Lacroix Christophe
Politique, Ministre wallon
Huy 22/12/1966
Ministre wallon : 22 juillet 2014 – 28 juillet 2017
Licencié en Histoire de l’Université de Liège (1988), Christophe Lacroix a consacré son mémoire à La Ville de Huy au XVe siècle, aspects politique et économique, mais c’est à Wanze, où il a grandi dans une famille de tradition socialiste et aimant le théâtre (Aux Plaihants Amis), qu’il fait ses premiers pas en politique, et qu’il s’intéresse aux questions économiques du présent. Élu conseiller communal en octobre 1988, il siège sans surprise au sein d’une large majorité absolue socialiste. C’est le cas depuis la fusion des entités d’Antheit, Bas-Oha, Huccorgne, Moha, Vinalmont, le hameau de Longpré et Wanze, en 1976, aux portes du grand Huy, et depuis bien avant encore en ce qui concerne Wanze. Si tous ces villages n’étaient pas socialistes au lendemain de la Grande Guerre, Wanze vote en effet majoritairement à gauche depuis que le suffrage universel est d’application sans exception. Aux Daniel Bolly (1921-1931), Nicolas Honlet (1931-1947), Auguste Tulliez (1947-1950), Alfred Maillard (1950-1957), Fernand Thiou (1957-1968) et Hubert Parent (1968-1983) a succédé Jean-Pol Bourgeois (1983-1999), bourgmestre auprès duquel Christophe Lacroix a l’occasion de travailler en tant qu’échevin, depuis 1995 ; il est principalement en charge des Affaires économiques.
En août 1999, Claude Parmentier est investi des rênes de la commune ; il va exercer cette fonction jusqu’en octobre 2017, moment où il passe le relai à Christophe Lacroix (2e score en 2006 avec 1.389 vp, 3e score en 2012, avec 1.371 vp) qui devient ainsi le neuvième bourgmestre socialiste de la localité mosane depuis la Grande Guerre. En octobre 2018, la liste PS Wanze qu’emmène Christophe Lacroix (2.667 vp) conforte sa majorité absolue, avec 53,3% (+4%) et 15 sièges (+2) sur les 23 du Conseil communal, un résultat jamais atteint au XXIe siècle. Depuis 1976, la majorité absolue des socialistes s’était érodée, la barre étant placée très haut : 65,6% et 15 sièges sur 21 au moment de la fusion des communes, 57,6% et 14 sièges en 1982, 48,5% et 12 sièges en 1988, 53% et 12 sièges en 1994. Une ouverture avait été faite au MR par un accord de majorité signé en 2006 et qui permettait à un échevin libéral d’entrer au Collège pour la première fois en octobre 2010. Ce n’est plus le cas en 2018.
Actif membre de la section de Wanze de la FNAPG et ancien arbitre de football, Christophe Lacroix s’est surtout démarqué sur le plan politique à partir des élections de 2000, où ses voix de préférence progressent de 80% ; il est alors nommé Premier échevin, en charge de très nombreuses compétences (urbanisme, aménagement du territoire, patrimoine, logement, développement rural, l’environnement, mobilité, citoyenneté...). Administrateur de l’AIDE (2001-2006), de la SWDE (2001-2006), de Meuse Condroz Logement SC (2001-2006), membre du Conseil de Police Meuse-Hesbaye (2003-2006), secrétaire général de l’Association européenne des Voies vertes (2005-) et président de la CCAT (2001-2006), ce fonctionnaire employé au service des routes du Ministère wallon de l’équipement et des transport (MET) devient attaché de Cabinet auprès de ministres wallons : conseiller du ministre Jean-Claude Van Cauwenberghe en charge du Budget, de l’Équipement et des Travaux publics (1999-2000), puis auprès de Michel Daerden, ministre aux compétences identiques (2000-2004). Durant la majorité arc-en-ciel, en plus de la sécurité routière et des relations avec les ministres de la mobilité, Christophe Lacroix devient le spécialiste du Cabinet wallon pour tous les dossiers RaVEL. Après le scrutin du 13 juin 2004, il reste conseiller auprès de Philippe Courard, ministre en charge des Affaires intérieures et de la Fonction publique (2004-2006).
