Durenne Véronique

Politique, Député wallon

Tournai 08/03/1969

Députée wallonne : 2014-2019 ; 2019-2024

Dans la commune de Celles, le parti catholique détient la majorité depuis plusieurs générations. Soucieux de mettre un terme à cette hégémonie, le PS et le PRL décident de faire cause commune et présente une liste CelDM (ou Celles 2000) au scrutin d’octobre 1994. Le succès est au rendez-vous et l’étiqueté socialiste Daniel Lefebvre prend les commandes de cette commune de Wallonie picarde pendant trois législatures. Dans la première décade des années 2000, entre les listes PSC-cdH et CelDM, l’électeur fait un choix très clair : 37% des voix et 6 sièges pour les premiers, la majorité absolue (58% puis 63%) pour les seconds qui disposent de 11 sièges au Conseil communal.

Affiliée au parti libéral, Véronique Durenne occupe la 2e place des candidats en octobre 2006 et réalise le 4e score personnel (574 vp), tous partis confondus, et le 3e de sa liste, derrière le bourgmestre et Michel Pecquereau (689 vp). Dans le nouveau Collège, cette pharmacienne de Molenbaix devient échevine en charge de la Petite Enfance, de l’Enseignement et de la Culture. Initiatrice du Conseil communal des Enfants, elle s’attèle à la bonne organisation des écoles, à leur rénovation et surtout à leur maintien dans un milieu rural.

Parallèlement à son investissement dans la politique communale, elle s’engage dans les campagnes électorales du MR, qu’il s’agisse des scrutins fédéraux de 2007 (12e candidate, 4.227 vp) ou de 2010 (8e, 3.449 vp) dans le Hainaut, ou du scrutin wallon de 2009 dans la circonscription d’Ath-Tournai-Mouscron (4e, 2.740 vp), se rapprochant progressivement d’une place susceptible de la voir siéger dans une assemblée parlementaire.

Ayant annoncé son retrait de la vie politique locale, Daniel Lefebvre laisse sa succession ouverte au choix des électeurs de Celles, en octobre 2012. à ce scrutin, une troisième liste se présente (CellesAutrement). Avec 56% des suffrages, CelDM conserve ses 11 conseillers et sa majorité absolue. Dans le combat des chefs présents sur la même liste, la MR Véronique Durenne (758 vp) devance le MR Michel Pecquereau (637 vp) et elle devient la nouvelle bourgmestre de Celles, conformément au Code wallon de la Démocratie locale. Seule femme bourgmestre en Wallonie picarde, la première aussi dans sa commune, elle se voit proposer la 2e place sur la liste MR au scrutin wallon du 25 mai 2014, juste derrière Jean-Luc Crucke. Progressant de 3,5%, le MR conserve deux mandats wallons dans la circonscription de Tournai-Ath-Mouscron et Véronique Durenne (5.314 vp, 8e score tous partis confondus) prête serment à Namur. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, elle décide de siéger au Parlement wallon et se déclare bourgmestre empêchée.

à Namur où elle entame la législature dans l’opposition, elle est d’emblée propulsée à la vice-présidence de la Commission des Affaires générales et des Relations internationales (2014-juin 2017), tout en étant membre de la Commission de Vérification des pouvoirs (2014-2019) et de la Commission Travaux publics-Action sociale-Santé (2014-juin 2017), dont elle devient l’une des vice-présidentes (septembre 2015-2019). Attentive à la défense des dossiers de la Wallonie picarde et de sa commune, elle obtient les subsides pour la construction d’un nouveau et important hall omnisports à Celles (printemps 2017). Membre de l’opposition, elle n’est pas là pour la seule défense des intérêts de sa circonscription. D’ailleurs, dans une proposition de résolution, elle réclame l’extension aux Belges résidant à l’étranger du droit d’élire les députés wallons. Parmi les nombreuses propositions de décret et de résolution qu’elle cosigne, se trouvent aussi sa volonté de supprimer l’effet dévolutif de la case de tête au scrutin wallon, une demande de reconnaissance de l’état palestinien, un soutien au Docteur Denis Mukwege et à son combat en faveur de la lutte contre les violences sexuelles dans l’Est de la République démocratique du Congo, etc. La sécurité routière, le coût-vérité en matière de traitement des déchets, la valorisation des allocations familiales pour enfants handicapés ou leur retrait pour lutter contre l’absentéisme scolaire, la prise en charge de personnes victimes de violence, la réforme du financement des lits dans les maisons de repos sont parmi les matières qu’elle traite avec attention.

