Hazée Stéphane
Politique, Député wallon
Liège 3/05/1975
Député wallon : *2012-2014 ; 2014-2019 ; 2019-2024 ; 2024-
Originaire de Beyne-Heusay, la terre d’une famille paternelle tournée vers l’agriculture, Stéphane Hazée fréquente les cours de l’Institut Saint-Amand, puis du Collège Saint-Louis et s’y révèle un élève brillant, plusieurs fois délégué de classe et déjà attentif aux enjeux écologiques. Grand lecteur, membre de WWF et de Greenpeace, l’adolescent adhère à Écolo (1993) en même temps qu’il s’inscrit en Sciences politiques à l’Université de Liège : co-président de la Fédé, membre de la FEF, il se retrouve à prendre une part active dans les mouvements étudiants qui, après les enseignants, se mobilisent contre les mesures décidées par les ministres de la Communauté française. En l’occurrence, Michel Lebrun entreprend la réorganisation des écoles supérieures et des universités, ainsi que de leur système de financement. Adopté en force par le Conseil de la Communauté française (21 octobre 1994), le « décret Lebrun » réformant le supérieur non universitaire est suspendu par la ministre-Présidente (31 octobre) et une consultation étroite des étudiants est organisée. Le décret-bis, rédigé en fin de législature, est finalement adopté durant l’été 1995, mais sans calmer le mouvement étudiant car les ministres Grafé puis Ancion ont encore sur la table la fusion des Hautes écoles, le (re)financement du supérieur, la hausse du minerval, l’introduction du numerus clausus en médecine et la question du redoublement (les étudiants bisseur/trisseur). Co-fondateur du cercle des étudiants en Sciences politiques, Stéphane Hazée achève brillamment ses licences (1997), puis obtient du FNRS le statut de chercheur pour mener une thèse de doctorat (1997-2001). Assistant à l’Université de Liège où il donne aussi des cours, Stéphane Hazée se penche sur les problématiques liées au service public, aux entreprises publiques et aux pouvoirs locaux.
Sollicité par Écolo qui vient de monter dans les majorités arc-en-ciel suite à ses succès électoraux du 7 juin 1999, il entre au Cabinet de José Daras, ministre wallon des Transports, de la Mobilité et de l’Énergie. En acceptant de remplacer Daniel Marchant (août 2001), il devient le Chef de Cabinet du ministre wallon et tourne le dos à une carrière scientifique. Le choix n’est pas dénué de risques car le scrutin régional du 13 juin 2004 confirme les résultats du scrutin fédéral de 2003 : les Verts sont en perte de vitesse et une réaction s’impose. Dans l’ombre de Jean-Michel Javaux, Stéphane Hazée est désigné secrétaire politique du groupe parlementaire Écolo à Namur, et prend aussi en charge le poste de directeur politique d’Écolo (2004-2009). Chef de Cabinet de la coprésidence Javaux/Durant, il contribue à la redynamisation des Verts. Installé à Namur, il est aussi désigné comme trésorier du Centre culturel de Namur.
Le 7 juin 2009, Stéphane Hazée est premier suppléant lors du scrutin wallon dans le Namurois (2.502 vp) ; le succès des Verts est historique et lorsqu’une majorité Olivier est pressentie, il est l’un des principaux acteurs Écolo dans les négociations pour former la nouvelle majorité wallonne PS-cdH-écolo. Il contribue à l’inscription de points importants du programme Écolo dans la Déclaration de politique régionale du gouvernement Demotte (décumul des mandats, plan emploi-environnement, 6e Pôle de compétitivité dans le Plan Marshall 2.vert, etc.). Lors du scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010, il est candidat au Sénat (7e suppléant, 6.530 vp), participant ainsi à la toute dernière élection directe de cette assemblée. Par ailleurs, et surtout, durant la très longue crise fédérale pour la formation d’un gouvernement belge (2010-2011), ce « sherpa » vert prend une part active dans la traduction des positions d’Écolo dans les travaux et réunions qui aboutissent à l’accord institutionnel d’octobre 2011 : réforme du Sénat, transfert des compétences vers les entités fédérées, etc. D’aucuns lui attribuent la petite idée qui a permis de débloquer enfin le dossier BHV.