En octobre 2006, Christophe Lacroix réalise un excellent score au niveau communal, mais c’est la province qui a alors sa préférence. Élu haut la main dans le district de Huy (7.722 vp), il quitte la politique locale pour endosser les responsabilités de député provincial dans un Collège liégeois à majorité PS-MR. Dans ses nouvelles fonctions, il met l’accent sur le sport, créant une multitude d’événements dont la venue de la Vuelta (2009) et du Tour de France (en 2010 et 2012) en province de Liège, et surtout concrétisant son projet d’une Académie provinciale des Sports. Sa capacité à tenir le budget, à rompre avec des pratiques anciennes et à gérer la fonction publique (mise en place de 30 mesures pour rendre l’administration plus efficace dès 2007) est surtout soulignée par ses amis politiques. En 2012, malgré 7.291 vp à la dernière place de la liste PS dans le district de Huy, il renonce à la province et s’oriente vers le niveau fédéral, tout en retrouvant ses mandats communaux.
S’il participe à des campagnes électorales depuis 1988, Christophe Lacroix ne s’est proposé au suffrage des électeurs de la circonscription de Huy-Waremme qu’en juin 2009, comme quatrième effectif au scrutin régional (6.764 vp). Ensuite, lors du scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010 (9.620 vp), il est troisième suppléant dans la circonscription de Liège et il va bénéficier du retrait de la vie politique de Guy Coëme (octobre 2012) pour reprendre son siège à la Chambre, les deux suppléants qui le précédaient ayant déjà remplacé, en 2010, Michel Daerden et Mauro Lenzini qui souhaitaient continuer de siéger à Namur. Prêtant serment à la Chambre moins d’un an après la difficile mise en place du gouvernement Di Rupo, Christophe Lacroix s’intéresse à des dossiers délicats (la dotation de la famille royale, le remplacement des F16, etc.) et figure parmi les députés qui adoptent, parmi beaucoup d’autres textes législatifs, l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la réforme profonde du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées.
Administrateur et membre du Comité de direction de l’Association Intercommunale pour le Démergement et l’épuration des communes de la province de Liège-AIDE (2007-2012), administrateur de l’Association des Provinces wallonnes (2007-2012), président de la commission paritaire CECOTEPE (2008-2012), membre du comité de gestion de l’ONSSAPL (2010-2012), l’ancien député provincial reste fidèle à l’échelon fédéral lors du triple scrutin du 25 mai 2014. Sa 5e place comme candidat effectif dans la circonscription provinciale de Liège est certes une place de combat, mais les sept sièges remportés par le PS en 2010 paraissent une garantie suffisante pour éviter de passer par une position de suppléant. Avec 15.628 vp, il signe le 6e score de la liste PS et le 10e tous partis confondus, mais en perdant près de 6%, le PS laisse échapper deux mandats sur les 15 attribués aux électeurs liégeois. Autant que les 30.884 vp de Frédéric Daerden, ce sont le PTB et le PP qui viennent perturber l’avenir politique imaginé par le Hutois au fédéral.
Repêché par la direction du PS, Christophe Lacroix est coopté au Sénat à la mi-juillet 2014 et désigné à la présidence du groupe socialiste ; le mois n’est pas achevé quand se forme le gouvernement wallon de Paul Magnette, à majorité PS-cdH : cette fois, c’est un poste ministériel qui est réservé à Christophe Lacroix (remplacé au Sénat par Philippe Mahoux). Fonction publique et simplification administration, Budget et Finances voilà des matières qui constituent une sorte de fil rouge du parcours politique de Christophe Lacroix. Député provincial (où il succède à Gaston Gérard) en charge de ces matières, ainsi que de la politique sportive, il dispose encore de ses deux attributions quand il devient ministre wallon ; s’ajoute à son portefeuille l’Énergie en janvier 2017, suite à la démission de Paul Furlan, empêtré dans les remous de l’affaire Publifin, notamment en raison des mandats de son chef de Cabinet adjoint… le bourgmestre de Wanze Claude Carpentier.
