Legasse Dimitri

Politique, Député wallon

Enghien 16/08/1970

Député wallon : 2014-2018* ; 2019-2024

La politique est une histoire de famille chez les Legasse. Militant de gauche, le père, Gilbert (1948), dessinateur industriel de formation, est devenu permanent syndical FGTB, secrétaire général des métallurgistes FGTB du Brabant wallon, de la deuxième moitié des années 1990 à 2005 ; il est aussi conseiller communal socialiste de Rebecq depuis la fusion des communes, et Premier échevin entre 1988 et 2000, en charge des Travaux. Son fils, Dimitri, a la carte du parti dans sa poche depuis qu’il a quatorze ans ; il fréquente les Faucons rouges depuis l’âge de six ans ; à la fin des années 1990, début des années 2000, il en devient l’un des responsables locaux, ainsi que le trésorier des Faucons rouges de Wallonie et de Bruxelles (-2002). À peine diplômé d’une maîtrise en Sciences sociales à l’Université libre de Bruxelles (1994), une étape supplémentaire dans l’engagement politique est franchie en octobre 1994 ; le fils occupe la dernière place de la liste socialiste et comme le père reste échevin, le fils est seulement en droit de siéger comme conseiller au CPAS (1994-2000). Durant la même période, Dimitri Legasse est attaché parlementaire (septembre 1995), avant d’entrer au Cabinet d’André Flahaut, alors ministre fédéral de la Défense, une fonction à mi-temps qu’il partage avec le métier de professeur. À partir de 1997, il entre au TEC-Brabant wallon où il est affecté aux ressources humaines ; il y est attaché de direction de 2007 à 2014. Dans le même temps, à Rebecq, il participe à l’élaboration du Plan communal de développement de la nature.

En octobre 2000, le père et le fils sont à nouveau ensemble sur la liste du PS, et l’on assiste alors au passage de témoin : bien que tête de liste, le père (443 vp) devient président du CPAS, tandis que le fils, en 4e position sur la liste, est élu conseiller communal avec un résultat (320 vp, 2e score) qui lui ouvre les portes du Collège. Avec 26%, le PS reste tributaire des autres formations politiques pour la formation du nouvel exécutif. Comme en 1994, l’Entente communale du bourgmestre Jules Demol (1.276 vp), de Jean-Claude Piccin (599 vp) et de Marino Marchetti (366 vp) a manqué de peu la majorité absolue (43%, 10 sièges sur 21). Elle prolonge l’accord de majorité avec le PS qui perd un siège par rapport à 1994 (6). Dimitri Legasse est échevin des Sports, de la Jeunesse, de l’Action sociale et de l’Environnement (2000-2006). La législature ne sera pas un long fleuve tranquille. À plusieurs reprises, le ton monte entre le maire et le seul échevin socialiste, d’autant que le ralliement d’un conseiller communal MR à la liste EC (2003) fournit à celle-ci l’élu qui lui manquait pour disposer de la majorité absolue. Les motifs d’incidents se multiplient et le scrutin d’octobre 2006 est attendu avec impatience, d’autant qu’en annonçant la création d’une liste d’ouverture, pluraliste et progressiste, Dimitri Legasse est parvenu à rallier Marino Marchetti (échevin EC) sur la liste d’Action commune.

En attirant plus de 46% des électeurs, le duo Legasse (2.003 vp) – Marchetti (745 vp) renverse l’échiquier politique local. Disposant de la majorité absolue (11 sièges), la liste emmenée par Legasse a gagné 20% par rapport à 2000 et profite des 13% d’Écolo (2 sièges) pour mieux accentuer la distance qui la sépare de la liste du bourgmestre sortant, Jules Demol (1.082 vp), en recul de 7% (35,8%, 8 sièges), tandis que le MR est réduit quasi à néant. En devenant le nouveau bourgmestre de Rebecq, Dimitri Legasse n’associe aucun autre parti à son Pacte de majorité, mais il attribue à l’opposition des sièges à responsabilité dans divers organismes communaux. D’autres initiatives sont prises pour améliorer la démocratie participative et la transparence dans la gestion de la cité ; outre l’informatisation des services et de la communication, ou l’organisation de consultations auprès des habitants, le nouveau Collège présente un Contrat d’Avenir local qui s’articule autour de 100 propositions qui sont autant d’engagements, comme la rénovation du centre-ville, la revitalisation des anciens hospices (inaugurés en Centre administratif en 2013), le sort du vélodrome de Quenast, la construction d’une nouvelle piscine, voire la lutte contre les inondations de la Senne (13 novembre 2010 et 13 janvier 2011).

