Lefebvre Bruno

Politique, Député wallon

Beloeil 28/06/1980

Député wallon : 2014-2018*

Quand il se présente pour la première fois devant les électeurs de Chièvres, en octobre 2006, Bruno Lefebvre occupe la 5e place sur la liste d’un PS qui, en 2000, a débordé la « liste du bourgmestre » (42% contre 39% et 7 sièges tous les deux) et s’est allié aux libéraux de Chièvres 21 (CH XXI) (3) pour obtenir la majorité. à mi-législature, le libéral André Feron a passé le flambeau du maïorat au socialiste Michel Miroir. Emmenée par le bourgmestre sortant (1.276 vp), la liste du PS fait carton plein en octobre 2006, en obtenant la majorité absolue (42%, 9 sièges). Avec 522 vp, Bruno Lefebvre, jeune licencié en Sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles, militant socialiste depuis l’âge de 16 ans, signe le 5e score tous partis confondus, faisant presque aussi bien qu’André Feron. Le pacte de majorité associe PS et MR pour une nouvelle législature.

Le jeune conseiller communal de Huissignies reçoit alors mission de transformer une asbl existante en un nouvel Office du Tourisme de la Ville de Chièvres, à la présidence duquel il est nommé en 2007. Au-delà de la professionnalisation de la structure, il installe une antenne de l’OT dans les locaux du Musée de la Vie rurale de Huissignies (2010), dont il contribue à pérenniser l’existence. En 2011, il quitte la présidence pour devenir administrateur de l’OTC. Parallèlement, Bruno Lefevre est secrétaire particulier auprès de la ministre wallonne Christiane Vienne (2004-2007), puis conseiller à temps partiel auprès du Gouvernement wallon (2007-2008), secrétaire de Cabinet auprès de Paul Magnette, ministre fédéral du Climat (2008-2009), et directeur du secrétariat du Cabinet de Laurette Onkelinx, ministre fédérale des Affaires sociales (2009-2011). 

Élu in extremis à la présidence de l’USC de Chièvres (2007-2011), Bruno Lefevre préside les Jeunes socialistes de Wallonie picarde. Menant des actions concrètes en faveur des personnes à mobilité réduite dans sa commune de Chièvres, conseiller au CPAS depuis 2009, il remplace Michel Flament (démissionnaire après 22 années d’échevinat) à la présidence du CPAS de la « cité des aviateurs » et, au Collège en tant qu’échevin des Finances, à partir de janvier 2011 ; il achève ainsi la législature au sein de la majorité PS-MR présidée par Michel Miroir, tout en étant administrateur de l’Ipalle (2007-2019), de la Fondation rurale de Wallonie (2015-2019) et président du club de balle pelote de Vaudignies (2009-2016).

Aux élections communales d’octobre 2012, le PS progresse encore de 2% et conquiert un siège supplémentaire, tandis que le cdH disparaît de l’échiquier et que le MR (6) s’avère la seule opposition significative. Mais sur la liste socialiste, la surprise est créée par Bruno Lefebvre qui, 4e candidat, réalise le meilleur score (984 vp) devant Michel Miroir (830 vp). Conformément au Code wallon de la démocratie locale, c’est à Bruno Lefebvre que revient l’écharpe maïorale ; à 32 ans, il est le plus jeune bourgmestre de Wallonie picarde. Il ouvre sa majorité au seul élu Écolo (9,3%) qui devient échevin. Quant à l’ancien bourgmestre de Chièvres, Michel Miroir, il se retire provisoirement de la politique, tandis qu’en cours de législature, son fils, Pierre, quitte le PS pour rejoindre le MR.

Secrétaire de Cabinet auprès de Fadila Laanan, ministre du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Égalité des chances (2011-2014), administrateur de la Société terrienne d’Ath (2014-2016), Bruno Lefebvre devient un socialiste qui compte dans sa circonscription, comme en témoigne son accession, en septembre 2015, à la présidence de la Fédération PS de Wallonie picarde (56% des voix), où il succède à Daniel Senesael, jusqu’en 2018. D’ailleurs, en mai 2014, au lendemain de l’adoption de la 6e réforme de l’État, Bruno Lefebvre prend part à sa première campagne électorale en dehors du terrain communal. Il s’est vu attribuer une place de combat, en occupant la 3e position sur la liste du PS dans la circonscription d’Ath-Tournai-Mouscron : depuis 1995 et les premières élections directes au Parlement de Wallonie, les socialistes picards bataillent pour obtenir ce 3e mandat. Bien qu’en baisse par rapport à 2004 (39,5%) et 2009 (38%), l’équipe emmenée par Rudy Demotte (35,5%) parvient à décrocher ce 3e mandat le 25 mai 2014 (comme en 1995 et 2004). Grâce à l’effet dévolutif du vote de la case de tête, Bruno Lefebvre (5.709 vp, 6e score tous partis confondus) et bien que dépassé par Ludivine Dedonder, est élu directement député wallon. En application du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 sur le cumul, il choisit de siéger à Namur et se dit empêché d’exercer sa fonction maïorale à Chièvres : il y est remplacé par Olivier Hartiel, Premier échevin, puis par Francis Cordier.

