Delfosse Stéphane

Politique, Député wallon

Renaix 30/09/1967

Député wallon : *2018-2019

Le matin du 30 juillet 2004, les pompiers sont appelés sur le zoning de Ghislenghien. Une conduite de gaz Fluxys a été abîmée par un engin de chantier. Pour assurer la sécurité, des policiers d’Ath se rendent sur place. En l’absence de plans et d’indications de secours, les pompiers peinent à identifier et à maîtriser la fuite. Une double terrible explosion se produit alors, coûtant la vie à 24 personnes et en blessant 132 autres. C’est un gazoduc de haute pression, enfui à plus d’un mètre de profondeur, qui vient de céder sur un chantier en construction. Visible à 15 km à la ronde, une colonne de feu s’élève dans le ciel sur plusieurs dizaines de mètres et la chaleur dégagée est ressentie à plusieurs centaines de mètres du lieu de cette catastrophe industrielle, alors qu’un bruit assourdissant sidère la région. 

Policier à Ath, Stéphane Delfosse s’est rendu sur place ce matin-là pour aider les pompiers. Rescapé du brasier, il passera 4 mois dans le coma, 11 mois d’hôpital, et subira une quarantaine d’opérations. Avec le souvenir du drame, de ses terribles souffrances et de l’encadrement médical dont il a bénéficié, il prend part aux procès devant le Tribunal correctionnel de Tournai (2009) et surtout devant la Cour d’appel de Mons qui établit des responsabilités (2011), se ressource et s’investit dans la vie sociale et politique du pays d’Ath. Il n’est plus question d’exercer le métier de policier qu’il avait finalement choisi.

à peine diplômé de Saint-Charles à Tournai, où il a accompli des humanités latin-langues (1984), Stéphane Delfosse avait postulé à l’école royale de Gendarmerie en vue de recevoir une formation de sous-officier d’élite ; après les examens d’entrée, il figure parmi les 52 éléments retenus, sur les 1.500 qui ont postulé. Trois ans plus tard, âgé d’à peine 20 ans, il devient maréchal des logis chef (1987), un des plus jeunes gradés du pays. Après une formation complémentaire d’instructeur, il intègre le service de formation à l’école de Gendarmerie (1988-1994). Fin 1994, il entre à la brigade de gendarmerie d’Ath, où il a postulé. Détaché à la BSR d’Ath sur un dossier de stupéfiants, il se passionne pour le métier d’enquêteur qui oriente sa carrière. Après la réforme des polices de 2001, il rejoint le service enquêtes et recherches de la police d’Ath. C’est en effectuant son service, bien qu’en jour de garde, qu’il est l’une des victimes de la catastrophe de Ghislenghien. En 2010, ce sous-officier d’élite est admis à la retraite.

En 2007, Stéphane Delfosse publie Ghislenghien, tu te souviens ?, un témoignage poignant confié au journaliste Marcel Leroy et surtout la concrétisation de l’objectif qu’il s’était fixé à sa sortie de l’hôpital, le 14 juin 2005. Ce jour-là, il avait été la dernière victime de Ghislenghien à sortir de l’hôpital militaire de Neder-over-Heembeek. Dans le même temps, une Commission d’enquête parlementaire (« Commission Paulus ») est rapidement mise en place pour tirer les leçons de la catastrophe ; le législateur procède à la réforme de la sécurité civile belge (loi du 15 mai 2007) qui entre en application à partir de 2014. Sans oublier la réorganisation complète de la planification de l’urgence en Belgique (2006), la création de 34 nouvelles zones de secours (qui remplacent le 1er janvier 2015 les 251 services régionaux d’incendie) en est la mesure la plus visible.

En 2012, l’ancien délégué syndical SLFP est sollicité par le MR de sa commune : une cinquième place lui est proposée sur la liste qui se présente aux élections communales d’octobre, à Ath. Depuis la fusion de dix-neuf villages et communes en 1976 et l’arrivée de Guy Spitaels auquel se sont alors ralliés des conseillers communaux, la ville d’Ath s’est affirmée comme un bastion socialiste, aucun autre parti ne montant dans le Collège depuis 1982. En octobre 2012, bien que perdant 3 sièges (16 s.), le PS (52%, -7,6%) emmené par Jean-Pierre Denis (2.757 vp), poussé par Florent Van Grootenbrulle (2.680 vp) et porté par Marc Duvivier, 23e candidat, mais meilleur faiseur de voix (2.936 vp), décide d’ouvrir sa majorité au MR (22,3%, + 8,6%) et à ses 7 élus (+3) : un moment historique pour Ath et surtout pour les libéraux. Avec 1.478 vp, soit près du double que sa tête de liste Serge Dumont, Stéphane Delfosse est assurément l’artisan du résultat historique des bleus de la cité des géants. D’ailleurs, lors du scrutin communal de 2018 où Delfosse ne se présente plus, le MR retombe à 15% et 4 élus. Pour raisons de santé, celui qui était chef de groupe MR au conseil communal avait déjà remis sa démission en 2014.

Cette année-là, pourtant, il se laisse convaincre par Jean-Luc Crucke de figurer sur la liste MR au scrutin wallon, dans la circonscription de Tournai-Ath-Mouscron (25 mai 2014). Septième et dernier suppléant, Stéphane Delfosse n’aspire pas à siéger au Parlement de Wallonie. Pourtant, après les élections communales de 2018, les événements se précipitent. Jean-Luc Crucke a déjà quitté l’assemblée wallonne en juillet 2017 quand il est devenu ministre dans le gouvernement de Willy Borsus. Premier suppléant, Philippe Bracaval l’a remplacé sur les bancs du MR ; mais dans la majorité MR-cdH qui poursuit sa route à Mouscron (décembre 2018), Philippe Bracaval décide cette fois d’assurer la fonction d’échevin. Deuxième suppléante, Laurence Feron devient pour sa part échevine à Bièvres. En raison de son score personnel, Stéphane Delfosse a obtenu le statut de troisième suppléant et il accepte de siéger les six derniers mois de la législature wallonne. Membre de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique, sa présence est précieuse pour la majorité MR-cdH qui ne compte que 38 députés (sur 75) pour adopter ses dispositions, du moins jusqu’à la mi-mars et la défection de la MR Patricia Potigny.

Lors du scrutin wallon du 26 mai 2019, Stéphane Delfosse accepte de faire à nouveau campagne sur la liste MR emmenée par Jean-Luc Crucke. Comme septième candidat effectif et malgré 3.814 vp, soit le 4e score de sa liste, il ne siégera plus à Namur. Depuis 2018, il est l’un des conseillers du CPAS d’Ath.

 

Mandats politiques

Conseiller communal d’Ath (2012-2014)
Député wallon (12/2018-2019)
Conseiller du CPAS à Ath (2018-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024) 
https://www.notele.be/it255-media103342-zone-franche-avec-stephane-delfosse-policier-blesse-grievement-lors-de-la-catastrophe-de-ghislenghien.html 
Stéphane Delfosse, Marcel Leroy, Ghislenghien, tu te souviens ?, Luc Pire, 2007

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)