Fourny Dimitri

Politique, Député wallon

Libramont 28/04/1972

Député wallon : 2004-2009 ; 2009-2014 ; 2014-2019

Licencié en Droit diplômé de l’Université catholique de Louvain, avocat, Dimitri Fourny est élu conseiller communal de Neufchâteau en octobre 1994 sur une liste du PSC et, dès le 1er janvier 1995, en plus de siéger au Conseil communal, il est conseiller du CPAS, puis l’un des principaux animateurs de l’opposition. Dès 2004, il se présente en candidat bourgmestre pour recueillir la succession de Nelly Gendebien : la fin de législature est très agitée et, finalement, avec 8 élus sur 17, la liste cdH de D. Fourny loupe son objectif, les trois autres listes concluant un pacte de majorité qui confine Fourny dans l’opposition. En octobre 2006, avec 1.105 vp, il est déjà le principal rival du bourgmestre MR Yves Evrard (1.103 vp).

Le 13 juin 2004, Dimitri Fourny est parvenu à se faire élire, non sans mal, au Parlement wallon ainsi qu’au Parlement de la Communauté française. Membre de plusieurs commissions, dont les commissions spéciales Francorchamps, Immo-Congo et AWIPH, le député chestrolais est rapidement remarqué au sein de l’assemblée wallonne où il se fait un ardent défenseur des dossiers de « sa » province. Au cours de la législature, il aura posé plus d’un millier de questions. Le 7 juin 2009, les électeurs de la circonscription de Neufchâteau-Virton prolongent son mandat à Namur. Quant à son parti, le cdH, il le choisit comme l’un des dix sénateurs de communauté francophones. En octobre 2011, il tente de lancer un Groupe de convergence wallonne, avec trois autres députés des partis traditionnels.

Très actif tant au Parlement wallon comme mandataire de la majorité et membre de plusieurs commissions, qu’à Neufchâteau comme leader de l’opposition, il parvient, en octobre 2012, à renverser la majorité chestrolaise d’Yves Evrard (1.576 vp). Avec 10 sièges sur 19, la liste de Dimitri Fourny (1.671 vp) dispose de la majorité absolue et il devient le nouveau maïeur de Neufchâteau. En raison de l’incompatibilité des mandats, il renonce à siéger au Sénat. Quant à sa réélection comme député wallon le 25 mai 2014, elle se réalise avec un tel taux de pénétration qu’il peut continuer de siéger au Parlement wallon, tout en exerçant conjointement ses responsabilités communales (conformément au décret spécial wallon sur le cumul du 9 décembre 2010). Partisan d’une utilisation maximale de ses compétences par la Wallonie, D. Fourny défend ardemment la place et les intérêts de la province de Luxembourg et de la ruralité en son sein (mobilité, développement économique, etc.). Lors de la formation de la majorité régionale PS-cdH à l’été 2014, la présidence du groupe cdH au Parlement wallon lui est confiée.

Avec Edmund Stoffels, il est identifié comme le plus actif député wallon de la majorité par Le Vif (avril 2017). Son nom figure au bas d’une soixantaine de propositions de décret, résolution ou motion portant sur le bien-être animal (par exemple, interdiction de l’élevage d’animaux à fourrure en Wallonie), le fonctionnement des intercommunales, la responsabilisation des auteurs de grèves sauvages, contre la privatisation de Belfius, pour l’instauration d’une consigne sur les canettes, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la pénurie des médecins en zone rurale, l’accueil des réfugiés de guerre en Wallonie, le logement Kangourou, la liaison RER, la filière photovoltaïque, la lutte contre les logements insalubres, etc. La signature du Ceta sous conditions et la lutte contre le dumping social figurent aussi parmi ses préoccupations. Il vote par conséquent la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la crise internationale qui s’en est suivi, il porte avec Christophe Collignon le projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). En mars 2016, il fait voter une proposition de résolution visant à la réouverture de la liaison Thalys sur la dorsale wallonne (avec Véronique Salvi, Christophe Collignon, Philippe Henry, Christie Morreale et Stéphane Hazée).

Membre de la Commission Pouvoirs locaux-Logement-Énergie, de la Commission Budget-Fonction publique, de la Commission mixte Assemblée nationale du Québec-Parlement de Wallonie, il siège aussi dans le Groupe de travail sur la réforme du CoDT qui conclut au texte finalement adopté à l’été 2016. Il est aussi du Groupe de Travail relatif aux Finances communales. Co-initiateur de la Commission spéciale relative au Renouveau démocratique dont il fait partie (mai 2015-30 avril 2019), il mène, avec onze collègues PS, MR et cdH, une réflexion sur les mesures de bonne gouvernance à mettre en œuvre au niveau régional ou local, visant notamment à améliorer tant la démocratie représentative que la démocratie participative. Il dépose d’ailleurs une proposition de décret spécial, avec Christophe Collignon, visant à instituer la consultation populaire au niveau régional et plaide en faveur du vote panaché. Il fait aussi partie du « Groupe travail sur le thème de la consultation populaire » (2017-2019). à la suite de ces travaux, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures à la suite des travaux de cette Commission, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie.

