Hustin Albert
Science, Médecine
Ethe 15/07/1882, Uccle 12/09/1967
Médecin et chercheur, Albert Hustin parvient à mettre au point, en 1913, une technique qui permet la conservation du sang. Fondée sur l’adjonction de citrate de soude au sang, elle permet de résoudre le problème posé par la coagulation. Après des tests sur des animaux réalisés en laboratoire à l’Institut Solvay, Albert Hustin réalise la première transfusion de sang humain citraté à l’hôpital Saint-Jean à Bruxelles, quelques semaines avant qu’éclate la Grande Guerre. Jusque-là la transfusion se réalisait d’homme à homme ; désormais ce n’est plus nécessaire. Sa découverte va révolutionner les techniques d’urgence, dans la mesure où il devient possible de réaliser des réserves de sang. Les circonstances font que la médecine militaire est la première à mettre en application la découverte du chirurgien gaumais.
Sans minimiser les mérites d’Albert Hustin, l’histoire des sciences montre que l’action anticoagulante du citrate de soude était connue depuis 1895 ; cependant, personne n’avait établi de rapport entre cette connaissance et les effets bénéfiques de son application dans un contexte déterminé. Là se trouve le mérite de Hustin, praticien et chercheur.
Diplômé de l’Université libre de Bruxelles, docteur en 1906, Albert Hustin avait poursuivi sa formation à Paris, à Heidelberg et aux États-Unis. C’est là qu’il prend conscience de l’intérêt de décloisonner les genres et d’associer recherche, enseignement et pratique de la médecine. Tout au long de sa carrière, Hustin restera en effet un brillant universitaire et un praticien hospitalier. Professeur à l’Université libre de Bruxelles, titulaire de la chaire de Pathologie chirurgicale jusqu’en 1956, il assure la direction du service de gynécologie à l’Hôpital Saint-Jean, avant d’être nommé, en 1923, à la tête du service de chirurgie associé à la Fondation Médicale Reine Elisabeth à l’Hôpital Brugmann. Au-delà de la mise au point de la transfusion de sang citraté, il est l’auteur de nombreux travaux scientifiques de haute valeur (principalement dans les domaines de la suppuration allergique et de la physiopathologie circulatoire) avec des implications pratiques régulières, notamment la fabrication d’appareils médicaux. Albert Hustin peut être aussi considéré comme le précurseur du « Monitoring ».
Créé à Brugmann d’abord, transféré à Saint-Pierre durant l’occupation allemande de 40-44, le centre de transfusion sanguine du CHU saint-Pierre de Bruxelles porte le nom de son fondateur, Albert Hustin. À la Libération, il assume la lourde tâche d’organiser et de présider l’Office médico-légal : en moins de six ans, ce sont près de 200.000 dossiers de victimes de guerre qui sont alors tous traités. Après avoir consacré plus de 50 ans de sa vie à disséquer le corps humain, Albert Hustin se passionne pour l’étude de la langue française et décide de s’attaquer à l’étude des dialectes romans. Sa curiosité pour l’origine d’un mot gaumais le conduit à ausculter avec la même méticulosité que dans son métier le langage de sa jeunesse. Historien de la langue puis du folklore de « la Lorraine belge », il rassemble ses découvertes dans deux ouvrages parus peu avant sa disparition.
Sources
Marcel VAN DER GHIST, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 323-330
Albert HUSTIN, Parler et coutumes de la Lorraine belge. Lexique de 350 mots commentés, Bruxelles, Georges Houyoux, 1963
Albert HUSTIN, La Suite de parler et coutumes de la Lorraine belge, Bruxelles, Georges Houyoux, 1966
© Institut Destrée, Paul Delforge