Léonard Laurent

Politique, Député wallon

Ougrée 27/11/1974

Député wallon : *2019-2024

Pendant quasiment tout le XXe siècle, l’hôtel de ville de Flémalle a accueilli une majorité d’élus socialistes émanant du POB, du PSB puis du PS. Bastion rouge de la périphérie liégeoise, dominé par des personnalités de la trempe de Théodule Gonda et André Cools, Flémalle est restée longtemps une grosse bourgade industrielle dont la prospérité dépendait des activités liées aux charbonnages, à la métallurgie et à la sidérurgie. évitant l’absorption au sein d’un Grand Liège, Les AwirsChokier, Flémalle-GrandeFlémalle-HauteGleixhe, Ivoz-Ramet et Mons-lez-Liège fusionnent en 1976 sous le nom de Flémalle, et forment une entité d’environ 25.000 habitants. Autre personnalité marquante de Flémalle, Jean-Marie Léonard était devenu échevin de l’enseignement, avant les fusions et dès sa première élection en octobre 1970. Il faisait alors partie d’un Collège socialiste présidé par André Cools. Responsable aussi des compétences de la Famille, de la Petite Enfance et des Bibliothèques, il restera en fonction jusqu’en janvier 1999, incarnant véritablement l’enseignement officiel à Flémalle. Quand il annonce son retrait de la vie politique active, Jean-Marie Léonard dénonce la présentation, lors des élections communales d’octobre 2000, d’une liste dissidente socialiste conduite par Marcel Cools. C’est aussi à ce moment que se présente Laurent Léonard, son fils, sur la liste du PS.

Assurément, cette liste Alternative Socialiste Citoyenne de Flémalle (ASCF), conduite par Marcel Cools, provoque la zizanie au sein de la famille socialiste. En réunissant 6 sièges, ASCF affaiblit la liste socialiste officielle, celle qui est soutenue par la Fédération liégeoise du PS. Avec 15 sièges sur 29, le PS de Flémalle est contraint d’ouvrir sa majorité, offrant au PRL-MCC (9% et 2 sièges) de siéger au Collège échevinal pour la toute première fois. Sous la direction de Gilbert van Bouchaute, le Collège accueille la libérale Catherine Pirlet (en charge des Finances et des Affaires économiques) entourée de cinq échevins socialistes, dont Laurent Léonard. à peine élu conseiller communal, ce dernier accède déjà à un échevinat, en charge de l’Enseignement, comme son père, trente ans plus tôt.

C’est dans la sidérurgie liégeoise, sur le site de Chertal que Laurent Léonard a entamé sa carrière professionnelle ; ensuite, il est embauché par RESA, la société chargée de la distribution du gaz et de l’électricité en province de Liège, où il devient responsable de la communication vers les communes affiliées. De 2007 à 2010, il est responsable des relations publiques de l’Association liégeoise du Gaz (ALG), puis, à partir de 2010, il est chargé de la communication avec les communes affiliées au sein de l’intercommunale Nethys. Jusqu’en 2019, il mène cette carrière professionnelle, tout en assurant les responsabilités de son échevinat à Flémalle, où le paysage politique ne cesse d’évoluer.

En effet, dès septembre 2005, le président de la liste Alternative Socialiste Citoyenne de Flémalle, Francis Biesmans, écarte du parti cinq élus de l’ASCF dont Marcel Cools. En octobre 2006, lors du scrutin communal, Marcel Cools n’est plus candidat et la liste Alternative ne récolte aucun élu, mais un autre combat se livre, très tendu, entre le bourgmestre sortant et une toute nouvelle candidate qui brigue ouvertement la première place à l’hôtel de ville. Septième candidat, Laurent Léonard réalise pour sa part le troisième score de la liste (1.454 vp), juste derrière le bourgmestre Gilbert van Bouchaute (2.116 vp) et surtout Isabelle Simonis (2.369 vp). En application du tout récent Code de la démocratie locale (projet de Philippe Courard devenu le décret wallon du 8 décembre 2005), c’est cette dernière qui devient de droit la nouvelle bourgmestre de Flémalle. Dans le même temps, la commune retrouve son statut de « citadelle rouge » puisque le PS détient à nouveau une large majorité absolue (56,9%, + 13,5%), avec 20 sièges sur 29. Exigé par la nouvelle maire, le retrait de Gilbert van Bouchaute permet d’éviter une guerre intestine et la constitution d’un nouveau Collège exclusivement socialiste.

