Henquet Laurent

Politique, Député wallon

Charleroi 16/01/1958

Député wallon : *2014-2019

En 2003, évaluant le décret « missions » du 24 juillet 1997, Laurent Henquet, alors directeur de la section secondaire de l’Institut Saint-Louis à Namur et administrateur délégué, avançait qu’une des solutions pour améliorer l’enseignement consisterait à « sortir l’enseignement de la politique et à prendre le temps de la réflexion ». Quelques années plus tard, après avoir pris le temps de la réflexion, il entre en politique pour tenter d’apporter des solutions à différents problèmes de société, dont celui de l’enseignement…

Licencié et agrégé à la fois en Philologie classique et en Éducation physique, titulaire d’un DEC en Sciences religieuses, professeur de latin et de grec pendant vingt ans, ainsi que professeur d’éducation physique et de religion, Laurent Henquet assure la direction de l’Institut Saint-Louis, à Namur, de 2001 à 2014. Supportant de moins en moins les décisions prises par les responsables politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en particulier le décret « inscriptions » (2007), il multiplie les prises de parole, clamant son irritation d’être obligé d’appliquer « des décrets absurdes ». En 2008-2009, il participe à l’élaboration du programme « enseignement » du MR et propose une série de solutions qu’il juge indispensables : fusionner les quatre réseaux ; créer des centres de re-scolarisation ; doubler les heures de sport ; rendre de l’autonomie aux directeurs ; organiser le tutorat des jeunes enseignants ; engager 3.000 nouveaux professeurs et un tiers d’éducateurs en plus ; limiter à 20 élèves les classes du primaire et à 25 celles du secondaire. Avec l’ambition de faire connaître ce programme aux citoyens, il participe pour la première fois à un scrutin électoral le 7 juin 2009. Ne nourrissant aucun espoir d’être élu, il occupe la sixième et dernière place des candidats effectifs sur la liste MR dans la circonscription de Namur, liste emmenée par Anne Barzin, et il totalise 3.809 vp.

Aux communales d’octobre 2012 à Fernelmont, Laurent Henquet est cette fois tête de liste (420 vp) ; s’il est devancé par Marc Targez (497 vp), déjà dernier de liste en 2006, il contribue néanmoins à conserver les 4 sièges de la liste Ensemble pour Fernelmont (EPF, près de 24%), voire à récupérer le siège perdu en cours de législature. C’est cependant insuffisant pour rivaliser avec la liste du bourgmestre cdH Jean-Claude Nihoul, en place depuis 1988, certes en léger tassement par rapport à 2006, mais avec plus de 65% des suffrages et 14 sièges sur 19. Conseiller communal dans l’opposition, Laurent Henquet nourrit davantage d’ambitions lors des élections régionales du 25 mai 2014, puisqu’il occupe cette fois la première suppléance. Réalisant un score proche de celui de 2009 (3.740 vp), il obtient le droit de siéger au Parlement wallon et à celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles, quand Anne Barzin, confrontée à l’application du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, choisit de poursuivre son mandat d’échevine à la ville Namur et renonce à son siège de députée wallonne. 

Dès juillet 2014, Laurent Henquet prête serment à Namur où il est membre de la Commission Emploi-Formation (2014-2017) et vice-président de la Commission Budget-Fonction publique (2014-2017). Il dépose plusieurs propositions de décret, dont l’un pour réduire les délais de paiement des pouvoirs publics en Wallonie, et d’autres en matière d’organisation du marché régional de l’énergie. Parmi ses résolutions, l’une vise à favoriser l’accessibilité des logements publics aux étudiants et d’autres à octroyer des certifications aux centres IFAPME, à introduire davantage le numérique dans la formation, voire à rendre obligatoire la formation aux demandeurs d’emploi peu qualifiés. Actif à Namur, Laurent Henquet l’est surtout à Bruxelles, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles où sont débattus les dossiers liés à l’enseignement. Avant même son maiden speech à la tribune de l’assemblée, le nouveau député adresse, le jour de la rentrée des classes, une lettre ouverte où il exprime tout le mal qu’il pense de la Déclaration de politique générale de l’Exécutif de Rudy Demotte en matière d’enseignement (septembre 2014). Entre la ministre Joëlle Milquet, notamment, et le député MR Laurent Henquet, les discussions seront parfois explosives au sein de l’assemblée, d’autant que le Namurois prend la peine d’éplucher les rapports de la Cour des Comptes et de demander à tous les ministres d’en tirer les leçons. Quant au Pacte d’excellence (2016) qu’il qualifie de pacte d’incohérence, il le passe au crible de ses critiques en interpellant la nouvelle ministre Marie-Martine Schyns.

