Dolimont Adrien
Politique, Ministre wallon
Montignies-sur-Sambre 18/09/1988
Le 13 janvier 2022, désigné par Georges-Louis Bouchez, le président du MR, Adrien Dolimont devient ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives au sein du gouvernement wallon arc-en-ciel présidé par Elio Di Rupo. Il remplace Jean-Luc Crucke démissionnaire. Âgé de 33 ans, il n’est pas le plus jeune ministre wallon dans l’absolu, Charles Michel ayant accédé à cette fonction en 2000, quand il avait 24 ans et 10 mois. Après Guy Coëme, William Ancion, Charles Michel, Marie Arena, Philippe Courard, Jean-Claude Marcourt, Benoît Lutgen, Marie-Dominique Simonet, Paul Magnette, René Collin, Alda Greoli et Céline Tellier, Adrien Dolimont est le treizième extra-parlementaire à accéder ainsi à une fonction exécutive à Namur, depuis la régionalisation provisoire en 1974. Il n’est cependant pas sans expérience politique.
Depuis son plus jeune âge, il milite dans les rangs libéraux sous l’aile protectrice de son grand-père, Marcel Nicaise, échevin de Ham-sur-Heure-Nalinnes de 1976 à 2000 et éphémère bourgmestre en 2000, lors du décès de Jules Roulin, avant qu’émerge Yves Binon. Adrien Dolimont n’ignore rien de la vie politique de cette commune verte de l’Entre-Sambre-et-Meuse, située à deux pas de Charleroi. Ainsi, depuis des décennies, la famille libérale y détient une solide majorité absolue et, depuis 2001, Yves Binon est le représentant de cette transmission libérale ; les scrutins communaux successifs témoignent de la popularité du bourgmestre qui passe de 1.136 voix de préférence en 2000 à 3.350 vp en 2018, avec une majorité absolue sans cesse renforcée (14, 15 puis 18 sièges sur 23).
Dès octobre 2006, il vient à peine d’avoir 18 ans, Adrien Dolimont entend s’inscrire dans cette tradition. Lors des élections communales, il occupe l’avant-dernière place sur la liste emmenée par Yves Binon et, avec 620 voix de préférence, il réalise le cinquième score libéral, synonyme à la fois d’élection au conseil communal, mais surtout d’entrée au Collège communal, en tant qu’échevin de la Jeunesse, du Folklore et de l’Informatique, dans une alliance MR (14) – cdH (6) disposant de 20 sièges sur 23. Remplaçant un Marcel Nicaise qui reste son mentor, le plus jeune échevin du pays devient administrateur de la Maison du Tourisme de Thudinie, tout en étant toujours aux études. En 2011, il termine un master en Sciences de l’ingénieur à la Faculté polytechnique de Mons. En deuxième master, l’ingénieur civil mécanicien (options génie mécanique, énergétique et automatique) a été à la tête du projet UMONSter qui participe au Shell Eco-marathon 2011, épreuve internationale qui consiste à parcourir la plus longue distance en consommant le moins de carburant possible (plus de 200 km avec 1 litre d’essence 95, dans la catégorie Urban Concept). Assistant ensuite à l’Université de Mons (2011-2019), Adrien Dolimont soutient une thèse de doctorat en Sciences de l’Ingénieur et Technologie en 2018.
Dans le même temps, il assoie sa popularité politique. Aux communales d’octobre 2012, sixième candidat sur la liste du MR, il signe le meilleur résultat tous partis confondus (1.426 vp), derrière le bourgmestre Yves Binon (2.983 vp). Premier échevin au sein d’un Collège à majorité absolue libérale (15) avec un allié cdH affaibli (3), le cadet convoite ouvertement le poste de son aîné quand se préparent les élections d’octobre 2018, dans la cité des Bourquis. En mai 2017, réuni en assemblée générale, le MR de Ham-sur-Heure donne d’ailleurs sa préférence au prétendant. Faisant valoir quelques solides arguments, Yves Binon riposte et l’intervention de Daniel Ducarme, président provincial du MR, est nécessaire pour éviter que la rivalité politique entre personnalités libérales se transforme en « guerre de succession ». Signé en octobre 2017, le préaccord électoral qui ramène la paix au sein de la famille MR de Ham-sur-Heure confie à Yves Binon la tête de liste et aux électeurs le soin de trancher. Avec 2.757 voix de préférence, Adrien Dolimont maintient la pression sur un Yves Binon (3.350 vp) qui entame sa quatrième législature avec la volonté de la mener jusqu’à son terme, alors qu’une passation de témoin est prévue en 2023. En octobre 2018, ce combat des chefs profite pleinement à la liste MR qui titille les 70% et dispose désormais de 18 mandataires communaux sur 23 (+3). L’alliance du MR avec Vivre Ensemble (ex cdH, 2 sièges) est maintenue.