Quand Émily Hoyos accède à la co-présidence d’Écolo (mars 2012), où elle remplace Jean-Michel Javaux, elle abandonne à la fois la présidence du Parlement wallon (où Patrick Dupriez la remplace) et son mandat de députée wallonne, appliquant ainsi les principes de son mouvement politique. Pour la remplacer à Namur, il est fait appel à son suppléant, Stéphane Hazée. L’éminence grise d’Écolo sort ainsi de l’ombre pour exercer son premier mandat politique ; le renforcement du rôle de Namur capitale figure dans ses priorités, comme la simplification des outils publics, la lutte contre le sous-régionalisme, la dissolution des provinces et la réforme des intercommunales. La crise de l’emploi dans la Basse-Sambre et la Sécurité routière sont aussi au cœur des nombreuses interpellations du parlementaire wallon qui est membre de la Commission Budget-Finances-Emploi-Formation et Sports et de la Commission Affaires intérieures-Tourisme. Il siège aussi au sein de la Commission spéciale relative à la mise en œuvre de la sixième réforme de l’état (2013-2014). Au sein du Parlement de la Communauté française, le nouvel élu s’intéresse particulièrement aux dossiers de l’enseignement namurois, de la fusion athénée-lycée à l’adoption du titre d’Université par les Facultés Notre-Dame de la Paix.
Tête de liste aux élections régionales du 25 mai 2014 dans la circonscription de Namur, Stéphane Hazée (3.304 vp) échappe au tsunami qui frappe Écolo dans toute la Wallonie : il est l’un des 4 députés verts du Parlement wallon, contre 14 en 2009. Malgré l’absence d’un groupe parlementaire Écolo officiel (il faut 5 élus au Parlement wallon), il est le chef de file des Verts à Namur. Ainsi qu’en témoigne une enquête réalisée par Le Vif et comme le confirment ses rapports d’activités, il se distingue par une très importante activité parlementaire, exerçant avec rigueur son pouvoir de contrôle du gouvernement et de législateur, avec plusieurs dizaines de propositions de décret et de résolution et des centaines de questions sur de nombreux thèmes dont l’environnement et la lutte contre le déclin de biodiversité. Parmi ses interventions figure aussi en première place l’ancien Cwatupe qui avait été remanié en profondeur pendant cinq ans par le ministre Écolo Philippe Henry et qui est devenu le CoDT au printemps 2014, avant de faire l’objet d’une relecture totale par la majorité PS-cdH issue des élections. Stéphane Hazée veille au grain des avancées écolo et utilise tous les moyens à la disposition d’un député wallon pour freiner la nouvelle rédaction, finalement votée durant l’été 2016, majorité contre opposition.
Obtenant le soutien de ses collègues députés wallons pour que soit élaboré un pacte énergétique national pour la transition énergétique (2015), il fait voter par ailleurs, en mars 2016, une proposition de résolution visant à la réouverture de la liaison Thalys sur la dorsale wallonne (avec Véronique Salvi, Christophe Collignon, Philippe Henry, Morreale et Dimitri Fourny). Dans le dossier CETA, il vote la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la brève crise internationale inédite qui s’en est suivi, considérant que la Wallonie aurait dû pousser plus loin son avantage, il manifeste son opposition au projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).
Durant cette législature d’opposition, il adopte néanmoins une série de dispositions comme par exemple en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 députés sur 69 présents) fait de la Wallonie une région pionnière en matière de protection animale. Membre du Groupe de travail sur la tutelle et le financement public des cultes par les autorités locales et régionales wallonnes (2016-2018), il fait partie des 69 députés wallons présents qui adoptent le décret renforçant les obligations des gestionnaires de lieux de cultes, la transparence des financements, l’usage du français et le respect des valeurs démocratiques, avec l’objectif de prévenir le radicalisme (17 mai 2017).
Après avoir contribué au déclenchement de l’affaire Publifin en réclamant à plusieurs reprises davantage de transparence dans les intercommunales et la démission de Stéphane Moreau, il s’est révélé un membre très en vue de la Commission d’enquête parlementaire « Publifin ». Bien que n’étant pas organisé en groupe politique, Écolo s’est vu proposer une place au sein de la Commission d’enquête, Stéphane Hazée étant invité à participer aux travaux du bureau avec voix consultative. Du 16 février au 3 juillet 2017, au cours de 29 réunions, il se montre sans concession avec les différents protagonistes, écoutant et questionnant 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé en séance plénière par le Parlement de Wallonie (12 juillet 2017). Stéphane Hazée y a largement prêté sa plume.