Dans le dossier du traité CETA, la députée libérale s’oppose à la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie marque son refus de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Le groupe MR à Namur est le seul à manifester son opposition à une démarche qui conduit à une brève crise internationale inédite. Quinze jours plus tard, Véronique Durenne et son groupe politique joignent leurs voix au PS et au cdH pour adopter le texte du compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Durant cette législature, Véronique Durenne adopte notamment une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur fait de la Wallonie une région pionnière. 

Suite à l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen invitant à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, elle vote la motion de défiance constructive (28 juillet) qui scelle le sort du gouvernement de Paul Magnette et inaugure un gouvernement MR-cdH, dirigé par Willy Borsus. Il dispose d’une très courte majorité (38 députés sur 75). Ce changement en cours de législature est une première dans l’histoire politique de la Wallonie. Désormais membre de la majorité, la députée soigne davantage encore sa présence à Namur, afin d’assurer les voix nécessaires aux multiples décisions à prendre. Le MR souhaite montrer un changement de cap dans la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision », modification de grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. De septembre 2017 jusqu’à la fin de la législature, Véronique Durenne soutient cette politique. Elle est vice-présidente de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique. Avec les cdH Véronique Salvi et Mathilde Vandorpe, elle fait aussi adopter la création d’une commission technique « Revalidation » commune à la branche « Bien-être et Santé » et à la branche « Handicap » au sein de l’Agence wallonne de la santé, de la protection sociale, du handicap et des familles (30 janvier 2019).

Sur le plan local, la vie politique à Celles est loin d’être un long fleuve tranquille. Au-delà du passage de quatre titulaires différents à l’échevinat des Travaux, elle prend même des allures de psychodrame dès l’été 2015, quand les relations virent à l’aigre entre Michel Pecquereau, Premier échevin et bourgmestre ff, et Véronique Durenne bourgmestre empêchée. Elles mettent en péril l’équilibre interne de CelDM et, de facto, la majorité absolue au sein du Collège communal. Alors que le premier répète « entre Namur et Celles, il faut choisir », la seconde tente de lui retirer ses attributions, sans succès (septembre 2015). Après plusieurs mois de tergiversations, de plaintes en justice et alors qu’une balle a été tirée sur la maison Pecquereau (décembre), les Fédérations MR et PS tentent d’apaiser les esprits, avant que Denis Ducarme n’intervienne en personne. Au nom du MR, il prive Michel Pecquereau de plusieurs compétences, ainsi que de sa présidence du Plan communal de développement rural. Un nouvel accord de majorité est conclu avec le partenaire socialiste de la liste CelDM. Michel Pecquereau devient échevin de l’Agriculture et de la Culture et l’échevin socialiste Yves Willaert, déjà en charge des Finances, est officiellement délégué aux affaires maïorales (janvier 2016). Quant à Véronique Durenne, bourgmestre empêchée, qui obtient ainsi satisfaction, elle préside le Conseil communal jusqu’en septembre 2017. En vue du scrutin communal d’octobre 2018, les deux partis d’opposition décident d’unir leur force et de se présenter sur une seule liste – Objectif Citoyen – en incorporant des mécontents de la majorité. Quant à la majorité sortante, elle confie la tête d’une liste désormais appelée Cel’Avenir à Véronique Durenne, tandis que Michel Pecquereau a été exclu de la coalition MR-PS. Au soir du scrutin, les écarts se resserrent : avec près de 46%, l’opposition sortante décroche 8 sièges, tandis que Cel’Avenir convainc 51,2% des électeurs et conservent 9 sièges. En interne cependant, Véronique Durenne (559 vp) est dépassée par Yves Willaert (tendance PS, 652 vp) et par Michaël Busine (MR, président du CPAS, 566 vp), tandis que Jean Delestrain, leader de l’opposition, réalise 812 vp. Il était écrit que, comme la précédente, la législature communale 2018-2024 ne manquerait pas de sel… Une échevine et un bourgmestre écartés pour ennuis judiciaires dès 2018 et 2020, des conseillers communaux qui siègent comme indépendants, faisant ainsi la pluie et le beau temps puisqu’une voix suffit pour changer de majorité, sans oublier le confinement dû à la Covid-19 et la contestation de décisions prises par le Collège via ses pouvoirs spéciaux, tout cela conduit à un bouleversement majeur de la vie politique locale. Le cartel MR-PS explose en effet, les socialistes sont mis sur la touche et le MR s’allie avec Objectif Citoyen (été 2020), tandis qu’une échevine exclue du MR et passant chez les Engagés (2024) ponctue six années particulièrement riches en rebondissements. Ayant tiré les leçons du scrutin de 2018, Véronique Durenne a siégé comme conseillère communale, tout en poursuivant son mandat à Namur.