Premier échevin, en charge du Budget, des Finances, des Marchés publics et du Folklore, Adrien Dolimont est aussi désigné à la présidence du CPAS (2019-janvier 2022). Administrateur d’Anatis SA (-2021), administrateur de la SOFICO (2016-2021), de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie (2018-2019), d’IGRETEC (quelques mois en 2019), de la SWDE (2020-), vice-président du comité de direction et du conseil d’administration de TIBI (2019-), Adrien Dolimont s’était présenté, le 25 mai 2014, aux élections fédérales. Dixième candidat, il avait rassemblé 6.498 voix sur son nom dans la circonscription du Hainaut. Le 26 mai 2019, il se présente au scrutin régional, dans la nouvelle circonscription électorale de Charleroi-Thuin. La Fédération MR a lancé une opération de rajeunissement des cadres et confie au quatuor Nicolas Tzanetatos, Rachel Sobry, Adrien Dolimont, Aurore Goossens le soin de faire aussi bien que leurs prédécesseurs (Véronique Cornet ou Yves Binon, ce dernier étant toujours premier suppléant en 2019). Au soir du scrutin wallon, le bilan est mitigé. S’attendant à un combat solide avec le PS de Paul Furlan (23.000 vp) et ses 33,28%, le MR se fait surprendre par le PTB de Germain Mugemangango (7.232 vp) et ses 17,85%. Il se retrouve 3e parti de la circonscription, avec 15,5%, le moins bon résultat depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995. Derrière Nicolas Tzanetatos (7.177) arrive Adrien Dolimont (5.630), mais l’effet dévolutif de la case de tête joue en faveur de Rachel Sobry (3.860), le MR n’obtenant que deux sièges. Légère satisfaction, Adrien Dolimont a réuni près de 1.000 voix de plus qu’Yves Binon, premier suppléant et, deuxième meilleur résultat des bleus, il signe le sixième tous partis confondus.
En 2019, Adrien Dolimont crée sa propre entreprise dans le domaine de la consultance, Dolimont consult srl, dont il est le gérant. En 2021, il devient administrateur d’énergies solaires intelligentes (Esi srl), société qu’il a créée avec deux associés pour implanter des panneaux solaires de grande puissance. Mais la démission surprise de J-L. Crucke du gouvernement wallon rebat les cartes, y compris sur le plan de la politique locale. La désignation d’Adrien Dolimont pour lui succéder (janvier 2022) contribue au maintien de la paix communale hamoise, Yves Binon poursuivant son mandat jusqu’à la fin de la législature, tout en annonçant, en octobre 2023, qu’il ne sera pas candidat bourgmestre sur une liste MR en octobre 2024. Cela libérerait le terrain à Dolimont, mais c’est surtout sur la scène wallonne que le remplaçant de Jean-Luc Crucke est désormais attendu. Il est appelé à faire ses preuves dans des dossiers aussi difficiles que les finances et la dette wallonnes, voire la gestion des aéroports, sans oublier les infrastructures sportives (un nouveau stade régional de hockey devra voir le jour à Wavre pour la coupe du monde 2026), le tout dans le cadre du Plan wallon de Relance qui guide les actions de la majorité wallonne PS-MR-écolo, sans oublier qu’il faut affronter une nouvelle crise. Après la Covid-19 et les inondations de juillet 2021, la Wallonie est confrontée à la flambée du prix des énergies due aux spéculations des marchés, dans le contexte de l’offensive russe contre l’Ukraine.
Lançant un avertissement au niveau fédéral quand les ministres de la Vivaldi envisagent une réforme fiscale ambitieuse, Adrien Dolimont n’entend pas que la Wallonie finance des mesures décidées sans sa concertation (décembre 2022). Porteur d’une réforme partielle de la fiscalité immobilière, en doublant l’abattement fiscal sur les droits d’enregistrement, afin de favoriser l’accès à la propriété aux « primo-acquérants » (applicable à partir de l’été 2023), le ministre revient sur la taxation des motorhomes. En charge des implantations immobilières de la Région, il lance surtout une nouvelle et importante orientation dans la « Stratégie immobilière 2020-2024 », destinée à réaliser d’importantes économies, à rationnaliser et à améliorer l’efficacité de l’administration (chasse aux bureaux inoccupés, réorganisation des implantations du SPW, tant à Namur qu’à Liège et à Mons, réduction de la taille des cabinets ministériels, etc.). En janvier 2024, il concrétise un projet qui est porté par le MR depuis 2018, à savoir la mise en place de « Wallonie Finances Expertises », le Centre d’expertise stratégique fiscale, financière et budgétaire, qui réunit la Cellule d’appui au monitoring, la Cellule administrative de gestion de la dette, la Cellule fiscale du Gouvernement wallon et la Cellule d’informations financières. Il s’agit de rassembler sous la même coupole les expertises fiscales et budgétaires éparpillées au sein de l’administration et de s’adapter aux nouveaux défis d’une Wallonie dont le budget a triplé en quinze ans sans modification significative des méthodes de gestion et des services financiers.
