Giet Léon
Fonction publique
Sprimont 17/05/1929, Liège 21/03/2003
Procureur général de Liège de 1979 à 1996, ce magistrat marque l’histoire wallonne des années 1980 et 1990 en raison des nombreuses affaires qu’il eut à traiter et en particulier l’assassinat d’André Cools et l’enlèvement de Julie et Mélissa.
C’est dans la région de Sprimont que le jeune Léon Giet grandit ; son père, employé communal, allait devenir le Secrétaire communal de la localité. Dans la cité de la pierre et malgré la guerre, il suit les cours de l’École communale, avant de mener ses humanités à l’Athénée de Chênée, puis d’entreprendre des études de Droit à l’Université de Liège. Docteur en Droit au début des années 1950, il entame sa carrière à Bruxelles comme juriste au ministère de la Prévoyance sociale, avant d’entrer dans la magistrature liégeoise au milieu des années 1960.
Juge de paix suppléant à Grivegnée, juge au Tribunal de première instance de Liège (1965-1970), il préside ensuite le Tribunal du Travail, participant à la création de la juridiction qui remplace les anciens conseils de prud’homme (1970-1979). Après quatorze années de tribunaux correctionnels, il est nommé au parquet général, ce qui constitue le chemin traditionnellement inverse dans la profession. Quand il est désigné en 1979 par le ministre de la Justice, il est le plus jeune procureur général jamais nommé dans le pays. Il se retrouve à la tête de la politique criminelle liée à la moitié de la Wallonie (les provinces de Liège, Luxembourg et Namur sont de son ressort qui s’étend le long de quatre frontières) ; sous les ordres du « patron » se trouvent 9 arrondissements, 9 parquets, 9 procureurs du roi.
Durant ses dix-sept années de service, une multitude de dossiers vont passer entre ses mains ; plusieurs furent particulièrement médiatisés : une série d’affaires liées au nom de Guy Mathot (1984), un attentat à l’explosif contre le Palais de Justice de Liège (1986), l’évasion d’un truand liée à l’assassinat du bâtonnier Henry en pleine audience (1987), la prise d’otages de Tilff (1989), l’affaire dite des horodateurs de la ville de Liège qui emporta le bourgmestre en fonction (1990), la cavale meurtrière de Bourgard et Muselle (1992)… L’assassinat d’André Cools en 1991, qui était un de ses amis de longue date, le toucha profondément. En juillet 1992, il met sur pied la « cellule Cools », faisant émerger les Affaires Smap et Augusta ; la phase décisive du procès Cools se déroulera quelques semaines après la disparition du procureur. Dans ce dossier, personne n’a cependant encore répondu à son exhortation restée célèbre : « Que ceux qui savent parlent ! ».
Les derniers mois de la carrière du procureur seront particulièrement secoués. En juin 1995, Léon Giet ouvre le dossier Julie et Mélissa, mais réserve dans un premier temps les pièces du dossier d’instruction à la Justice. Mis sous pression par les parents Russo et Lejeune, il finit par leur accorder un accès partiel au dossier. Dans le même temps, le procureur général voit ses bureaux privés et professionnels perquisitionnés : suspecté de fuites vers la presse, il sera finalement blanchi. Il recevra par contre un blâme de la Cour de Cassation pour avoir reçu un journaliste dans son bureau une semaine après l’assassinat d’André Cools. Faisant preuve d’une liberté d’esprit certaine, il avait notamment dénoncé les trop faibles moyens de la Justice et le caractère obsolète de la Cour d’Assises.
Président des Amis de l’Opéra de Wallonie depuis 1990, Léon Giet a pris à cœur d’exercer cette responsabilité lorsque l’Opéra a été confronté à d’importants problèmes financiers et lorsque Raymond Rossius cherchait des soutiens actifs. Administrateur de plusieurs cercles culturels, Léon Giet y apporta une réelle contribution au développement d’activités et à la défense de la pérennité de ces importantes institutions. Chaque année, il remettait notamment le trophée Grétry à de jeunes artistes lyriques, ainsi que des prix au Concours international de Chant de Verviers. C’est en quittant une représentation du Trouvère de Verdi qu’il succomba à un arrêt cardiaque.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, en particulier L’Avenir du 20/05/1996, La Nouvelle Gazette-La Province, Le Soir, La Libre des 21 et 22/03/2003
Paul Delforge