Soucieux d’améliorer la démocratie wallonne, il propose, avec plus ou moins de succès, d’abaisser l’âge des électeurs à 16 ans, de fixer la rentrée parlementaire wallonne au 1er septembre, d’imposer la présence d’un tiers de femmes dans les Collèges communaux, ainsi qu’au sein du Gouvernement wallon, de réformer la procédure de vérification des pouvoirs, de supprimer le vote électronique, d’introduire le système du scrutin proportionnel, etc. Une partie de ses propositions entre en vigueur dès 2019. Dénonçant les ministres wallons à temps partiel, il remet aussi en cause le déséquilibre des sièges entre les circonscriptions de Wallonie, obligeant, avec le soutien de la Cour constitutionnelle, le Parlement à revoir la carte des limites électorales (décret spécial du 25 janvier 2018). Il contribue à faire adopter le décret imposant l’alternance des genres des candidats aux élections pour le Parlement de Wallonie (décembre 2018). Sur proposition Écolo, la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) de la Région wallonne est transformée en une instance de recours, afin d’instaurer davantage de transparence administrative (avril 2019). Réclamant depuis longtemps l’instauration de la consultation populaire en Wallonie, Stéphane Hazée fait partie d’un groupe de travail créé au lendemain du renversement du gouvernement wallon PS-cdH, par une majorité alternative MR-cdH (été 2017). Ce « Groupe de travail sur le thème de la consultation populaire » s’inscrit dans le prolongement de la Commission spéciale du renouveau démocratique. à la suite de ces travaux, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie. Face à des situations ponctuelles, il est aussi porteur de résolutions destinées à soutenir les droits de l’homme à travers le monde.
Tête de liste écolo dans la circonscription de Namur lors du scrutin wallon du 26 mai 2019, meilleur score de sa liste (6.963 vp) et 4e tous partis confondus, Stéphane Hazée est reconduit dans son mandat wallon, les Verts progressant de 6,5% dans le Namurois, mais sans atteindre les résultats de 1999 et de 2009. Néanmoins, l’apparentement joue en leur faveur, en l’occurrence à ceux du nord de la province de Namur qui enlèvent un deuxième siège (Valérie Delporte). Au Parlement de Wallonie, la représentation des Verts triple d’un seul coup (12 élus au lieu de 4).
Pressenti pour occuper un portefeuille ministériel dans le gouvernement wallon quand se met en place la coalition PS-MR-écolo à Namur, il préfère rester chef de groupe au Parlement de Wallonie et y exercer le rôle de contrôle du gouvernement, qu’il soutient et qu’il a contribué à faire naître puisqu’il a été l’un des négociateurs de la majorité arc-en-ciel durant l’été 2019. Il avait notamment contribué à la rédaction de la Note Coquelicot (juillet 2019). Membre de la Commission Budget-Infrastructures sportives, de la Commission de Vérification des pouvoirs et de la Commission Coopération (2019-2024), le président du groupe Écolo siège aussi au sein du Bureau élargi du Parlement de Wallonie et à la Conférence des Présidents (2019-2024). Attentif à l’application de tous les aspects d’une Déclaration de politique régionale qui met l’accent sur la transition économique, sociale et environnementale, le chef de groupe écolo doit aussi faire face à des dossiers inattendus : la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, sans oublier l’affaire dite du greffier, la crise médiatico-politique des Pfas et la colère des agriculteurs.
Dès le début de la législature, par diverses mesures convenues avec tous les autres chefs de groupe, Stéphane Hazée entend à la fois améliorer le travail parlementaire de manière générale, et veiller à sa bonne organisation pratique durant les mois de confinement lié à la Covid-19. En plus de diverses propositions de décret pour gérer de multiples aspects de la vie quotidienne durant la pandémie, accordant les pouvoirs spéciaux au gouvernement wallon avec regret, de manière temporaire et dans le seul cadre de la gestion de la crise sanitaire, il contribue à la création de la Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire Covid-19 par la Wallonie (juillet-novembre 2020). Par ailleurs, il fait partie des députés wallons porteurs d’une série de textes levant les obligations sur le port du masque et sur l’usage du Covid Safe Ticket (printemps 2022).