Membre de la Commission Emploi-Formation, de la Commission Budget-Fonction publique et de la Commission de Contrôle des dépenses électorales, ce mandataire de la majorité siège aussi au Comité d’avis sur l’égalité des chances hommes-femmes. Avec la députée Baltus-Möres, il mène une mission en Suisse, dont il retire des enseignements dans un rapport qu’il rédige sur la plus-value de la formation en alternance ; il conduira à l’adoption d’une résolution (juillet 2016). Parmi ses propositions de décret, l’une concerne la mise à disposition par les communes d’un lieu public pour les cérémonies non confessionnelles. Au printemps 2016, sa proposition de résolution visant à ouvrir le don de sang aux homosexuels est adoptée à l’unanimité en Commission de la Santé. Porteur d’une résolution de soutien au docteur Denis Mukwege, il se mobilise aussi contre le dumping social dans les marchés publics, pour une politique de soutien social aux agriculteurs, pour la suppression de la redevance télévision, dans la lutte contre les discriminations dans les politiques de l’emploi et de la formation, et il fait adopter un texte modifiant les couleurs de l’écharpe des échevins pour qu’elles correspondent aux couleurs de la Wallonie (13 avril 2016). Dans le dossier CETA, il vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la mini-crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Parmi les dossiers liés à la Wallonie picarde, l’amélioration de la mobilité autour du Parc Pairi Daïza retient particulièrement son attention.

Quand éclate l’Affaire Publifin, le Parlement de Wallonie met en place une Commission spéciale chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin (ex-Tecteo). Désigné par le PS, le Wallon picard siège du 16 février au 3 juillet 2017 au sein de cette commission, où il reçoit aussi la mission d’être l’un des trois rapporteurs. Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen entendent, au moins une fois, 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet).

Ce vote intervient au moment où le Parlement de Wallonie connaît une première historique : l’appel de Benoit Lutgen à cesser de gouverner avec les socialistes provoque la chute du gouvernement de Paul Magnette et la mise en place d’une majorité MR-cdH qui soutient le gouvernement wallon de Willy Borsus. Bruno Lefebvre se retrouve dans l’opposition, siégeant désormais dans la Commission économie-Emploi-Formation et dans la Commission de Contrôle des dépenses électorales (juillet 2017-décembre 2018). Déposant une série de proposition de décret (bail commercial de courte durée, création de jardins communautaires, encadrement spécifique des Neets), il constate qu’une série de ses propositions antérieures sont rejetées par la nouvelle majorité. Néanmoins, il adopte une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. Dans le même esprit d’unanimité des députés wallons, il adopte aussi la réforme des circonscriptions électorales wallonnes, visant à rééquilibrer la répartition des sièges : c’est ainsi que, désormais, la « nouvelle » circonscription électorale de Tournai-Ath-Mouscron est élargie aux trois communes d’Enghien, Lessines et Silly, continuant d’envoyer sept représentants à Namur (décret spécial wallon du 25 janvier 2018).

