Di Mattia Michel
Politique, Député wallon
La Louvière 15/09/1966
Député wallon : 2019-2024
Avant que Joseph Michel, ministre de l’Intérieur, n’impose finalement, en 1975, une fusion généralisée des communes (hormis en région bruxelloise), toutes les communes de Belgique avaient été incitées à prendre des initiatives personnelles et à réaliser des fusions librement consenties avec des localités voisines de leur choix. Les cas ne sont pourtant pas nombreux. En 1972 et 1973, les autorités communales de Saint-Vaast, Familleureux et Bois d’Haine expriment leur souhait de rejoindre La Louvière et de former une même entité. Timide, cette démarche a le mérite d’exister, mais ne répond pas suffisamment aux impératifs du gouvernement de l’époque. Finalement, l’Arrêté royal du 17 septembre 1975 crée le « grand » La Louvière en fusionnant cette localité et les communes de Boussoit, Haine-Saint-Paul, Haine-Saint-Pierre, Houdeng-Aimeries, Houdeng-Gœgnies, Maurage, Saint-Vaast, Strépy-Bracquegnies, Trivières et une partie seulement de l’ancienne commune de Familleureux avec le hameau de Besonrieux. La population de La Louvière croît alors de 23.000 à 78.000 habitants, la cinquième en importance en Wallonie, et la superficie de son territoire passe de 8,7 km² à 65 km² ; le titre de ville lui est attribué en 1985.
Déjà bourgmestre de Strépy-Bracquegnies (depuis 1964), alors surnommée « Rougeville » tant la majorité socialiste était absolue, Léon Hurez devient le premier bourgmestre du « grand » La Louvière (janvier 1977). En 1984, Michel Debauque lui succède, mais il est mis en difficultés lors du scrutin d’octobre 1994. La majorité absolue socialiste ne tient plus qu’à un fil (21 sur 41) en raison de la poussée de l’extrême-droite (14,4% des voix et 6 sièges, comme le PRL et le PSC) ; par ailleurs, le bourgmestre est désavoué par une partie des électeurs, Willy Taminiaux réalisant près du double de ses voix personnelles. Néanmoins, Michel Debauque refuse d’ouvrir sa majorité à d’autres formations politiques et, pendant six ans, chaque décision communale nécessite la mobilisation des 21 conseillers communaux socialistes. En octobre 2000, Willy Taminiaux est plébiscité (11.115 vp) et devient le bourgmestre de La Louvière avec le soutien de 29 conseillers PS sur 41, le FN ne comptant plus aucun élu. Par une politique communale de proximité particulièrement engagée dans la défense des valeurs démocratiques, la nouvelle équipe s’appuie sur une sorte de contrat d’avenir local articulé autour de cinq axes de développement à dix ans. Elle prend également des mesures qui sont impopulaires (modernisation, licenciement et réforme de l’administration communale, politique de sécurité, la question du stade de La Louvière) dans un contexte difficile (fermetures d’usines, l’affaire du Foyer louviérois et des ennuis judiciaires pour deux des échevins). Aux communales de 2006, le PS perd sa majorité absolue (de 29 à 20 sur 41), ses neuf sièges se dispersant entre les partis traditionnels – MR (+2) et cdH (+1) – alors que le FN (3), l’USDC (2) et le PTB+ (1) entrent au Conseil communal, rejoignant Écolo (2). Partisan d’une coalition avec le cdH, Willy Taminiaux (6.514 vp.) n’est pas suivi par ses « camarades » qui préfèrent renouer les liens avec les dissidents de l’USDC, avant de s’ouvrir aussi au MR. Dans ces conditions, estimant que la politique qu’il a menée pendant six ans est désavouée, Taminiaux claque la porte et renonce même à son mandat de conseiller communal (décembre 2006). Jacques Gobert devient le nouveau bourgmestre de La Louvière.