Du 16 février au 3 juillet 2017, le très actif porte-parole du cdH est l’un des vice-présidents de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du Groupe PUBLIFIN. Avec Christophe Collignon, il en avait d’ailleurs fait la demande de création au Parlement de Wallonie. Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen entendent et interrogent, au moins une fois, 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport final de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé en séance plénière du Parlement de Wallonie par 69 des 70 députés présents, seul l’ancien ministre Paul Furlan, juge et partie dans ce dossier, estimant devoir s’abstenir (12 juillet 2017).

Ardent défenseur de l’appel du 19 juin 2017 lancé par Benoît Lutgen et visant à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, il est l’un des quatre signataires cdH qui, avec quatre députés MR, déposent la motion de défiance constructive qui est adoptée le 28 juillet et qui scelle le sort du gouvernement Magnette ; c’est une première dans l’histoire politique de la Wallonie. À la suite des remaniements politiques de l’été, il reste le chef de groupe cdH au Parlement de Wallonie et, dès septembre, il dépose, avec Jean-Paul Wahl, Olivier Destrebecq et Benoît Drèze, une proposition de résolution chargeant la Cour des comptes de réaliser un état des lieux des finances publiques wallonnes (adoptée le 6 septembre).

Vice-président de la sous-Commission du contrôle des licences d’armes (2019), membre de la Commission du Budget, de l’énergie et du Climat, et de la Commission des Pouvoirs locaux, du Logement et des Infrastructures sportives, le député Fourny dépose plusieurs projets de décret dans les domaines de l’aménagement du territoire, du climat, de l’environnement, du logement et de la démocratie. Favorable à l’organisation de consultations populaires régionales, désireux d’imposer une consigne sur les canettes, attentif à la défense des zones rurales et à faire disparaître les zones blanches, il fait notamment adopter un décret imposant l’alternance des genres des candidats aux élections pour le Parlement de Wallonie (décembre 2018). Il adopte aussi le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre Di Antonio (3 octobre 2018), le législateur faisant de la Wallonie une région pionnière. 

Le 26 mai 2019, lors du triple scrutin régional, fédéral et européen, il ne figure sur aucune liste du cdH, car, depuis le 25 mars, il a renoncé à son mandat de chef de groupe au Parlement de Wallonie et à se représenter devant les électeurs, en raison d’un soupçon de fraude électorale lors du scrutin communal de 2018 à Neufchâteau.

Dans la cité chestrolaise, la bataille entre Yves Evrard et Dimitri Fourny (bourgmestre depuis 2012, pour 140 voix) est à couteaux tirés depuis le début du millénaire au point que ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des deux leaders locaux présentent une liste citoyenne sous le nom de « 3e liste », en octobre 2018. Cette fois, 246 voix séparent « Agir Ensemble » (Fourny, 10 sièges) de « Pour Vous » (Evrard, 8 sièges), tandis que la 3e liste obtient un élu, le dernier siège entre la liste des deux leaders se jouant à 16 voix près. Très vite des suspicions de fraude sont évoquées. Les deux leaders contestent le résultat et la Justice s’empare de l’affaire, inculpant une vingtaine de personnes dont Dimitri Fourny. Sans attendre les conclusions judiciaires, le gouverneur invalide le scrutin communal et fixe au 17 juin 2019 le retour aux urnes. Les acteurs sont les mêmes, mais les résultats sensiblement différents. En reculant de 142 voix, Agir Ensemble perd son 10e siège au profit de Pour Vous (qui a glané 15 voix supplémentaires). Faiseur de roi, la « 3e liste » opte pour un pacte de majorité avec Yves Evrard qui, finalement, en accédant au Parlement de Wallonie, laissera à Michelle Mons delle Roche la gestion du Collège communal à partir de mai 2020. La démission de la bourgmestre – en désaccord avec son groupe – et sa décision de siéger comme indépendante ébranleront à nouveau la vie chestrolaise (15 octobre 2021), car la coalition ne dispose plus de la majorité. Une nouvelle alliance est alors conclue par la 3e liste et Agir Ensemble qui attribue à l’ancien échevin François Huberty les fonctions de bourgmestre (novembre 2021).

Quant à Dimitri Fourny, il est resté bourgmestre jusqu’en mai 2020, le temps que tous les recours soient analysés. Il a remis sa démission de conseiller communal en avril 2021. Poursuivant ses activités d’avocat, investissant dans La Vieille Ferme à Chassepierre (2020), il annonce alors vouloir tourner définitivement le dos à la politique. La page chestrolaise s’achève pour lui par une longue procédure en justice : le 22 mai 2023, le tribunal correctionnel de Mons prononce, en première instance, une triple peine, notamment de dix ans d’inéligibilité ; le 10 avril 2024, la Cour d’Appel de Mons confirme sa culpabilité, mais réduit toutes les peines de moitié, ce qui conduit Dimitri Fourny à se pourvoir en Cassation.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Neufchâteau (1995-04/2021)
Député wallon (2004-2019)
Sénateur de communauté (2009-2012)
Bourgmestre (2012-05/2020)
Chef du groupe cdH au Parlement de Wallonie (2014-03/2019)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 254
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-06/2024, dont Le Soir, 22 mai 2023 ; La DH, avril 2024
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2021)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2004 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures