Lecomte Carine

Politique, Député wallon

Izel (Chiny) 05/02/1960

Députée wallonne : *2014-2018*

Dans les années 1960, a été créé dans le sud Luxembourg un centre de formation en alternance, à l’instar d’autres structures similaires qui existent dans le pays, parfois depuis le début du siècle. Avec les réformes institutionnelles des années 1980 et surtout 1990, la « formation en alternance » devient une compétence de la Communauté française, puis est transférée, en 1994, à la Région wallonne ; c’est à ce moment qu’est créé le para-régional IFPME et, quatre ans plus tard, une dynamique nouvelle de formation permanente des Classes moyennes est lancée. En 2003, quand est créée l’IFAPME, organisme wallon d’intérêt public, quatorze centres sont implantés dans toute la Wallonie, dont un à Arlon. C’est à ce moment que Carine Lecomte commence une nouvelle phase de sa vie professionnelle en intégrant la direction de cette antenne d’Arlon.

Née dans une famille d’entrepreneurs en travaux publics, elle a opté pour des études littéraires. Régente français-histoire, elle entame sa carrière dans l’enseignement à une époque – les années 1980 – où le gouvernement national entend faire de premières économies dans ce secteur (les années Val Duchesse des gouvernements Martens-Gol). Après cinq années comme professeur de français-histoire, Carine Lecomte change totalement de cap, pour exploiter pendant treize ans la taverne les Arcades, sur la place Léopold à Arlon. Au début des années 2000, elle amorce un nouveau tournant, en rejoignant l’équipe de l’antenne d’Arlon du Centre de formation luxembourgeois devenu Ifapme, qui s’installe alors dans des locaux modernisés. Elle s’y emploie à former les futurs indépendants et, pour les professionnels, à leur prodiguer une formation continue. Collant à l’évolution du marché et à la transformation des besoins de la société, le centre est en relation directe avec le monde économique afin de pouvoir offrir des formations en alternance de haute qualité et, de préférence, dans les métiers en pénurie. 

Par ailleurs, pendant six ans, Carine Lecomte est juge consulaire au tribunal de commerce d’Arlon. Désignée à diverses reprises comme juge-commissaire dans des faillites, elle en retire des conclusions pratiques pour mieux défendre les commerçants (notamment leur habitation). Dès lors, en 2007, quand se préparent les listes politiques pour le scrutin fédéral, Carine Lecomte n’hésite pas à accepter la sollicitation du MR luxembourgeois à se présenter en tant que candidate d’ouverture. 

En mai 2003, les bleus avaient gagné deux des quatre sièges attribués à la circonscription provinciale luxembourgeoise, résultat considéré alors comme exceptionnel. Occupant une place de combat (2e effective) pour sa première campagne électorale, Carine Lecomte bénéficie de « l’effet Philippe Collard » (20.558 vp) et du maintien du MR à son niveau de 2003 (30,4%) : le MR confirme ainsi son leadership en terres luxembourgeoises et Carine Lecomte (7.877 vp, 12e score tous partis confondus) devient députée fédérale. De toute évidence, elle siège au sein de la commission compétente en matière de droit commercial et économique et travaille sur une proposition de loi relative à la continuité des entreprises en difficulté. Mais la législature est surtout marquée par l’impossibilité de former une majorité orange-bleue, puis par les tensions autour du dossier BHV, obstacle sur lequel vient s’écraser le quatrième gouvernement fédéral de la législature, le gouvernement Leterme II. Néanmoins, la députée libérale a eu l’occasion de faire avancer la généralisation des défibrillateurs, notamment dans les zones rurales, de se mobiliser en faveur de l’atelier SNCB de Stockem et contre la fermeture des casernes dans le Luxembourg, de proposer une amélioration de l’accès aux Titres-Services, et de faire diverses propositions concernant la pension des frontaliers.

Si elle accepte de défendre les couleurs du MR aux régionales du 7 juin 2009 (2e place, 4.557 vp), le résultat dans la circonscription d’Arlon-Marche-Bastogne est particulièrement décevant, car le MR ne parvient pas à envoyer un représentant au Parlement wallon pour la première fois depuis 1995. Durant l’automne 2009, elle fait partie des libéraux signataires d’une lettre incitant le président du MR à se remettre en question. Faisant valoir son travail parlementaire au moment de la composition rapide des listes, suite à la chute de Leterme II, Carine Lecomte se dit déçue du peu de considération de son parti et préfère renoncer à se présenter, tant aux législatives de 2010 qu’aux communales de 2012 à Arlon.

Alors que le MR perd 11% et son 2e siège dans la circonscription luxembourgeoise (2010), l’ancienne directrice de l’Ifapme retrouve son métier d’origine, en tant que professeur dans trois écoles du sud Luxembourg, où elle enseigne le français langue étrangère notamment à des primo arrivants et à des jeunes en difficulté (octobre 2010-octobre 2014). Mais la politique continue de tarauder l’ancienne députée et elle accepte la première suppléance dans la circonscription d’Arlon-Marche-Bastogne d’une liste désormais emmenée par Willy Borsus (Philippe Collard n’étant plus candidat). L’objectif est clair : reconquérir le mandat perdu en 2009, voire retrouver les deux qu’il détenait en 1999 avec le duo Bock-Dardenne. En frôlant la barre des 27% (+5%) et en réalisant le 2e score de la circonscription depuis 1995, année des premières élections directes du Parlement wallon, le MR se refait une santé au détriment du cdH et redevient le 2e parti de la circonscription.

Quand Willy Borsus devient ministre dans le gouvernement fédéral de Charles Michel (octobre 2014), les portes du Parlement wallon s’ouvrent devant Carine Lecomte (4.488 vp) ; elle renoue avec une activité parlementaire au moment où la Wallonie accueille un paquet important de nouvelles compétences, suite à la 6e réforme de l’État. Retrouvant certaines matières qu’elle avait eu l’occasion de traiter, elle devient membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales et de la Commission Coopération. Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle prend part aux débats de la Commission Éducation, notamment sur l’enseignement différencié et le Pacte d’excellence. La représentante d’Arlon se mobilise aussi sur le projet Vivalia 2025 et défend l’idée du maintien de services dans le chef-lieu de la province. Active dans la défense des kotteurs lointains, du développement du numérique, du bien-être animal et de l’accessibilité des services publics pour les sourds et malentendants, la députée wallonne s’intéresse aux modalités d’organisation de consultations populaires en Wallonie. Elle se montre aussi favorable au maintien du vote électronique aux élections communales et à l’extension du droit de vote des Belges résidant à l’étranger pour l’élection du Parlement de Wallonie.

Dans le dossier du traité CETA, elle s’oppose à la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie marque son refus de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Le groupe MR à Namur a été le seul à manifester son opposition à une démarche qui conduit à une crise internationale inédite. Quinze jours plus tard, elle est absente au moment du vote de la motion par laquelle l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, Carine Lecomte figure parmi les 38 députés MR et cdH qui votent, le 28 juillet, la motion de défiance constructive qui destitue le gouvernement de Paul Magnette en milieu de législature et le remplace par un gouvernement présidé par Willy Borsus. C’est une première dans l’histoire politique de la Wallonie. Faisant désormais partie de la majorité MR-cdH, elle se voit confier l’une des vice-présidences de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique. Contribuant à imprimer la marque d’un changement de politique en Wallonie, la députée wallonne vote une série de mesures emblématiques : suppression de la « Redevance Télévision », modification de grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. Si certains dossiers se votent à couteaux tirés, majorité contre opposition, d’autres obtiennent une quasi-unanimité du Parlement de Wallonie : le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017), le Code wallon du bien-être animal (3 octobre 2018), la réforme de certaines circonscriptions électorales wallonnes, dont la fusion d’Arlon-Marche-Bastogne avec Neufchâteau-Virton (décret spécial wallon du 25 janvier 2018).

En vue des élections communales d’octobre 2018, Carine Lecomte relève le défi de se présenter comme tête de liste MR à Arlon. Au-delà de son score personnel (962 vp), elle contribue à la légère progression des bleus (22,4%) qui conservent 6 sièges. En signant le pacte de majorité proposé par Arlon 2030 du cdH Vincent Magnus (12 sièges, +1), Carine Lecomte entre au Collège communal en tant que Première échevine, en charge de l’Enseignement, la Petite Enfance, la Jeunesse, le Logement, le Plan de cohésion sociale et la tutelle du CPAS, dont son dauphin sur la liste MR, Alain Deworme, devient le président.

Devenue échevine, elle renonce à son mandat de députée wallonne en application du décret spécial wallon sur le cumul et elle est remplacée à Namur par éric Lejeune. Elle défend néanmoins son bilan parlementaire devant les électeurs de la circonscription luxembourgeoise, lors du scrutin wallon du 26 mai 2019. Sixième candidate suppléante, elle réunit 5.055 vp, contribuant avec la tête de liste Willy Borsus (17.750 vp) à envoyer deux représentants à Namur. Même si les bleus n’ont pas retrouvé les 46.550 électeurs de 2014 (addition des deux anciennes circonscriptions), ils sont désormais, en 2019, la première formation de la province (41.705 électeurs, 25,27%). 

Gérante de la sprl IOUNA Immobilière (2016-), administratrice de l’asbl des Amis des Musées d’Arlon (-2019), administratrice du Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces (CECP, 2019-), des Habitations Sud-Luxembourg (2019-), présidente de l’Agence immobilière sociale Logésud (2019-), l’échevine en charge de l’Enseignement déploie les projets adoptés, en début de législature, dans le cadre du plan stratégique transversal, en tenant compte des années Covid-19, épinglant particulièrement la construction de deux crèches, la mise en place de cours d’immersion en anglais. En désaccord dès 2022 avec la procédure MR désignant la tête de liste pour les communales de 2024, l’échevine achève la législature en bons termes avec tous ses partenaires de majorité, mais renonce à se représenter, laissant la place aux jeunes, tout en se réjouissant que le pacte de majorité soit garanti jusqu’en 2030.

 

Mandats politiques

Députée fédérale (2007-2010)
Députée wallonne (10/2014-12/2018)
Conseillère communal à Arlon (2018-2024)
Echevine (12/2018-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Avenir, 12 juillet 2007 ; La Libre, 4 mars 2009 ; L’Avenir, 12 mai 2010 ; L’Avenir, 16 juin 2010 ; L’Avenir, 29 septembre 2015 ; L’Avenir, 30 janvier 2024
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2018, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://carine-lecomte.be/ (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)