Administrateur (2001) du Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces (CECP) dont il devient le vice-président (2014), puis le président (2018-), administrateur de la SAB devenu Liège Airport SA (2002-2019), la société responsable de la gestion de l’aéroport de Bierset, ainsi que de l’Association liégeoise de l’électricité (ALE) devenu Tecteo Group (2002-2007), Laurent Léonard reste échevin en charge de l’Enseignement, tout en devenant le Premier échevin et en héritant des Finances dans la nouvelle équipe. En octobre 2012, la liste emmenée par Isabelle Simonis (3.166 vp) obtient un large soutien des électeurs (54,6%, -2,2%), perdant un siège. Mais les surprises se situent sur la liste du PS, où, deuxième candidat, Laurent Léonard (1.099 vp) réalise moins de voix qu’en 2006 et surtout est précédé par Sophie Thémont (1.490), Fabian Pavone (1.364 vp) et Catherine Megali (1.207). Administrateur de l’Intercommunale d’Incendie de Liège (IILE-SRI Liège) et membre de son comité de gestion de 2014 à 2019, il demeure échevin de l’Enseignement.

En 2015, Laurent Léonard est l’un des initiateurs d’une « fronde » d’une quinzaine d’échevins de l’enseignement de diverses communes et formations politiques (PS, écolo, DéFi) qui se mobilisent en faveur de la création d’un cours d’histoire de la pensée et d’éducation à la citoyenneté.

En octobre 2018, occupant la 4e place sur la liste emmenée par Isabelle Simonis, il réalise le 4e meilleur résultat de sa liste (988 vp), la bataille pour le maïorat se jouant entre le trio de tête Isabelle Simonis (2.131), Fabian Pavone (1.926) et Sophie Thémont (2.101). De cette joute triangulaire, le PS ne sort pas gagnant, enregistrant encore un recul. Certes, il dispose encore de 17 sièges (45,9%), mais il a perdu près de 9% lors de ce scrutin et 2 sièges, en constatant, notamment, la montée du PTB (17,9%, + 11,6%) qui dispose désormais de 5 élus (+4). En cours de législature, se disant lasse des querelles incessantes au sein du Collège, Isabelle Simonis jette le gant et est remplacée par Sophie Thémont (Noël 2022). Entretemps, et dès juillet 2019, Laurent Léonard a lui aussi quitté le Collège et sa fonction d’échevin (en charge de l’enseignement, de l’accueil extrascolaire, des crèches, des écoles de devoir et des bibliothèques), pour se conformer au décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons. 

Pour la toute première fois, en 2018, Laurent Léonard a aussi accepté de se présenter comme candidat lors d’élections autres que communales, en occupant la 6e et dernière place dans le district de Saint-Nicolas, lors du scrutin provincial d’octobre 2018. Avec 3.264 vp, il réalise alors le 3e score et emporte le 3e mandat dévolu au PS ; ipso facto, il se retrouve à siéger au Conseil provincial. Six mois plus tard, lors du scrutin régional wallon du 26 mai 2019, la première suppléance lui est attribuée sur la liste PS dans la circonscription de Liège. Il réalise 5.534 vp, 2e résultat des suppléants, 6e des socialistes, 18e tous partis confondus.

En septembre 2019, quand est formé le gouvernement wallon PS-MR-écolo présidé par Elio Di Rupo, Christie Morreale devient ministre et libère son siège au Parlement de Wallonie. Renonçant à son mandat provincial et d’échevin, tout en devenant le chef du groupe PS au conseil communal de Flémalle, Laurent Léonard prête serment de député wallon en septembre 2019 et découvre le travail parlementaire de l’assemblée wallonne durant une législature marquée par la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, alors que la Déclaration de politique régionale souhaitait mettre l’accent sur l’emploi, la lutte contre la pauvreté, la transition climatique, le contrôle des finances publiques et l’ambitieux Plan de Relance du gouvernement dirigé par Elio Di Rupo.