Concernant le fonctionnement et le Règlement de l’assemblée wallonne, il contribue à faire abroger la notion de député empêché, à avancer la rentrée du Parlement au premier mercredi de septembre et à améliorer certaines modalités de contrôle du Gouvernement ; il introduit aussi le droit, pour l’auteur d’une pétition, d’être entendu par l’assemblée wallonne (septembre 2020). Reprenant une proposition de décret du cdH, il s’entend avec Yves évrard (MR), éric Lomba (PS) et Benoit Dispa (cdH) pour faire adopter un décret qui impose aux communes wallonnes la publication des projets de délibérations et les notes de synthèse explicatives, assurant ainsi une plus grande publicité et un accès facilité aux documents (décret du 18 mai 2022). à la suite de l’affaire dite du greffier, avec d’autres députés, il porte le texte qui met en place une commission permanente destinée à renforcer le contrôle sur les budgets et les comptes du Parlement de Wallonie (novembre 2022). Après la démission de l’ensemble du bureau du Parlement de Wallonie, les remaniements apportés par les partis politiques et la mise en place d’un tout nouveau bureau élargi, il avance des mesures pour renforcer le cadre de l’organisation des missions effectuées par le Parlement, et renforcer les règles en ce qui concerne les missions spécifiques du Président du Parlement et du greffier, particulièrement en matière de publicité et de contrôle des dépenses. Avec succès, Stéphane Hazée a aussi relancé une proposition déposée en 2016 avec Hélène Ryckmans, qui permet à l’assemblée wallonne de constituer, d’initiative ou à l’initiative des citoyens, des commissions délibératives mixtes composées de 10 parlementaires et de 30 citoyens tirés au sort pour débattre d’une problématique et élaborer des recommandations (ROI, 28 octobre 2020). Si, dans l’organisation du scrutin régional, il parvient à faire modifier les règles liées à l’apparentement, le chef de groupe des Verts n’obtient pas la suppression des listes de suppléant pourtant inscrite dans la DPR.
Après les pluies diluviennes de l’été 2021 qui ont frappé 209 des 262 communes de Wallonie, entraîné la mort de 39 personnes, provoqué des dégâts pour plusieurs milliards d’€ et transformé 100.000 personnes en sinistrés, une Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner les causes et d’évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie est mise sur pied par le Parlement de Wallonie à la demande des chefs de groupe de tous les partis politiques. Dans l’histoire de l’assemblée wallonne, c’est la troisième fois qu’une telle Commission est créée. Membre suppléant de cette Commission, le député adopte, en mars 2022, le rapport final et ses 161 recommandations. Le député Hazée légifère aussi pour assurer une proximité pertinente du citoyen aux distributeurs automatiques de billets en Wallonie, pour empêcher les coupures brutales de fourniture d’électricité sans installation préalable d’un compteur communiquant avec option de prépaiement, et pour aider les ménages face à l’augmentation du coût de l’énergie (automne 2022). Il contribue aussi à soutenir les nombreux projets portés par les ministres Philippe Henry et Céline Tellier, et à verdir à la fois le Plan wallon de Relance et les projets des autres partenaires de la majorité.
Le 9 juin 2024, il est tête de liste écolo dans la circonscription de Namur, afin de présenter son bilan aux électeurs et de solliciter le renouvellement de son mandat de député wallon. Son score personnel (3.174 vp) et celui de sa liste (8,4%) ne correspondent pas aux espérances. Certes, il sauve son siège au Parlement de Wallonie, mais écolo Namur réalise son résultat le plus bas depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995. C’est le cas aussi dans toute la Wallonie, écolo ne comptant que cinq élus quand commence la législature wallonne 2024-2029. Stéphane Hazée est par ailleurs l’un des rares candidats écolo de Wallonie à réaliser un score supérieur à celui des candidates de sa liste.
Mandats politiques
Député wallon (2012-)
Chef de groupe écolo au Parlement de Wallonie (2014-)
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Vif, 8 décembre 2017, Le Soir, 13 septembre 2019, 21 octobre 2021, 27 mai 2023
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2012 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
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