Au début de la législature 2014, le ministre Lacroix entame un bras de fer avec le gouvernement fédéral de Charles Michel, contestant la manière du Premier Ministre d’appliquer la loi de financement. La polémique dure plusieurs mois et finalement la Wallonie obtient satisfaction. Chargé de mettre en place la réforme fiscale inscrite dans la DPR, le ministre Lacroix suscite une levée de boucliers lorsqu’il suggère une taxation des robots et des machines qui remplacent les humains : forcé d’abandonner ce projet, le ministre est conscient qu’un tournant historique vient d’être manqué. Recherchant des méthodes objectivables de lutter contre le dumping social, il réfléchit par ailleurs à plusieurs mesures destinées à simplifier et à moderniser l’administration wallonne, proposant notamment de diminuer le temps de travail en introduisant la semaine des quatre jours. Appelé régulièrement à répondre aux questions des parlementaires wallons, le ministre se taille une réputation de franc parler et de transparence dans tous ses dossiers. En avril 2016, il met en œuvre la taxe kilométrique appliquée aux camions de plus de 3,5 tonnes.
Tout en préparant la Cop 23 et en élaborant une stratégie wallonne pour le climat, c’est encore le financier qui démêle l’écheveau des certificats verts (par une mise au frigo temporaire), avant de passer la main. Parmi les dossiers du ministre Lacroix figurait aussi la suppression de la « radio-redevance ». Mais le 19 juin 2017, le président du cdH dénonce « les pratiques du PS » et l’accord de majorité conclu avec le PS au niveau wallon est dénoncé. C’est la nouvelle majorité MR-cdH qui met à son actif la suppression d’une radio-redevance qui semblait emblématique dans l’opinion publique, alors que le ministre Lacroix annonçait une profonde réforme fiscale sous la forme d’un plan global où la disparition de la fameuse redevance n’était qu’une péripétie. Quant au bilan de sa gestion du budget de la Wallonie entre 2014 et 2017, Christophe Lacroix veut voir dans les conclusions du rapport d’audit, réalisé par la Cour des Comptes (automne 2017) à la demande du ministre MR J-L. Crucke, la preuve de la qualité de son travail à Namur.
En juillet 2017, le ministre démis retrouve le Sénat (août) et la présidence du groupe socialiste dans la Haute Assemblée (septembre). En octobre 2017, il devient le bourgmestre de Wanze, mandat dans lequel il est plébiscité par les électeurs en 2018.
Lors du triple scrutin du 26 mai 2019, Christophe Lacroix opte pour la Chambre fédérale. Troisième candidat effectif (17.094 vp), il n’a aucune peine à se faire élire dans la circonscription de Liège, où, avec près de 25%, le PS enlève 5 sièges, loin des 7 mandats de 2010. Député de la majorité Vivaldi (2020-2024), il est membre de la Commission de la Défense nationale, de la Commission de l’Économie, de la Protection des consommateurs et de l’Agenda numérique, de la Commission des Relations extérieures et de Commission spéciale chargée du Suivi des missions à l’étranger. Membre de la Commission spéciale qui rédige le rapport sur le passé colonial de la Belgique, il réclame que soit aussi rédigé un rapport sur la persécution des personnes LGBT lors de la Seconde Guerre mondiale. Il siège aussi à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Atteint par un cancer de la langue (été 2023), il se met en retrait de la vie politique pendant quelques semaines, avant de reprendre ses activités dès novembre 2023. En mars 2024, avec les députés Cogolati et Goffin, il dépose une proposition de loi visant à faire reconnaître le fort de Huy en Mémorial national.
Lors du scrutin fédéral du 9 juin 2024, il occupe la troisième place sur la liste du PS emmenée par Frédéric Daerden dans la circonscription de Liège.
Mandats politiques
Conseiller communal à Wanze (1989-2006)
Échevin (1995-2006)
Député provincial (2006-2012)
Député fédéral (10/2012-2014)
Conseiller communal à Wanze (2012-)
Échevin (2012-07/2014)
Sénateur coopté (07/2014)
Ministre wallon (07/2014-07/2017)
Sénateur coopté (07/2017-2019)
Bourgmestre (10/2017-)
Député fédéral (2019-2024)
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Avenir, 18 juin 2001 ; Le Soir, 28 juillet 2014 ; La Meuse, 4 juillet 2017 ; Le Soir, 24 octobre 2017 ; La DH, 30 octobre 2017
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.christophelacroix.be/biographie/ (s.v. décembre 2017)
https://www.christophelacroix.be/ (s.v. mars 2024)
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
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