La nouvelle dynamique semble payante, mais à l’approche du scrutin d’octobre 2012, Marino Marchetti décide de faire bande à part ; il démissionne du Collège, quitte l’AC avec une conseillère, mettant ainsi la majorité en porte à faux pour les derniers mois de la législature. Dénonçant l’état des finances communales, l’ancien échevin des... Finances lance une OPA sur l’Entente communale et présente une liste « RE nouveau ». Entre les deux partenaires de 2006, une lutte sans merci s’engage pour la conquête du maïorat. Avec 34,94% et 8 sièges, le dissident (en hausse, avec 1.010 vp) tient tête à l’Action commune (34,58% et 8 sièges) du bourgmestre qui n’est plus crédité que de 1.552 voix de préférence. Avec près de 20% et 4 sièges, le MR « renaissant » se retrouve en position de faiseur de roi. Avec trois échevins et la présidence du CPAS (qu’occupait jusque-là Gilbert Legasse), le MR signe le Pacte de majorité avec le PS de Dimitri Legasse qui conserve ainsi, in extremis, sa fonction de bourgmestre et deux échevins de sa famille politique. Après une nouvelle édition du guide communal facilitant l’accès à l’administration, les autorités de Rebecq se dotent d’un Plan stratégique transversal (printemps 2014), quand Dimitri Legasse opte pour le statut de bourgmestre empêché. Depuis quelques années déjà, il a gagné en notoriété en-dehors de sa commune et l’occasion lui est donnée de siéger au Parlement de Wallonie.

Administrateur de l’IBW (2001-2007), vice-président du Centre régional d’intégration (2005-2007), membre du conseil de la Zone de police Ouest Brabant wallon (2005-2014), administrateur de l’Union sportive Rebecquoise et président de SportissimO (2009-), il est élu à la vice-présidence de la Fédération PS du BW en 2009, avant d’être élu à sa présidence (juin 2015), où il succède à André Flahaut en fonction depuis les années 1980. Il siège aussi au conseil d’administration de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie (2013-2017), de la Fondation rurale de Wallonie (2016-2017) et de Sedifin (2013-2018), dont il devient le vice-président (2015-2017).

A plusieurs reprises, dans la circonscription de Nivelles, Dimitri Legasse est candidat PS lors de scrutins fédéraux ; présent en 1999, mais pas en 2003, il est 2e suppléant en 2007 (4.111 vp) et premier suppléant derrière André Flahaut le 23 juin 2010 (5.643 vp). Il participe aussi aux scrutins régionaux – deuxième suppléant en 2004 (2.715 vp), 3e effectif en 2009 (5.017 vp) – et observe que sa popularité est en augmentation constante. Tête de liste le 25 mai 2014 et candidat affirmé à un mandat de député au Parlement wallon, il incarne, avec Anne Lambelin, le rajeunissement des cadres socialistes en Brabant wallon. Au lendemain de la 6e réforme de l’État qui apporte à la Wallonie de nouvelles et importantes compétences, le PS brabançon wallon gagne près d’un pourcent et demi et un siège (19,5%), retrouvant le siège perdu en 2009, sans toutefois atteindre les 24% de 2004 ou 1995. Avec 9.123 vp, Dimitri Legasse a rempli sa mission et prête serment de député wallon à Namur. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, le bourgmestre empêché de Rebecq s’appuie sur Patricia Venturelli (échevine déléguée à la fonction de bourgmestre) et reste ainsi très attentif aux dossiers de sa commune, notamment lors des inondations de 2016.

Membre de la Commission Emploi-Formation (2014-2017), dont il est un éphémère vice-président (2017), le député wallon siège aussi au sein de la Commission des poursuites (2014). Durant cette législature, celui qui dépose dès 2014 une résolution afin de lutter contre l’abandon des animaux domestiques adopte une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. 

Membre de la Commission spéciale « Renouveau démocratique » (mai 2015-décembre 2018), dont il est l’un des vice-présidents, Dimitri Legasse y mène une réflexion sur les mesures de bonne gouvernance à mettre en œuvre au niveau régional ou local, visant notamment à améliorer tant la démocratie représentative que la démocratie participative. à la suite de ces travaux, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie.