Sur le plan local, justement, Bruno Lefebvre prend une décision importante en décidant de déménager de Chièvres et de s’installer à Ath (février 2018). L’enjeu est électoral, car la cité des Géants, dominée par le parti socialiste depuis la fusion des communes, est en proie à des rivalités intestines qui nuisent au Parti socialiste. Après les années Spitaels, semblait arrivée la période Bruno van Grootenbrulle : désigné en 1997, le maïeur décidait de démissionner en 2008 pour se concentrer sur sa défense dans le dossier Ghislenghien. Son remplaçant, Jean-Pierre Denis, emmène fort logiquement la liste PS aux communales de 2012 et même si le MR crée la surprise (22,3%, + 8,6%), avec les 1.478 vp de Stéphane Delfosse, et 7 élus (+3), c’est au sein du Parti socialiste que les bisbilles s’installent. Tête de liste, Jean-Pierre Denis réunit 2.757 vp ; dernier de liste, Florent Van Grootenbrulle, le fils de l’ancien maire, en rassemble 2.680 vp ; mais c’est Marc Duvivier, 23e candidat, qui en totalise le plus, avec 2.936 vp, alors que le PS a perdu 3 sièges (16 s. ; 52%, -7,6%). Ouvrant sa majorité au MR – situation inédite depuis la fusion des communes – le PS applique le Code wallon de la démocratie locale et de la décentralisation, et le poste de bourgmestre revient à celui qui émerge de la liste la plus importante avec le plus grand nombre de voix de préférence. Mais la nomination comme bourgmestre de l’ancien secrétaire communal Marc Duvivier ne réconcilie les camarades, d’autant qu’en cours de législature, une enquête judiciaire pour faux et usage de faux est ouverte contre l’ancien bras droit de Guy Spitaels ; en octobre 2017, Marc Duvivier est renvoyé en correctionnelle, à un moment où le PS est déjà confronté à de nombreuses autres affaires de mauvaise gouvernance. En conséquence, le PS athois décide d’exclure Duvivier de ses rangs, l’empêchant ainsi de mener la campagne socialiste aux prochaines communales. C’est alors qu’il est fait appel à Bruno Lefebvre : c’est le président de la Fédération PS de Wallonie picarde qui est choisi pour emmener la liste officielle du PS au scrutin communal d’Ath. De son côté, Marc Duvivier crée sa propre « Liste Athoise », obligeant les électeurs à départager les deux camps ou à se tourner vers d’autres formations, en octobre 2018.

Avec 3.914 voix de préférence, Bruno Lefebvre réalise assurément un score exceptionnel pour un néo-Athois ; 3e candidat, Florent Van Grootenbrulle réunit les voix de 2.259 électeurs, tandis que Marc Duvivier se glisse entre les deux avec 3.752 vp. Le combat électoral de la Cité des Géants se solde surtout par un événement majeur : le PS ne détient plus la majorité absolue. Avec 35%, il a perdu 17% et ne compte plus que 11 sièges (-5), alors que la Liste Athoise de Marc Duvivier en compte 10 (31%). Ancien membre de la majorité, le MR est en recul 4 sièges (-3), alors qu’écolo double ses mandats (4) avec 13,55%. En ralliant MR et écolo au pacte de majorité, le PS de Bruno Lefebvre sauve sa place au sein du Collège athois, en écartant la Liste athoise. Le nouveau bourgmestre de la ville d’Ath doit par conséquent renoncer à son mandat de député wallon, conformément au décret spécial wallon du 9 décembre 2010, et il y est remplacé à Namur par Luc Van der Stichelen.

La législature 2018-2024, marquée notamment par les années Covid-19, ne sera pas un long fleuve tranquille pour la cité athoise (en témoigne en 2023 le retrait de la Ducasse du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco) et pour le nouveau bourgmestre appelé au jour le jour à découvrir les problèmes de sa nouvelle commune, bien différents de ceux de Chièvres. Cela n’empêche pas le co-président de la Fédération PS de Wallonie picarde (2020-) d’exercer d’autres mandats : président du conseil d’administration et du comité de direction de l’IDETA (2019-), administrateur (2017) puis vice-président (2021-) d’Astrid SA où il est aussi président d’un conseil consultatif, administrateur de In Vino Verit’Ath srl (2021-).

Lors du triple scrutin du 9 juin 2024, Bruno Lefebvre emmène la liste du PS pour le Parlement de Wallonie, où ne figurent plus ni Rudy Demotte ni Fatima Ahallouch.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Chièvres (2006-02/2018)
Président du CPAS (01/2011-10/2012)
Échevin (01/2011-2012)
Bourgmestre (2012-06/2014)
Député wallon (2014-12/2018)
Bourgmestre empêché à Chièvres (06/2014-02/2018)
Conseiller communal à Ath (2018-)
Bourgmestre à Ath (12/2018-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), Le Soir, 31 janvier 2018
https://www.notele.be/it9-media123934-ath-marc-duvivier-acquitte-des-preventions-de-faux-et-usage-de-faux-durant-son-maiorat.html 
https://www.dailymotion.com/video/x8pbxvs 
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.brunolefebvre.be/brunobio/ (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)