Au moment où la première vague de la pandémie de Coronavirus semble s’achever, Laurent Léonard est choisi par son parti pour le représenter au sein de la « Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie », dans ses différents aspects : sanitaires, économiques, financiers et sociaux. Cette Commission spéciale se réunit de juillet à novembre 2020. à partir de décembre 2020, il devient l’un des cinq représentants du Parlement de Wallonie au sein du Conseil parlementaire interrégional (2020-2024). Attentif aux dossiers liégeois comme le développement de l’aéroport de Liège et la lutte contre le bruit, le dédommagement des commerçants lésés par le chantier du tram, la revente des usines de Liberty Steel, l’avenir du château de Chokier, etc., le député wallon contribue aussi à la fin des primes pour le photovoltaïque (automne 2020), recherche des moyens de créer des incitants à la pratique régulière du vélo, et légifère pour aider les ménages face à l’augmentation du coût de l’énergie (automne 2022). Membre de la Commission énergie-Climat-Mobilité (2019-2024), il fait partie du groupe de travail chargé du « Dialogue interparlementaire sur le Climat », en particulier de préparer la note belge destinée à la COP26 à Glasgow (2020-2021) : avec ses collègues Florent (écolo) et Douette (MR), il est l’auteur de la proposition de résolution – adoptée en séance plénière le 6 octobre 2021 – qui porte notamment sur les objectifs climatiques à atteindre d’ici 2050 et la question du financement international de la lutte contre le changement climatique. S’intéressant à la filière du biogaz en Wallonie, au décret « communautés d’énergie », ainsi qu’à la manière de multiplier les bornes de recharge électrique en Wallonie, le député se soucie de la lutte contre la pollution numérique et préconise une taxe contre les GAFA. Légiférant contre la violence conjugale et intrafamiliale, il veille à l’aspect social d’une série de mesures, notamment dans les aides apportées aux sinistrés des inondations, ou dans le décret des communautés d’énergie. Spécialiste de l’enseignement, le député qui siège au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles suit avec beaucoup d’attention le dossier de la gratuité scolaire, du Plan Pilotage, des Bâtiments scolaires et de l’accompagnement personnalisé.

à la suite de l’affaire dite du greffier, l’ensemble du bureau du Parlement de Wallonie démissionne et les partis politiques procèdent à divers remaniements. Quand André Frédéric est désigné à la présidence du Parlement de Wallonie, il renonce à son mandat de sénateur. C’est Laurent Léonard qui le remplace, tout en devenant l’un des vice-présidents du Parlement de la Communauté française. Quelques semaines plus tard, il remplace Maxime Hardy, à Namur, au sein de la Commission de la Comptabilité, créée à l’automne 2022 à la suite de l’affaire dite du greffier, pour renforcer le contrôle des budgets et comptes du Parlement de Wallonie (06/2023-2024).

Président de la Maison de la laïcité de Flémalle, président de l’asbl REFLEX (Relais Flémallois pour l’Extrascolaire) et de l’asbl GRANDIR chargée de l’accueil pour la petite enfance, Laurent Léonard publie, en février 2024, Entre Terril et Ciel Rouge, un essai politique où, s’appuyant sur son expérience et celle de son père, il trace des pistes pour affronter des défis d’avenir.

Le 9 juin 2024, il occupe la 4e place des effectifs sur la liste PS emmenée par Christie Morreale, dans la circonscription de Liège, sollicitant des électeurs le renouvellement de son mandat de député wallon. Avec 5.692 vp, il réalise le 3e score des effectifs socialistes liégeois, le 10e tous partis confondus, un résultat qui ne lui permet plus de siéger au Parlement de Wallonie. En effet, tout en restant la première force politique de la circonscription électorale (26,25%), le PS est en recul de 2,18% et réalise son moins bon résultat depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995. Victime du système de l’apparentement, il perd surtout deux sièges, n’en conservant que trois.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Flémalle (2001-)
Échevin (2001-09/2019)
Conseiller provincial (2018-09/2019)
Député wallon (09/2019-2024)
Sénateur représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles (01/2023-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 27 octobre 2000, 24 octobre 2006, 14 novembre 2006, 15 juin 2015
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
https://laurentleonard.be/ 
https://www.rtc.be/article/culture/livres/boite-a-livres-laurent-leonard-entre-terril-et-ciel-rouge-altura-_1517950.html 
Laurent Léonard, Entre Terril et Ciel Rouge, essai, Altura, 2024

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)