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Godenne Alphonse

Conception-Invention, Culture, Edition, Littérature

Namur 08/06/1819, Malines 04/12/1870

Depuis le milieu du XIXe siècle, les Godenne sont imprimeurs à Namur et défendent la pratique du wallon. Ce sont deux frères, Alphonse (1819-1870) et Paul (1826-05/02/1896) Godenne qui créent cette activité sans avoir d’antécédents familiaux dans le domaine. Leur grand-père, Adrien-Joseph, exerçait dans la coutellerie. À l’instar de ses frères, leur père, Jacques-Philippe (1785-1857), s’est quant à lui engagé dans les armées de Napoléon ; plusieurs fois blessé, surtout lors de la bataille de Wagram, il est rentré à Namur avec le statut de grand invalide de guerre et y exerce la fonction de garde de la Porte de Jambes.

Curieux des arts et des techniques, Alphonse Godenne se passionne pour l’imprimerie et va mettre au point un procédé d’impression simultanée des couleurs, procédé qui révolutionna l’art du livre. Lors de l’Exposition universelle de 1855, deux presses mécaniques de l’invention d’Alphonse Godenne sont exposées. Fort de cette invention et de ses brevets, Alphonse Godenne est engagé, à Malines, chez l’imprimeur pontifical P-J. Hanicq. En 1849, il quitte Namur pour la cité brabançonne où il s’établit avec sa famille. À la mort de Hanicq, l’imprimerie est dirigée par la famille Dessain au service de laquelle Godenne restera jusqu’à sa mort.

Un lien continue à le relier à Namur et à la Wallonie : son frère, d’une part, qui a établi une imprimerie, et la Société du Moncrabeau, d’autre part. Alphonse Godenne continue en effet de cultiver la langue wallonne. En 1867, il compose Li Brabançonne Moncrabeautienne, son œuvre la plus réussie. À Malines, il devient aussi le régisseur de la société Les Musophiles et est l’auteur d’une cantate interprétée, en 1854, lors de l’inauguration de la statue de Marguerite d’Autriche.

Son fils, Léopold, poursuivra toutes les activités familiales, l’imprimerie et la pratique du wallon, en leur donnant une dimension plus importante encore. Quant à Paul(-Gérard), son frère, il a établi une imprimerie à Namur, en 1869, qui restera propriété des Godenne jusqu’en 1955. Les machines utilisées étaient parmi les plus perfectionnées de l’époque. Membre probable de la Société de Moncrabeau, il en a écrit l’histoire des 25 premières années ; son fils, Jacques, s’en inspirera plus tard. Animateur du journal La Marmite, Paul Godenne est aussi l’initiateur, à Namur, du premier Aurmonaque de la cité mosane (1865). Dans ce calendrier annuel qui paraîtra jusqu’à la fin du siècle, on trouve, notamment, en 1883, la première publication de la chanson Vive Nameur po tot, de l’abbé Dethy.

Sources

Lucien MARÉCHAL, dans La Vie wallonne, 1922, p. 89-91
Oscar COLSON, La mort de La Marmite, dans Wallonia, t. XIII, 1905, p. 70-71
André-Marie GOFFIN, dans Françoise JACQUET-LADRIER (dir.), Dictionnaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur wallon, n° spécial 3-4, 1999, p. 107
Félix ROUSSEAU, Propos d’un archiviste sur l’histoire de la littérature dialectale à Namur, 1ère partie, « Des origines à 1880 », dans Les Cahiers wallons (Namur), 1964, n°1-2-3, p. 80, 84-85, 101 ; 2e partie, « 1880-1965 », 1965, n°1-2-3, p. 6-22
Paul COPPE et Léon PIRSOUL, Dictionnaire bio-bibliographiques des littérateurs d’expression wallonne (1622-1950), Gembloux, Duculot, 1951, p. 179-180
Émile BROUETTE, dans Biographie nationale, t. 34, col. 414-416