Au début de la législature 2014-2019, la députée wallonne avait déposé, avec d’autres libéraux, une proposition de décret spécial portant sur la réforme des circonscriptions électorales wallonnes. Elle obtient satisfaction puisqu’en raison d’un arrêt de la Cour constitutionnelle de novembre 2015 destiné à rééquilibrer la répartition des sièges entre les circonscriptions, un accord est conclu entre tous les partis, faisant passer les circonscriptions de 13 à 11, le décret spécial wallon du 25 janvier 2018 redéfinissant notamment une « nouvelle » circonscription électorale de Tournai-Ath-Mouscron (élargie aux trois communes d’Enghien, Lessines et Silly), qui continue d’envoyer sept représentants à Namur.

C’est dans cette circonscription qu’elle se présente le 26 mai 2019, en tant que première suppléante sur la liste MR emmenée par Jean-Luc Crucke (18.400 vp) et Alice Leeuwerck (3.799 vp). Réunissant 2.908 vp, Véronique Durenne bénéficie de l’effet dévolutif de la case de tête pour conserver son statut de première suppléante. Or, le taux de pénétration obtenu par Alice Leeuwerck ne lui permet pas d’exercer ses deux mandats, communal et régional. Avant même l’installation du Parlement wallon (5 juin 2019), la bourgmestre de Comines-Warneton renonce à siéger à Namur et c’est Véronique Durenne qui la remplace pour toute la durée de la législature. Rapporteuse des Commissions de vérification des pouvoirs réunies, elle est membre de la Commission Emploi-Action sociale-Santé et de la Commission égalité des Chances entre les Hommes et les Femmes, tout en siégeant au Comité « Mémoire et démocratie » (2019-2024) qu’elle préside à partir de la rentrée parlementaire 2020. Crise de la Covid-19, inondations, flambée du prix de l’énergie marqueront une législature wallonne où la majorité PS-MR-écolo s’efforce de définir et de lancer un ambitieux Plan wallon de Relance, tout en veillant à la maîtrise du budget et des dépenses publiques. Parmi les dossiers portés par Véronique Durenne, figure en bonne place une meilleure prise en charge de l’endométriose.

Dans le cadre de la surveillance de l’épidémie Covid-19, avec ses collègues Sabine Roberty (PS), Mourad Sahli (PS), Anne Laffut (MR), Laurent Heyvaert (écolo) et Stéphane Hazée (écolo), elle fait adopter un décret qui organise la communication entre la cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ, le Centre régional de crise et les pouvoirs locaux, et permet la mise en place d’équipes mobiles, chargées de prendre des mesures en cas de détection de foyer de contamination (mi-octobre 2020). Au Sénat, où elle représente la Wallonie depuis sa désignation en juillet 2019, elle contribue notamment à la rédaction de l’important rapport d’information sur les violences obstétricales et gynécologiques.

Soutien de Georges-Louis Bouchez lors de son élection à la présidence du MR (automne 2019), Véronique Durenne est à nouveau première suppléante, le 9 juin 2024, sur une liste du MR conduite désormais par Marie-Christine Marghem et Vincent Palermo. Avec 3.404 vp, meilleur score des suppléants, elle améliore son résultat personnel de 2019, tandis que le MR (28,44%) progresse de 6,75%, conserve deux élus à Namur et devient la première force politique de Wallonie picarde, devant le PS.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Celles (2006-) 
Échevine (2006-2012)
Bourgmestre (2012-06/2014)
Députée wallonne (2014-2024)
Bourgmestre empêchée (06/2014-2018)
Sénatrice de Wallonie (07/2019-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont La DH, 1er décembre 2012 et 13 janvier 2016
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://veroniquedurenne.be/

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)