Gardier Charles

Politique, Député wallon

Verviers 22/09/1965

Député wallon : *2017-2019 ; *2019-2024 ; 2024-

Durant l’été 2017, suite à l’appel du 19 juin du président du cdH, Benoît Lutgen, à ne plus gouverner avec les socialistes, les institutions wallonnes vivent un moment historique : la majorité PS-cdH est renversée au Parlement de Wallonie, faisant tomber le gouvernement wallon dirigé par Paul Magnette. En écartant le PS, le cdH donne les clés de l’Élysette au MR. Dans le nouvel exécutif piloté par Willy Borsus, Pierre-Yves Jeholet est nommé vice-président du gouvernement wallon et doit abandonner son siège de député wallon. Son suppléant dans la circonscription de Verviers, Charles Gardier, lui succède.

Pour ce dernier, il ne s’agit cependant pas d’un premier mandat parlementaire. Lors du scrutin du 25 mai 2014, où il était déjà premier suppléant, il a bénéficié de la prestation de serment en allemand de la députée wallonne Jenny Baltus-Möres pour siéger au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en vertu de la jurisprudence introduite par André Damseaux dès la première élection directe du Parlement wallon, le 21 mai 1995. à ce moment-là, les libéraux verviétois Fred Evers et Houssa (24%) avaient emporté deux des six sièges attribués à la circonscription de Verviers. Fred Evers avait prêté serment en allemand et refusé de siégé au Conseil de la Communauté française ; André Damseaux l’y avait remplacé. Par la suite, bien qu’en progression (25,6%), le PRL avait perdu un siège en 1999, sans parvenir à le récupérer aux deux scrutins suivants (25,5% en 2004 et 25,6% en 2009). En explosant la barre des 30%, le MR verviétois de 2014 réussit à retrouver deux sièges. à ces campagnes régionales, Charles Gardier participe depuis 2004 : 2e suppléant (4.351 vp) d’abord, il devient 1er suppléant en 2009 (5.432 vp) et 2014 (4.533 vp). Lors du scrutin fédéral du 10 juin 2007, il avait accepté la 13e place au Sénat (20.332 vp), lors d’un scrutin où le MR décrocha 6 sénateurs directs. Mais jusque-là, le patron des Francofolies de Spa avait surtout été un acteur de la vie politique municipale.

Élu pour la première fois conseiller communal en octobre 1988, ce Spadois qui a accompli ses humanités classiques à l’Athénée local, avant de décrocher un graduat en Gestion hôtelière et Tourisme à l’actuelle Haute École Charlemagne, multiplie les expériences professionnelles dans la gestion hôtelière et l’organisation d’événements culturels, à l’instar de son père l’un des créateurs des Crêtes de Spa. Sa présence en 1988 sur une liste libérale résulte d’une invitation qui lui est lancée par Joseph Houssa. Cet assureur devenu bourgmestre de Spa en 1983 nourrit une multitude de projets pour la ville d’eaux, depuis qu’il a réussi à former une coalition PRL-PS qui a rejeté le PSC de Jean Winandy dans l’opposition. Depuis lors, le maïeur libéral de Spa met l’accent sur le redéploiement du thermalisme privé et la revitalisation du tourisme. D’octobre 1988 à octobre 2012, la liste de Joseph Houssa sur laquelle figure désormais Charles Gardier ne va cesser de voler de succès en succès. Décrochant in extremis la majorité absolue en 1988 (11 sur 21), le PRL s’allie cependant au PS, une alliance confortée en 1994 (14 PRL + 4 PS) et en 2000 (12 PRL+5 PS). En octobre 2006, alors que le MR retrouve 14 sièges (53,5%), Joseph Houssa se tourne vers le cdH (2 s., 12,7%) ; et six ans plus tard, entamant son sixième mandat, Joseph Houssa conforte encore sa majorité absolue (55,2%) et le MR (13) conclut un pacte de majorité avec la liste S.P.A. (3).

