur la liste COM-UNE qui réunit PS, PRL et MCC, emmenée par Paul Furlan et qui obtient la majorité absolue (52,2% et 14 sièges). C’est désormais le PS qui détient les clés de l’hôtel de ville. Dans le Collège présidé par Paul Furlan, Philippe Blanchart est nommé échevin, en charge de l’Enseignement, de la Culture, de la Jeunesse, des Bibliothèques, des Crèches et des Aînés. En octobre 2006, chacun retourne sur des listes séparées. La liste du PS emmenée par Paul Furlan (4.012 vp), Marie-ève Van Laethem (1.196 vp) et Philippe Blanchart (1.388 vp) obtient seule la majorité absolue (53,9%, 15 sièges) ; dans le nouveau Collège où Blanchart demeure en charge de l’Enseignement, le PS conserve sa confiance au MR (4 s.) comme partenaire de majorité.
En cours de législature communale, Paul Furlan est désigné comme ministre wallon, héritant du portefeuille des Affaires intérieures, en charge des Pouvoirs locaux et du nouveau ministère de la Politique de la Ville au sein du gouvernement présidé par Rudy Demotte (2009-2014). En l’absence du maïeur, c’est Philippe Blanchard qui fait fonction de bourgmestre (2009-2012). La gestion communale s’en ressent-elle ? Toujours est-il qu’en octobre 2012, le PS est en recul ; parmi les trois ténors qui emmènent la liste, Paul Furlan (2.881 vp) surtout est pénalisé, alors que les deux autres candidats progressent en voix de préférence : Marie-ève Van Laethem (1.335 vp) et Philippe Blanchart (1.507 vp), le PS conservant la majorité absolue (47,4%, 13 sièges, -2), tandis que le MR conduit par Marie-Françoise Nicaise progresse de 6% (24,6%) et de deux sièges (6). Aux deux partenaires de majorité s’ajoute alors le groupe IC proche du cdH (3), écolo (un élu sur 23) étant bien seul à siéger dans l’opposition.
Toujours bourgmestre empêché par ses fonctions ministérielles, Paul Furlan reste le bourgmestre en titre, mais confie, jusqu’au scrutin wallon de 2014, la gestion de la ville à une échevine déléguée, en l’occurrence Marie-ève Van Laethem, tandis que Philippe Blanchart devient le président du CPAS, tout en prenant en charge les Affaires sociales et la politique les Aînés. Il est vrai que depuis 2009, il est aussi député fédéral.
Onzième candidat au scrutin fédéral du 18 mai 2003 (2.846 vp), 4e suppléant le 10 juin 2007 (5.134 vp), il bénéficie du jeu de chaises musicales qui se produit à l’issue du scrutin wallon du 7 juin 2009. Il hérite du mandat fédéral d’Elio Di Rupo qui choisit de siéger au Parlement de Wallonie. Prêtant serment de député en juillet 2009, il est rapidement en campagne électorale, le président du VLD Alexander De Croo ayant fait tomber le gouvernement fédéral sur le dossier BHV. Lors du scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010, Blanchart est cette fois 8e candidat effectif et bénéficie du raz-de-marée socialiste, la liste emmenée par Elio Di Rupo réalisant 48,18% dans le Hainaut (+14%), ce qui lui donne droit à onze mandats à la Chambre fédérale. Avec 9.774 vp, Blanchart signe le 8e résultat des effectifs et, reconduisant son mandat, va vivre la plus longue crise politique belge.
Alors que les entités fédérées assurent sereinement la continuité de l’État, 541 jours de réunions, de crispations, de rebondissements, de notes et de discussions sont nécessaires pour que se dégagent un premier accord sur le volet institutionnel (octobre), puis un second sur le volet socio-économique (décembre). Le 6 décembre 2011, Elio Di Rupo devient le Premier ministre du nouveau gouvernement fédéral qui s’appuie sur la coalition PS-CD&V-MR-OpenVlD-SP.a-cdH. Durant la courte législature 2011-2014, Philippe Blanchart figure parmi les députés qui adoptent, parmi beaucoup d’autres textes législatifs, l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la transformation profonde du Sénat en une assemblée des entités fédérées, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions, la nouvelle loi de financement des communautés et des régions, ainsi que le transfert d’importantes compétences, notamment en sécurité sociale, vers les entités fédérées.
Le 25 mai 2014, toujours huitième candidat sur la liste du PS au scrutin fédéral, il réunit 8.860 voix sur son nom (8e score), le PS reculant à 41%, tout en conservant 9 sièges dans le Hainaut. C’est l’opposition qui attend le PS, quand le MR de Charles Michel décide d’être la seule formation wallonne et bruxelloise dans le gouvernement fédéral, en s’alliant avec l’Open-VLD, le CD&V et la N-VA. Membre de la Commission des Affaires étrangères, le député fédéral Blanchart est mandaté comme observateur lors des élections législatives en Ukraine.
Comme annoncé en début de législature communale, le PS thudinien évalue la situation au soir du triple scrutin du 25 mai 2014. Toujours ministre wallon, Paul Furlan reste bourgmestre faisant fonction, mais c’est Philippe Blanchart qui devient l’échevin délégué aux fonctions de bourgmestre (août 2014). En janvier 2017, quand il est forcé de quitter le gouvernement wallon, victime du dossier Nethys-Publifin et de ses multiples rebondissements, Paul Furlan retrouve le maïorat de Thuin. La politique locale ne sort pas indemne des conflits entre les partis. Expliquant que les différends se sont accumulés dans plusieurs dossiers communaux, le bourgmestre Furlan annonce l’éviction du MR du pacte de majorité communal, le PS décidant d’achever la législature avec la seule liste IC comme partenaire, après l’adoption d’une motion de défiance constructive et la signature d’un nouveau pacte de majorité (23 mars 2017). La fin de législature est tendue, l’électeur étant appelé à arbitrer les vicissitudes de la politique locale en octobre 2018 : PS et MR sont en recul. La liste de Paul Furlan perd un siège et sauve sa majorité absolue in extremis (41,88%, - 5,6%). Le MR perd 3% (21,3%) et un siège (5). Le PS de Paul Furlan abandonne définitivement le MR et signe le nouveau pacte de majorité avec les seuls IC, en léger progrès (4 sièges, +1) désormais à 19%. Philippe Blanchart s’est tenu éloigné du scrutin communal, affirmant préférer se consacrer à son mandat parlementaire et mettre ainsi en application le principe de décumul intégral des mandats préconisé au sein de la Fédération socialiste de Charleroi.
Désireux de poursuivre ses activités parlementaires au fédéral, Philippe Blanchart dénonce la particratie et l’absence de transparence au sein du Parti socialiste quand il est désigné pour occuper la 9e place sur la liste PS, dans la circonscription de Charleroi-Thuin au scrutin régional wallon, le 26 mai 2019. Bien décidé à ne pas se laisser sacrifier sur l’autel des petits jeux de parti, il se bat dans la campagne électorale autant que contre la maladie qui le frappe depuis plusieurs années déjà. Au soir du 26 mai 2019, il réunit 6.035 vp sur la liste emmenée par Paul Furlan et signe ainsi le meilleur résultat des socialistes carolorégiens, juste derrière Paul Furlan. Malgré le système de la dévolution des voix de la case de tête, il décroche le 4e mandat attribué au PS au Parlement de Wallonie, et prête serment à Namur. Seul le cancer aura raison de lui, l’emportant le 26 décembre 2019, à l’âge de 56 ans. C’est Maxime Hardy qui lui succède au Parlement de Wallonie.
En mai 2022, une fondation Philippe Blanchart est créée à Charleroi pour récolter des fonds en faveur de la lutte contre le cancer. à son actif, la relance des « Soirées Blanchart », organisation bisannuelle de musique, avec une Sommer édition et une Winter édition, réunissant plusieurs centaines de personnes dans l’ancienne discothèque Le Prestige à Gozée, que Philippe Blanchart avait créées en 2014 pour financer des associations philanthropiques locales.
Mandats politiques
Conseiller communal à Thuin (1994-2019)
Échevin (2000-07/2009)
Bourgmestre (07/2009-2012)
Député fédéral (2009-2019)
Président du CPAS à Thuin (2013-08/2014)
Échevin délégué aux fonctions de bourgmestre (08/2014-01/2017)
Échevin (01/2017-2019)
Député wallon (2019-12/2019)
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont La DH, 4 mai 2003, 29 octobre 2012, 16 mai 2018, 26 décembre 2019 ; Le Soir, 29 octobre 2004, 29 avril 2005, 26 décembre 2019
Cumuleo (-2023)
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www.LaChambre.be
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
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