no picture

Henrard Robert

Culture, Sculpture

Dinant 08/04/1617, Liège 18/09/1676


Sculpteur liégeois du XVIIe siècle, Robert Henrard est davantage connu en raison de la production de l’un de ses disciples, Jean Del Cour (1631-1707) que pour sa production personnelle. Pourtant, il existe des doutes sur son rôle dans la formation de l’illustre Jean Del Cour et si les œuvres de Henrard sont rares, celles qui lui sont attribuées sont assez remarquables.

Ayant appris la sculpture à Dinant (peut-être chez Jean Thonon), Robert Henrard paraît se fixer à Liège, avant de faire le voyage à Rome (vers 1648) ; là, il fait la rencontre de François Duquesnoy, dit Francesco Fiammingo. Vers 1631-1633, ce dernier a réalisé dans le marbre une « sainte Suzanne » qui pourrait bien avoir constamment fasciné le jeune Liégeois, qui y aurait vu le modèle absolu à atteindre. De retour à Liège vers 1644, soit quelques mois après le décès de Francesco Fiammingo, Henrard entreprend la décoration de la Chartreuse (médaillons et statues). Frère associé par contrat aux Chartreux liégeois, Robert Henrard travaille le marbre, sculpte la pierre de sable, ainsi que le bois, et réalise des médaillons et quelques statues (Vierge, saintes, etc.) que l’on retrouve encore de nos jours dans des églises liégeoises, ainsi qu’à Verviers, voire à Maastricht.

En 1659, Henrard signe notamment une Vierge à l’enfant, en marbre blanc, qui n’a rien à envier à la statue de François Duquesnoy. Longtemps conservée dans la chapelle de la cathédrale saint Lambert, cette Vierge à l’enfant a trouvé un abri dans la cathédrale saint Paul. Robert Henrard semble aussi avoir réalisé – en bois – le modèle de la célèbre Vierge des Avocats, pièce majeure en argent du Trésor de la cathédrale Saint-Paul (Colman). « Frère Robert » se fait encore architecte : en 1671, il tire les plans destinés aux fortifications de la « Bonne ville » de Verviers, du moins pour la « porte de Heusy » qui subsistera jusqu’au milieu du XIXe siècle. C’est aussi dans cette ville que fut installée, en 1664, dans la niche du portail de Notre-Dame, la Vierge des Récollets. Contrairement à la croyance populaire, cette statue « miraculeuse » est encore aujourd’hui telle que l’avait réalisée Henrard. Le tremblement de terre de 1692 n’a en rien modifié la position de cette Vierge noire à l’enfant, dont la prétendue action de protection miraculeuse est à l’origine d’un important pèlerinage. De cela le frère chartreux Robert Henrard aurait pu témoigner s’il n’avait entrepris son dernier voyage, en 1676.

 

Sources

 

Pierre ALEXANDRE, Jean-Louis KUPPER, « Le tremblement de terre de 1692 et le miracle de Notre-Dame des Récollets à Verviers », dans Feuillets de la cathédrale de Liège, n° 28-32 (1997), Liège, p. 29-30
Berthe LHOIST-COLMAN et Pierre COLMAN, Les sculpteurs Robert Henrard (1617-1676) et Guillaume Cocquelé (+1686), dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, Liège, 1980, t. XCII, p. 101-149
Émile VARENBERGH, dans Biographie nationale, t. 9, col. 95-96