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Champagne Élise

Culture, Poésie

Liège 14/08/1897, Liège 12/11/1983

Poétesse, dramaturge et résistante, Élise Champagne, « femme meurtrie par la vie et la guerre », comme l’écrit Jacques Stiennon, est l’auteure d’une œuvre imprégnée de pessimisme, de luttes ouvrières, de l’ambiance des quartiers ouvriers de Liège et des conditions de vie de ces derniers. 

La vie de la famille Champagne, des commerçants prospères, bascule du jour au lendemain, quand le père d’Élise devient invalide à la suite d’un accident, contraignant son épouse à subvenir seule aux besoins du ménage. 

L’éclatement de la Grande Guerre ne facilite pas la vie quotidienne de l’adolescente qui mène néanmoins à son terme des études d’institutrice. Après l’Armistice, Elise Champagne exerce sa profession à l’école primaire de Bressoux (1918-1922), tout en poursuivant des études à l’École normale de Liège. Ayant obtenu le diplôme de régente littéraire, elle devient professeur de français et de littérature, à partir de 1923, au sein de ladite École normale. Elle sera nommé à sa direction, en 1947, fonction qu’elle occupera jusqu’à son départ de l’enseignement, en 1957, moment où il se consacre alors entièrement à l’écriture.

Critique littéraire pour La Wallonie depuis 1921, pour L’Avant-Poste, en 1933-1934, et pour Le Monde du travail, de 1944 à 1945, Élise Champagne est une femme d’engagements et de convictions. Militante active au sein du POB, elle est élue au secrétariat provincial des Femmes prévoyantes socialistes et contribue à la fondation du cercle « Les intellectuels socialistes ». Durant les années 1930, elle donne également des conférences sur le syndicalisme dans les Maisons du Peuple de la province de Liège.

En 1923, elle publie son premier recueil de poèmes, Le portail entr’ouvert, où elle dépeint la vie ouvrière de la cité ardente. Compagne du peintre liégeois Robert Crommelijnck, jusqu’en 1942, elle véhicule un pessimisme foncier (Poèmes de l’impasse, 1926 – La cité des Ombres, 1935) que ses nombreux voyages à l’étranger (Randonnée espagnole, 1937) n’apaise pas. Prix Verhaeren pour Taciturnes (1928), Elise Champagne reçoit également le Prix Malpertuis 1940 pour l’ensemble de son œuvre, bien que celle-ci ne soit pas achevée.

Entrée dans la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, elle publie dans la presse clandestine sous le pseudonyme de Lisy et enseigne aux enfants juifs cachés. Nommée secrétaire générale de l’Œuvre liégeoise, dont l’objectif est de fournir du travail à ceux qui n’en ont pas, elle fonde, en 1946, l’association féminine, le Soroptimist Club de Liège. Prix de la province de Liège pour L’enfant perdue (1946), Elise Champagne rédige également des pièces (comme La farce du pommier, 1969) et des nouvelles (Parties de cartes, 1973), en plus de ses poèmes. En 1973, elle reçoit le Prix Denayer pour l’ensemble de son œuvre : celle-ci est abondante et y transparaissent « une frémissante émotion, [s]es dons d’évocation et [son] sens du drame [… ;] Un art sain, vigoureux, humain et plein de tendresse […] » (Parties de cartes). 

Sources

Éliane GUBIN, Catherine JACQUES, Valérie PIETTE, Jean PUISSANT (dir.), Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, p. 98-99
Berthe BOLSÉE, Elise Champagne ou l’école du courage, Les Cahiers Jean Tousseul, Ath, 1965
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 104
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, gouvernement wallon, 1995
Le Guetteur wallon, 50e année, n° 1, 1974, p. 41
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/champagne-elise/

Œuvres principales

Le portail entr’ouvert, poésie (1923) 
Poèmes de l’impasse, poésie (1926)
Chansons sur le toit, poésie (1927) 
Taciturnes, Liège, poésie (1928) 
Le mur sans porte, poésie (1929) 
Mont-de-Piété, poésie (1931) 
Le service en cristal, poésie (1934) 
La cité des ombres, poésie (1935) 
Randonnée espagnole, carnet de voyage (1937) 
Impasse du monde, poésie (1939)
L’enfant perdue, poésie (1946)
Trasimène, poésie (1948) 
Générations, poésie (1952) 
Plût au ciel !, poésie (1954)
Porte à faux, poésie (1958)
Temporels, poésie (1960)
Les talismans ou l’envers vaut l’endroit, pièce en trois actes et un tableau (1963) 
Terre de grison, poésie (1966)
Belleflamme, poésie (1968)
La farce du pommier, pièce en trois actes (1969) 
Ordre secret, poésie (1972)
Parties de cartes, nouvelles (1973)
Agave, poésie (1979)
L’Anneau du Prince-Evêque, pièce en trois actes (s. d.)