A la rentrée scolaire de 2016, sortant des sentiers battus, Laurent Henquet lance, avec David Clarinval, un projet original sous la forme d’une application destinée à garantir aux employeurs potentiels les qualités humaines des élèves de l’enseignement qualifiant (2e et 3e degrés). Le projet Ado.p (A pour attitude au travail, D pour discipline, O pour ordre et P pour ponctualité) est destiné à consolider, auprès des jeunes en formation, « certains codes comportementaux » indispensables en milieu professionnel.

À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, Laurent Henquet vote le 28 juillet, la motion de défiance constructive déposée par les députés MR et cdH ; c’est une première dans l’histoire wallonne. Jusqu’à la fin de la législature wallonne, il fait désormais partie de la majorité MR-cdH à Namur, tout en restant dans l’opposition au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles où aucun changement de majorité n’est enregistré. S’appuyant sur une très courte majorité au Parlement de Wallonie (38 députés sur 75), MR-cdH s’attèlent à faire adopter rapidement une série de mesures démontrant le changement de cap imprimé à la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision » (Laurent Henquet avait déposé une proposition de décret en ce sens dès 2014), modification de la grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. Et si la réforme des provinces, celle des APE (à laquelle il avait apporté sa contribution) et l’assurance autonomie ne sont finalement pas votées, c’est en raison de la défection de la MR Patricia Potigny, partie vers la liste Destexhe en mars 2019.

Durant cette législature wallonne, Laurent Henquet adopte aussi une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. 

Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il poursuit la critique des mesures qui y sont décidées, en particulier les grandes orientations du Pacte d’Excellence proposées par M-M. Schyns. Ainsi estime-t-il que l’introduction du tronc commun placera l’enseignement de la FWB « au même niveau que les pays sous-développés ». Fin 2017-début 2018, il est l’auteur d’un important rapport, demandé par le ministre fédéral des Pensions, sur la pénibilité du métier d’enseignant.

En décembre 2018, Anne Barzin démissionne définitivement de son mandat wallon et, statutairement, Laurent Henquet devient député effectif. à partir de juillet 2017 et jusqu’à la fin de la législature, il est membre de la Commission économie-Emploi-Formation.

Lors du scrutin régional wallon du 26 mai 2019, le MR namurois emmené par un solide duo, Sabine Laruelle-Gilles Mouyard, se présente en confiance devant les électeurs, fort des résultats de 2004, 2009 et 2014 qui assurent deux députés wallons aux libéraux namurois. En réalisant le moins bon résultat de leur histoire depuis l’élection directe des parlementaires wallons (21 mai 1995), le MR ne dépasse pas la barre des 20% et n’obtient plus qu’un seul siège (Laruelle). Premier suppléant, Laurent Henquet (2.766 vp) n’aura plus l’occasion de siéger au Parlement de Wallonie. Il achève sa carrière de directeur à l’Institut Saint-Louis et poursuit sa fonction d’administrateur-délégué du Pouvoir organisateur. Il ne conserve que le seul mandat de conseiller communal à Fernelmont où, poussant la liste emmenée par Marc Targez, en octobre 2018, il réalise le 3e score (440 vp) et contribue au gain global de près de 4% de sa liste, ce qui vaut un siège supplémentaire à Ensemble pour Fernelmont, sans inquiéter cependant la Liste du bourgmestre.

 
Mandats politiques

Conseiller communal à Fernelmont (2013-)
Député wallon (07/2014-2019)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Avenir, 6 mai 2003 ; La Libre, 7 mai 2009 ; Le Soir, 2 septembre 2014 ; Le Soir, 3 septembre 2014 ; Sud Presse, 17 mars 2017
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2022)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.laurenthenquet.be/
https://www.isln.be/linstitut/les-equipes/conseils-et-comites/

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)