Désigné comme administrateur délégué de l’Office du Tourisme, du Thermalisme et des Fêtes de Spa durant la durée de son premier mandat communal (1988-1994), Charles Gardier entre dans le Collège échevinal dès janvier 1995, en charge du Tourisme, de la Jeunesse et des Sports. Celui qui devient Premier échevin en 2000 (864 vp) élargit ses compétences en accueillant l’Information (2001-2006), ainsi que les Classes moyennes, le Thermalisme et l’Emploi (2007-2012) (924 vp). Il entame la législature 2013-2018 comme second échevin (734 vp), conservant ses « compétences historiques » jusqu’en juillet 2017, moment où il prête serment comme député wallon. À l’instar du maïeur et de son Collège, l’échevin Gardier contribue au développement de la Cité des Bobelins, avec ses hauts et ses bas, et le succès de projets comme l’inauguration des Thermes (2004), l’installation de l’Office du Tourisme dans le site rénové du Pouhon Pierre Le Grand (2012), la création de la Maison de la Jeunesse (2012), ou encore l’évitement du centre par le charroi de Spa-Monopole et l’aménagement des accès et du centre de Spa, tout en multipliant l’offre touristique (promenades, expositions, événements comme l’arrivée du Tour de France, etc.).

Une des raisons de son entrée en politique résulte de son intention de renouer avec le passé musical de Spa et les années du Festival international de la chanson française qui placèrent la cité thermale sur la carte des grands rendez-vous musicaux. Avec Jean Steffens, Charles Gardier est l’un des principaux créateurs et directeurs d’un nouveau projet lancé en 1994, les Francofolies, dont le succès ne va cesser de croître, en rassemblant chaque année les plus belles affiches de la variété française, tout en se diversifiant (Franc’Off, Village francofou, appli Francos, club business, espace VIP, etc.). On retrouve aussi Charles Gardier dans le lancement du Bel’Zik Festival, projet mené à Herve par P-Y. Jeholet depuis 2004, et dont Gardier est le directeur artistique. En 2023, Charles Gardier cède sa casquette de directeur des Francofolies (à Yoann Frédéric) et endosse le rôle de programmateur.

Au regard de ses occupations professionnelles et de ses centres d’intérêt, Charles Gardier s’est senti chez lui en prêtant serment de député au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en juillet 2014 : Jeunesse, Médias, Tourisme, Culture sont les compétences communautaires dont il se saisit en priorité, depuis les bancs de l’opposition. Dans l’opposition, il restera à la Fédération W-B jusqu’au terme de la législature, présidant la commission de la Culture et de l’Enfance (10/2017-2019). Mais à partir de juillet 2017, quand il prête serment au Parlement de Wallonie, c’est en tant que député de la majorité qu’il est appelé à siéger à Namur. Avec leur nouvelle et très courte majorité (38 sièges sur 75), MR et cdH s’attachent à voter une série de mesures destinées à montrer le changement de cap imprimé à la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision », modification de grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matières de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. à Namur, Charles Gardier est membre de la Commission Agriculture-Tourisme-Patrimoine (2017-2019). Ayant fait adopter un décret accordant le titre de ville à la commune de Spa (juillet 2018), le député wallon adopte aussi le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018). 

Il est à remarquer que Charles Gardier est l’un des rares députés wallons en activité (avec Sabine Laruelle), porteur du titre de Chevalier du Mérite wallon (promotion 2013).

Sa désignation en juillet 2017 a entraîné un jeu de chaises musicales. En occupant le siège de P-Y. Jeholet au Parlement de Wallonie, Charles Gardier a libéré le mandat francophone lié à Jenny Baltus et qu’est venu occuper le bourgmestre de Welkenraedt, Jean-Luc Nix. Quant à son mandat d’échevin de la ville de Spa, Charles Gardier s’est dit empêché ; il était en charge du Tourisme et du Thermalisme. Un peu en retrait de la politique communale spadoise, Charles Gardier pousse néanmoins la liste MR emmenée par Sophie Delettre en octobre 2018 : le défi est de taille, puisqu’il faut assurer la succession de Joseph Houssa, absent du scrutin pour la première fois depuis quarante ans. En recul de 11,4%, le MR parvient néanmoins à sauver sa majorité absolue (11 sièges, -2), Gardier réalisant le 5e score de sa liste (450 vp) et le 7e tous partis confondus. Conseiller communal de la ville de Spa, il se positionne à nouveau comme premier suppléant au scrutin régional du 26 mai 2019 dans la circonscription de Verviers. Emmené par P-Y. Jeholet, le MR réalise l’un de ses meilleurs scores depuis 1995. Dans un premier temps, Charles Gardier (4.427 vp, 6e score tous partis confondus) devient à nouveau député communautaire, suite à la prestation de serment en allemand de Christine Mauel à Namur. Dans un second temps, quand Jeholet est désigné à la présidence du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Charles Gardier le remplace au Parlement de Wallonie (septembre), lui-même laissant le demi mandat de député communautaire à Stéphanie Cortisse.