Attiré par l’ouverture du parti socialiste à une nouvelle génération de jeunes Loups déterminés à décrocher la lune pour leur cité, Michele Di Mattia a rejoint les rangs du PS louviérois dans les années 1990. Licencié et agrégé en Psychologie et détenteur d’un master en Communication de l’Université catholique de Louvain, journaliste pendant six mois au journal La Cité (de tendance démocrate-chrétienne), Michel Di Mattia a entamé une carrière académique comme assistant de recherche à l’Observatoire du récit médiatique de l’UCL, avant de s’orienter vers le secteur associatif. Coordinateur d’un Centre de Guidance psychologique et de Prévention sociale, il devient le directeur de l’antenne carolorégienne du Service d’information sur les études et les métiers (le SIEP) et organise notamment le salon du SIEP de La Louvière, dont la première édition remonte à 1998. Il lance le premier salon « Formations et professions » en 2008, à Charleroi.
En octobre 2000, il est élu conseiller communal pour la première fois. Il soutient par conséquent les mesures décidées tout au long de la législature par l’équipe de Willy Taminiaux. Mais ce n’est pas là qu’a commencé son engagement politique. En effet, il a d’abord été actif au sein du Partito Democratico della Sinistra (parti démocrate de la gauche italienne créé en 1991 et dissous en 1998). Militant en faveur de l’éducation, de la citoyenneté et de la démocratie européenne en tant que secrétaire général de la branche belge de Democratici di Sinistra, Michele Di Mattia fait partie du Comité représentatif des Italiens à l’étranger (dans la première moitié des années 2000). En 2007, il participe à la création du parti démocrate (PD), qui rassemble chrétiens de gauche (ex-DC) et gauche laïque (ex-DS) derrière Walter Veltroni pour lutter contre Berlusconi ; avec le soutien du PS, Michele Di Mattia est le coordinateur transitoire de ce parti italien et il se mobilise pour permettre le vote des Italiens de l’étranger (2008).
Administrateur de l’Intercommunale pure de financement du Hainaut (2001-2007), administrateur de Centre de Guidance Psychic asbl (2008-), il est le président du Centre régional d’Action Interculturelle du Centre (CeRAIC, 2010-2013). En octobre 2006, il occupe la onzième place sur la liste du PS et il réunit 856 voix sur son nom, soit le 8e score des socialistes. Il fait ainsi partie des vingt conseillers communaux socialistes qui, pour la première fois depuis la fusion des communes, ne font plus à eux seuls la majorité à La Louvière. Aux communales d’octobre 2012, il occupe la 8e position sur la liste du PS et participe au succès de la liste emmenée par Jacques Gobert (6.499 vp) : le PS atteint les 50% et retrouve une solide majorité absolue (25 sièges sur 41, +5), le FN et le PTB+ gardant un siège, alors que MR (6) et cdH (5) perdent un élu, écolo en gagnant un (3).
Dans le nouveau Collège communal, Michele Di Mattia (1.206 vp, 11e résultat personnel tous partis confondus) devient échevin, en charge de l’Enseignement, des Bibliothèques et de la Santé. Dans le même temps, sur le plan professionnel, il devient le directeur du SeTIS wallon (2013-2017). Administrateur du CeRAIC (2016-2019), du Centre dramatique de Wallonie pour l’Enfance et la Jeunesse (2013-2019) dont il devient le président (2017-2019), administrateur de Promotion de la santé à l’école asbl (2013-2019) dont il devient le président (2017-2019), il est aussi administrateur de l’association Chapitre XII Relais Social de La Louvière/Relais social urbain (2014-).
En octobre 2018, la liste PS emmenée par Jacques Gobert (6.850 vp) perd près de 7% (43,4%), mais conserve sa majorité absolue (24 s, -1) dans un Conseil communal qui compte désormais 43 élus, dont 7 conseillers PTB (+6). Occupant la 5e place, Di Mattia réalise 1.572 vp (4e score PS et tous partis confondus). Il reste échevin, en charge cette fois de la Culture, du Tourisme, du Patrimoine classé et des Bibliothèques.