Dès novembre 2014, Dimitri Legasse est aussi membre de la Commission d’avis chargée de Questions européennes, créée pour la toute première fois au sein du Parlement wallon. Il s’agit de se saisir des éventuels futurs traités en amont et de manière proactive, plutôt que de les subir en aval dans un simple rôle de ratification. L’analyse des enjeux des traités de libre-échange négociés par la Commission européenne (TTIP, CETA, ACS) est au cœur des travaux de cette Commission qui se réunit plus d’une trentaine de fois et auditionne une vingtaine d’experts de très haut niveau (2014-2016). Le 14 octobre 2016, instruite par sa commission et poussée par la société civile, l’assemblée plénière adopte une résolution qui marque les esprits : par 47 oui dont Dimitri Legasse (PS-cdH-Ecolo-PTB-indép.) et 16 non (MR), le Parlement de Wallonie refuse de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Le ministre-président wallon, Paul Magnette, est chargé de faire valoir le point de vue majoritaire wallon auprès des autorités européennes. Après une semaine de crise internationale inédite et de rudes négociations, le Parlement de Wallonie donne son accord au CETA (58 oui, 5 non), dès lors que l’Europe prend en considération ses doléances de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Dimitri Legasse soutient cette solution.

Co-signataire de propositions de décret et de résolution, le député wallon de la majorité entend lutter contre la discrimination à l’emploi, favoriser le redéploiement économique des centres urbains, supprimer la redevance télévision, favoriser les jardins communautaires, améliorer la tarification de l’eau de distribution ou implémenter un guide de bonne conduite administrative dans l’ensemble des organismes publics et services du Gouvernement wallon. Au printemps 2016, il fait adopter l’utilisation de nouvelles couleurs pour les écharpes des échevins des communes de Wallonie (texte cosigné avec Christie Morreale) ; à partir du scrutin d’octobre 2018, les échevins porteront désormais des écharpes aux couleurs rouge et jaune de la Wallonie. En 2017, sur une proposition dont il est le cosignataire, le statut de ville est accordé à Tubize.

Du 16 février au 3 juillet 2017, Dimitri Legasse est l’un des représentants du PS au sein de la Commission parlementaire d’enquête chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin (ex-Tecteo). Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen entendent, au moins une fois, 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet).

Alors qu’à Namur le président du cdH renverse la table, refuse désormais de gouverner avec les socialistes et se tourne vers le MR, sur le plan local, Dimitri Legasse (PS) et Marino Marchetti (cdH) s’entendent pour faire à nouveau alliance (novembre 2017), et présenter une liste commune au scrutin communal d’octobre 2018. Emmenée par Dimitri Legasse (1.697 vp), Patricia Venturelli (902 vp) et Marino Marchetti (619 vp), et poussée par Arnaud Demol (261 vp), la liste UNION dépasse les 50% et obtient 12 sièges. En choisissant d’exercer la fonction de bourgmestre de Rebecq, Dimitri Legasse se conforme au décret spécial wallon sur le cumul, renonce à son mandat de député wallon, et est remplacé à Namur par Hassan Idrissi.

Néanmoins, lors du triple scrutin du 26 mai 2019, il se représente comme tête de liste du PS, dans la circonscription de Nivelles, avec l’intention de siéger à Namur. Avec 8.987 vp, il décroche son mandat de député wallon, mais le recul du PS est sévère (14,92%, - 4,55%), puisqu’il perd un siège en BW, tout en réalisant son plus mauvais score depuis les premières élections directes du Parlement de Wallonie en 1995. Cédant l’écharpe maïorale à Patricia Venturelli, Dimitre Legasse reste membre du Conseil communal dont il préside les séances, tout exerçant la fonction de président de la Commission locale de Développement rural et de délégué au sein du nouveau Conseil Consultatif Citoyen. Réélu en 2019 et 2023, il reste aussi le président de la Fédération PS du BW.

Président de la Commission Emploi-Action sociale-Santé (2019-2024), le député wallon contribue notamment à finaliser les textes relatifs à la réforme du système des APE, à la politique liée au vieillissement de la population, aux dispositions liées aux problèmes de suicide et de santé mentale, tout en étant confronté aux années Covid-19 et aux mesures d’accompagnement que la crise sanitaire nécessite, notamment le port du masque, l’usage du Covid Safe Ticket et la politique de vaccination. Actif dans la réforme des titres-services, le député Legasse porte aussi une série de mesures destinées à améliorer l’accès à l’emploi et à la formation, et le décret visant à améliorer le contrôle des opérateurs de la politique de l’Action sociale et de la Santé (été 2023). En 2020, il avait demandé que la Wallonie se dote d’un « maître-architecte ».

Le 9 juin 2024, il est tête de liste PS au scrutin fédéral et en octobre, il emmène à Rebecq une liste désormais appelée Union citoyenne.

 

Mandats politiques

Conseiller CPAS à Rebecq (1994-2000)
Conseiller communal à Rebecq (2000-)
Echevin (2001-2006)
Bourgmestre (2006-06/2014)
Député wallon (2014-12/2018)
Bourgmestre empêché (06/2014-2018)
Bourgmestre (2018-06/2019)
Député wallon (2019-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), La DH, 12 mars 2018
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://dimitrilegasse.be/ (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)