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Gravis Alphonse

Politique

Péronnes-lez-Binche 10/12/1859, Péronnes-lez-Binche 22/08/1914


Durant la Grande Guerre, plusieurs bourgmestres de localités wallonnes ont été passés par les armes allemandes au cours des journées d’août 1914. Bourgmestre de Péronnes-lez-Binche et ancien parlementaire catholique, Alphonse Gravis est l’un de ceux-là.

Fils d’agriculteur et agriculteur lui-même, Alphonse Gravis avait manifesté très jeune un goût pour la politique. En 1887, il était élu conseiller communal et l’année suivante, alors qu’il n’avait pas encore trente ans, c’est lui que le roi désignait pour assumer les fonctions de bourgmestre de Péronnes-lez-Binche. Il conservera et sa majorité et sa fonction à la tête de l’hôtel de ville de Péronnes jusqu’à son décès tragique, en 1914 : le 22 août, il est fusillé par les soldats allemands.

Lors de l’importante « Bataille des Frontières », la Sambre est un objectif majeur pour les troupes françaises comme pour les troupes allemandes. Les 20 et 21 août, la Ve armée française tente d’installer un long rideau entre Namur et Charleroi, mais l’offensive allemande est telle qu’après des combats violents faisant des centaines de morts dans les deux camps, l’ordre de repli est donné dans les rangs français. Sur l’aile ouest des forces alliées, dans la bataille de Mons, une avant-garde anglaise parvient à stopper l’invasion allemande à hauteur de Péronnes ; du moins pendant quelques heures. Entre les deux armées, les populations civiles sont malmenées. Péronnes-lez-Binche n’y échappe pas.

Les Allemands accusent beaucoup de pertes dans leurs rangs quand ils s’emparent de Péronnes.  De surcroît, ils découvrent le corps allongé d’un officier tué juste devant la maison du bourgmestre. Les représailles sont immédiates. Des passants sont abattus sur le champ. Des maisons sont incendiées. Accusés d’avoir tué l’officier allemand, Alphonse Gravis et un de ses domestiques sont froidement exécutés sur la place du Marché, devant le perron de la maison communale, sans aucun jugement ni procédure judiciaire. De surcroît, sa ferme sera incendiée. L’annonce de cette exécution – qui n’est pas la seule en pays wallon – choque profondément l’opinion, car au-delà de la disparition d’un homme, c’est non seulement à un bourgmestre en fonction que s’en sont pris les envahisseurs, mais aussi à un ancien parlementaire.

En mai 1904, Alphonse Gravis avait été élu député dans l’arrondissement de Soignies. Traditionnellement tourné vers le parti libéral, cet arrondissement avait envoyé des candidats du POB lors du scrutin de 1894. En 1900, le Parti catholique y obtenait son premier élu depuis 1886 et, en 1904, Gravis contribuait au retour du parti catholique, en décrochant un deuxième siège dans l’arrondissement de Soignies. Particulièrement actif dans les dossiers relatifs à l’agriculture, Gravis représente le parti catholique sur les bancs de la Chambre des représentants jusqu’au scrutin du 2 juin 1912 ; à ce moment, le cartel des gauches reprend un siège aux catholiques et c’est Gravis qui en avait fait les frais.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge, 1894-1972, Anvers, 1972.
Paul-Clovis MEURISSE, Alphonse Gravis, Notre Pays, revue panoramique belge, n°5, 14 septembre 1919, p. 92
Paul VAN HOUTTE, Le crime de Guillaume II et la Belgique. Récits d'un témoin oculaire, Paris, 1915, p. 127