Fort de cette popularité, Michele Di Mattia relève le défi d’occuper la troisième place, dite de combat, lors du scrutin wallon du 26 mai 2019. La circonscription électorale dans laquelle il se présente, celle de Soignies-La Louvière, se compose désormais des dix communes de Binche, Braine-le-Comte, Écaussinnes, Estinnes, La Louvière, Le Rœulx, Manage, Morlanwelz, Seneffe et Soignies, et elle envoie cinq représentants à Namur, contre quatre auparavant. En 2014, un peu moins de 130.000 électeurs y étaient inscrits ; ils sont 167.000 en 2019, le décret spécial wallon du 25 janvier 2018 ayant réformé les circonscriptions électorales wallonnes (11 au lieu de 13) pour rééquilibrer la répartition des sièges. Depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995, la « circonscription de Soignies » a toujours envoyé deux représentants du PS à Namur, 1 du MR et un du PSC-cdH, hormis en 2009 où écolo a pris le siège du cdH. Nonobstant la variation des pourcentages, de 1995 à 2014, il s’agit par conséquent d’une circonscription aux résultats très stables que le scrutin wallon de 2019 vient bouleverser. Le MR perd en effet son élu ; en réalisant son plus mauvais score, le cdH conserve son représentant (grâce à l’apparentement) ; le PTB devient le deuxième parti (18,5%) et obtient un élu ; quant au PS, il convainc près de 50.000 électeurs (36,2%) et obtient 3 élus, Laurent Devin (15.982 vp), Sophie Pécriaux (7.36 vp) et Michele Di Mattia (3.769 vp) qui, pour une première participation à une élection en-dehors de sa commune, réalise le 4e score tous partis confondus.
En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, il renonce à son mandat d’échevin (remplacé par Leslie Léoni). Il se met aussi en congé d’Infor-Jeunes asbl, dont il est devenu le directeur en décembre 2017. Membre de la Commission Fonction publique-Tourisme-Patrimoine et de la Commission pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (2019-2024), le nouveau député wallon est confronté à une législature wallonne marquée par la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, alors que la Déclaration de politique régionale du gouvernement dirigé par Elio Di Rupo voulait mettre l’accent sur l’emploi, la lutte contre la pauvreté, le contrôle des finances publiques, la transition climatique et un ambitieux Plan de Relance. Attentif aux dossiers de sa circonscription, Michele Di Mattia interpelle à différentes reprises le gouvernement wallon sur le sort des ouvriers de l’usine Mecar (Seneffe), sur le sort de Durobor (notamment en termes de patrimoine), etc. et surtout en faveur d’une diversification de l’offre touristique du Centre : soutien au musée Kéramis, aménagement d’une aire pour motorhomes (Strépy-Thieu) et du Parc Boël (La Louvière), agrandissement du port de plaisance de Thieu, valorisation touristique du Plan incliné de Ronquières, etc. Davantage intéressé par les compétences du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il est d’abord membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales-Règlement et Contrôle des communications des membres du Gouvernement (2019-octobre 2020), avant de devenir membre de la Commission de l’Éducation (octobre 2020-2024), ainsi que membre de la sous-Commission de l’Éducation sur les états généraux de l’immersion (janvier 2023-2024). Avec Laurent Devin, il souhaite notamment que l’offre d’enseignement supérieur soit étoffée dans la région du Centre.
Administrateur du Musée de Bois-du-Luc, de Décrocher la Lune asbl, du Daily Bull asbl, de la Maison du Tourisme, Michele Di Mattia occupe à nouveau la 3e place comme effectif lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, dans la circonscription de Soignies-La Louvière. Avec 4.141 vp, il réalise un meilleur score personnel qu’en 2019, mais le PS est en net recul (-7,17%) et perd un siège, celui de Michele Di Mattia. Si le PS conserve son rang de première force politique de la circonscription (29%), les écarts se resserrent entre les « partis traditionnels ». Au soir du triple scrutin du 9 juin 2024, il n’y a plus de parlementaires originaires de La Louvière dans les assemblées.
Mandats politiques
Conseiller communal à La Louvière (2000-)
Échevin (2012-06/2019)
Député wallon (2019-2014)
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 8 janvier 2004, 9 avril 2008, 13 novembre 2012 ; La DH, 12 juin 2019
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
https://www.micheldimattia.be/
https://www.facebook.com/mdimattiaparlement/about
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
|
© Institut Jules Destrée, Paul Delforge