D’emblée, le député wallon est désigné à la présidence de la Commission Affaires générales-Relations internationales, et comme membre de la sous-Commission de Contrôle des licences d’armes (2019-2024) et de la Commission Fonction publique-Tourisme-Patrimoine (2019-2023). Durant la législature, il fait notamment adopter une politique ambitieuse de végétalisation des bâtiments publics et de leurs abords dans le cadre de la stratégie immobilière 2020-2024 et porte une proposition de résolution en faveur de l’indépendance de Taïwan. Comme ses collègues de la majorité, le député exerce son contrôle sur les décisions du gouvernement wallon durant la période de la Covid-19, soutient l’évolution du Plan wallon de Relance, tout en devant tenir compte des conséquences des inondations de l’été 2021, de celles de l’offensive russe contre l’Ukraine et de la crise énergétique de l’automne 2022. Davantage que ses collègues, l’organisateur d’événements culturels s’inquiète et subit les mesures imposées par le confinement, et parvient à relancer concerts et festivités dès le printemps 2021. Du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Charles Gardier est le porte-parole du MR dans la défense d’un projet visant à établir un véritable statut de l’artiste en Fédération Wallonie-Bruxelles ; il se positionne aussi en faveur de l’augmentation des quotas de diffusions d’artistes « belges francophones » sur les ondes des médias publics.

D’octobre 2023 à février 2024, le député wallon consacre plusieurs journées dominicales pour suivre les travaux de la première Commission délibérative citoyenne (30 citoyens tirés au sort et 10 députés) qui se conclut par une quarantaine de recommandations destinées à approfondir la participation citoyenne. 

Auteur d’une autobiographie, Réenchanter le monde. Des Francofolies au Parlement (2022), il monte sur scène dans un spectacle personnel, Gardier en thérapie, Francos & autres folies, qu’il présente pour la première fois à la Courte échelle (Liège), en 2022. 

Le 9 juin 2024, il est la tête de liste du MR dans la circonscription de Verviers, sollicitant des électeurs le renouvellement de son mandat de député wallon. Avec près de 34% (+8,25%), le MR réalise son meilleur résultat dans la circonscription depuis le 21 mai 1995, réunissant les voix de plus de 53.000 électeurs et confirmant ses deux élus. Avec 10.918 voix de préférence, Charles Gardier n’égale pas les résultats personnels antérieurs de P-Y. Jeholet, mais il est le meilleur faiseur de voix « verviétois » en 2024.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Spa (1988-)
Échevin (1994-07/2017)
Député de la Fédération Wallonie-Bruxelles (07/2014-)
Député wallon (07/2017-2019)
Échevin empêché (07/2017-2018)
Député wallon (09/2019-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La Libre, 29 octobre 2014 
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2024)
https://www.vedia.be/emission/lalbum/lalbum-charles-gardier/110193
http://www.gardier.be/ (s.v. décembre 2017)
https://www.vedia.be/www/video/info/littye-rature/charles-gardier-cofondateur-des-francos-coecrit-le-monde-de-demain_105641_89.html
https://www.rtbf.be/article/parlement-wallon-des-citoyens-travaillent-avec-des-parlementaires-en-commission-deliberative-11312691?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR0VF3dzGd_vSejppQVDIAobgv8CbpSmQ2n5wkbHLpY6HQV04ZrYYwOwqZ4_aem_ZmFrZWR1bW15MTZieXRlcw 
https://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2023_2024/RAPPORT/1605_1.pdf 
Charles Gardier, Réenchanter le monde. Des Francofolies au Parlement, 180° éditions, 2022