Dans le cadre d’un Plan wallon de Relance où l’exécutif wallon s’est entouré de la société civile et des partenaires sociaux, le ministre Dolimont entame notamment une nouvelle procédure pour que se développe à Charleroi un projet de démantèlement et de recyclage des vieux avions (2023). En matière d’infrastructures sportives, le ministre finalise le pôle sportif de haut niveau, inscrit lui aussi dans le Plan wallon de relance, qui s’articule autour de trois lieux – Liège, Louvain-la-Neuve et Mons –, de quatre sports – la natation et le cyclisme à Liège, le tennis et la gymnastique à Mons – et d’un centre de compétence et d’expertise – à Liège et Louvain-la-Neuve – inscrit dans leur écosystème universitaire respectif (objectif : novembre 2027). Avec le projet « Wallonie Ambition Or », 18 infrastructures sportives sont améliorées dans le but d’accueillir, à proximité de Paris, des délégations étrangères participant aux Jeux Olympiques. Responsable des aéroports, le ministre qui enterre le projet d’une gare ferroviaire à hauteur de l’aéroport de Charleroi est souvent appelé à arbitrer les conflits sociaux du côté de BSCA. Par ailleurs, s’il ne trouve pas de partenaires pour le projet Euro Carex, il finalise le nouveau permis d’environnement pour Liège Airport, après de nombreuses péripéties (pétition, audition d’experts, avis négatif de l’auditeur du Conseil d’état, etc.).
En maintenant sa notation A3 à l’égard des finances wallonnes (décembre 2023), Moody’s rassure les marchés et cautionne les choix et décisions d’Adrien Dolimont et de l’exécutif wallon. Selon ce dernier, depuis les mesures prises en 2022 et en s’appuyant sur les recommandations formulées par le Conseil régional du Trésor (CORET), la soutenabilité des finances wallonnes serait assurée et les dépenses exceptionnelles réalisées en 2023 sont jugées indispensables, avec près de 200 millions € pour les inondations, plus de 400 pour la transition énergétique et près de 1,9 milliard € pour le financement du Plan wallon de Relance. Si la dette régionale demeure à son niveau de 2021 (31 milliards €) et que le déficit 2023 annoncé frôle les 3 milliards €, le responsable des finances wallonnes souligne que le rythme de l’endettement ralentit, que le solde brut à financer baisse de 165 millions € (entre 2022 et 2023), et que la trajectoire de retour à l’équilibre du budget ordinaire à l’horizon 2024 est respectée avec 500 millions d’efforts structurels pour les années 2022 à 2024 (soit mieux que les 450 millions initialement annoncés). Le retour à l’équilibre promis en début de législature est un objectif atteint, dès lors que sont isolées les dépenses imprévues provoquées par des crises successives considérées comme exceptionnelles et des investissements jugés indispensables pour l’avenir (Plan wallon de relance), une approche que ne partage pas la Cour des Comptes.
Le 9 juin 2024, Adrien Dolimont reçoit la responsabilité d’emmener la liste MR dans la circonscription de Charleroi-Thuin, sollicitant des électeurs son premier mandat de député wallon. Il s’agit aussi de mieux positionner sa formation politique, en enlevant notamment trois sièges. Avec 19.838 voix de préférence, Adrien Dolimont réalise le 2e meilleur score, tous partis confondus, et, avec 26,4% (près de 11% de progression), il permet au MR de se rapprocher du PS et surtout de décrocher trois représentants MR au Parlement de Wallonie.
Le 14 juillet 2024, il est nommé Ministre-Président du Gouvernement wallon, ministre wallon du Budget, des Finances, du Bien-être animal, des Relations internationales et des Licences d'armes ainsi que ministre de la Recherche scientifique au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Il est le plus jeune Ministre-Président de la Wallonie jamais nommé.
Mandats politiques
Conseiller communal à Ham-sur-Heure/Nalinnes (2006-)
Échevin (2006-01/2022)
Président du CPAS (2019-01/2022)
Ministre wallon (01/2022-2024)
Ministre-Président du Gouvernement wallon (2024-)
Sources
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2022 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://cif-walcom.be/fr/
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 26 octobre 2006, 21 mai 2011, 14 octobre 2017, 11 janvier 2022, 8 août 2022, 24 décembre 2022, 27 août 2023, 8 septembre 2023, 8 octobre 2023, 27 avril 2024
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
|
© Institut Jules Destrée, Paul Delforge