de Feller François-Xavier

Culture, Littérature

Bruxelles 18/08/1735, Ratisbonne 22/05/1802

La vie de François-Xavier de Feller, prêtre jésuite, théologien, professeur, écrivain, journaliste et polémiste, apporte un éclairage sur la Compagnie de Jésus et la personnalité de ses adeptes ainsi que sur la réception de cet ordre dans la Provincia Gallo-Belgica peu de temps avant sa dissolution, sur ordre du pape Clément XIV (16 août 1773) appliqué par l’empereur d’Autriche (septembre 1773) et par le prince-évêque Velbrück, même si ce dernier autorise la poursuite des activités des Jésuites anglais. Il influence aussi fortement l’histoire intellectuelle de la principauté de Liège, tant par son rôle d’enseignant que par les opinions qu’il véhiculera avant et pendant la révolution liégeoise.

Élève au Collège des Jésuites de Luxembourg puis envoyé dans un pensionnat à Reims pour y étudier la philosophie, François-Xavier de Feller entre au séminaire de la Compagnie à Tournai, en 1754. Sorti du noviciat, il se tourne vers une carrière d’enseignant. À Luxembourg, à Liège, à Tyrnau, en Hongrie, ou encore à Nivelles, il initie les élèves à la grammaire et à la théologie, notamment. Grand voyageur, il visite l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, l’Italie, entre 1765 et 1770, année de son retour dans les Pays-Bas et de son accession à la prêtrise. Envoyé comme prédicateur au Collège des Jésuites de Liège (1771), il séjourne dans la cité jusqu’en 1794. S’il interrompt sa carrière d’enseignement en 1773, quand l’ordre est donné de supprimer la Compagnie, il continue d’y prêcher en recourant aux meilleures techniques de son temps.

Journaliste, il écrit notamment dans La clef du cabinet des princes de l’Europe, journal qu’il va diriger, à partir de janvier 1773 – il fut remplacé, au mois d’août, par le Journal historique et littéraire suite à la suppression de la Compagnie – et qui sera condamné par Joseph II, en janvier 1788. Aucune matière n’est délaissée, de Feller traite de théologie, de sciences naturelles, de géographie, d’histoire, des lettres, etc. Polémiste, il s’escrime volontiers avec sa plume, parfois anonymement, parfois sous le pseudonyme Flexier de Reval – l’anagramme de son nom – contre de très nombreux adversaires : les philosophes, les encyclopédistes, les jansénistes, l’évêque et théologien Fébronius, les démocrates brabançons, les révolutionnaires français ; Buffon n’échappa pas à sa vindicte. Ses écrits prennent la forme de feuillets pamphlétaires ou d’articles de son journal, voire également dans le Journal général de France. Ils sont aussi traduits dans des journaux étrangers.

Particulièrement actif, François-Xavier de Feller est aussi connu pour être l’auteur d’un Dictionnaire géographique et d’un Dictionnaire historique, dont le caractère exceptionnel tient moins à leurs qualités proprement dites qu’aux nombreuses éditions qui en ont été faites et qu’aux intentions : son fameux Dictionnaire historique (6 vol., 1781) devait s’opposer, dans son esprit, à l’influence pernicieuse de Pierre Bayle et de l’Encyclopédie.

Trouvant refuge durant quelques années à Maestricht après la révolution liégeoise de 1789, contraint à nouveau de quitter Liège à l’approche des troupes françaises, en 1794, François Xavier de Feller s’exile à Paderborn, où il reste deux ans, avant de se fixer à Ratisbonne, chez le prince-évêque de Freysingen, où il meurt quelques années plus tard.

Sources

Emile DE BORCHGRAVE, dans Biographie nationale, t. 7, col. 3-8
Roland MORTIER, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 93
Jérôme VERCRUYSSE, Dictionnaire des journalistes (1600-1789), en ligne sur http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/300-francois-xavier-de-feller
http://data.bnf.fr/12240721/franc_ois_xavier_de_feller/ (s.v. janvier 2016)

Œuvres principales

Musae Leodienses, recueil de poésies latines (1771)
Catéchisme philosophique ou Recueil d’observations propres à défendre la religion chrétienne contre ses ennemis (1772)
Dictionnaire géographique (1778)
Dictionnaire historique ou histoire abrégée de tous els hommes qui se sont fait un nom par le génie, les talents, les vertus, les erreurs, etc. depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours (1781-1783)