Dony Jean-Jacques
Conception-Invention
Liège 24/02/1759, Liège 06/11/1819
Souvent présenté comme un inventeur génial mais malchanceux, Jean-Jacques-Daniel Dony avait réussi à mettre au point un procédé d’extraction, à l’échelle industrielle, du zinc de la calamine. Plus créatif que gestionnaire, « l’abbé Dony » terminera sa vie sur la paille, tandis que sa géniale invention permettra plus tard à sa ville natale de devenir le centre européen le plus important dans la fabrication du zinc, du moins jusqu’à la Grande Guerre.
Désigné comme chanoine laïque de la collégiale Sainte-Croix en 1778, Jean-Jacques-Daniel Dony est un fils de bonne famille bourgeoise qui reçoit ce titre, sans qu’il s’agisse d’un sacerdoce. Régulièrement appelé l’abbé Dony, il sera marié et s’occupera essentiellement de chimie, même s’il hérite, en 1797, de l’entreprise de transport de son père. Passant des heures dans le laboratoire de chimie qu’il s’est constitué depuis ses vingt ans, il se préoccupe davantage de ses expériences que de la gestion des affaires familiales ou spirituelles. Esprit curieux, J-J-D. Dony est membre de la Société d’Émulation depuis 1784. Il est en contact avec François-Laurent Villette (1729-1809) et avec Henri Delloye (1752-1810). Ce sont eux qui attirent l’attention de Dony sur les « vertus » de la calamine. Guidé par sa passion, Jean-Jacques Dony obtient du préfet de l’Ourthe le droit d’exploiter la mine de calamine dite de la Vieille Montagne, à hauteur de Moresnet (printemps 1806). Expérimentant pendant plusieurs mois le moyen d’extraire le zinc de la calamine (carbonate de zinc) en empêchant sa volatilisation et son oxydation, J-J-D. Dony obtient un résultat quand il « réduit la calamine dans des creusets tubulaires en derle ou argile réfractaire, analogues à ceux que l'on utilise pour la transformation des pyrites en vitriol. À l'extrémité du creuset, une botte ou condenseur tronconique permet de condenser le zinc à l'abri de l'air » (Halleux).
Dans la première usine métallurgique de zinc du faubourg Saint-Léonard de Liège qu’il a construite en 1807, J-J-D. Dony parvient à mettre au point un procédé industriel de réduction du zinc à l’état de métal, dont il fait la démonstration officielle le 1er octobre 1809. Par décret impérial du 19 janvier 1810, J-J-D. Dony obtient un brevet de 15 ans pour son invention. Le procédé du « four liégeois » est mis en activité à la fin de 1810 dans les cinq fours de sa fabrique de zinc qui permettent de produire quotidiennement plusieurs dizaines de kilos de zinc assez pur pour être laminable à froid. Afin de montrer sa capacité à produire du zinc à bas prix, « l’abbé » Dony accomplit un acte « publicitaire » spectaculaire en offrant à l’église Saint-Barthélemy une entière couverture de sa toiture en zinc. Malgré la démonstration de l’efficacité de son produit, l’industriel ne trouve pas suffisamment de débouchés pour maintenir ses activités. Il est contraint de vendre son savoir-faire à un négociant, Jean-Dominique Mosselman, dont les héritiers tireront parfaitement profit de l’innovation technologique du génial abbé Dony, mort dans le dénuement le plus total, en 1819. Répandu à travers le monde, le procédé liégeois de Dony ne connaîtra guère de modification avant la Grande Guerre. Valorisant cette découverte, l’industriel François-Dominique Mosselman donnera naissance à la société de la Vieille Montagne (1837) et, longtemps plus tard, au groupe international Umicore devenu Nyrstar.
Sources
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 275
Louis ALVIN, dans Biographie nationale, t. VI, col. 127-131
Revue du Conseil économique wallon, n°23, novembre 1956, p. 66-68
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 334 ; t. II, p. 30
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 371
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 350, 364
Michel ORIS, dans Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Joseph NIVETTE, J-J-D. Dony et le berceau liégeois de l’industrie du zinc, dans La Vie wallonne, Liège, 1964, t. XXXVIII, p. 83-97
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 217, 222
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