Magritte René
Culture, Peinture
Lessines 21/11/1898, Schaerbeek 15/08/1967
Figure de proue du surréalisme, René Magritte est certainement l’artiste wallon le plus connu au monde, avec Georges Simenon dans un autre domaine.
L’adolescence de Magritte est marquée, en 1912, par le suicide de sa mère, qui s’est jetée dans la Sambre, et dont le corps a été retrouvé, sa chemise relevée par-dessus la tête. Cet événement tragique apparaîtra à travers toute l’œuvre de l’artiste (la présence de l’eau, des visages voilés...) et là où certains voient de l’érotisme, les psychanalystes observent des représentations (in)conscientes de ce drame.
Attiré par l’art, René Magritte suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts à Bruxelles (1916). Ses amitiés sont cependant plus déterminantes que les cours, même s’il y rencontre Constant Montald. En 1919, il rencontre E.-L.-T. Mesens et Marcel Lecomte lui fait découvrir Giorgio de Chirico. Jusqu’en 1925, Magritte traverse une période de recherches. Ses premières expériences picturales le voient tenté par le cubisme et le futurisme ; puis ce sera le dadaïsme. Pour gagner sa vie, il travaille surtout dans une usine de papiers peints et réalise des illustrations publicitaires. Attiré par le courant surréaliste, il met un terme à sa période « abstraite ». Le Jockey perdu (1925 ?) est considéré par lui comme le point de départ de la grande aventure.
Après une exposition à Bruxelles fort maltraitée par la critique (1927), Magritte s’installe près de Paris, prend part au groupe surréaliste qui entoure André Breton, et croise Eluard, Dali, Mirô. Quand il revient à Bruxelles, à l’heure où la crise économique s’est étendue au monde, Magritte a trouvé et mis au point le vocabulaire de son univers. À l’aide d’objets puisés dans la vie quotidienne, le peintre vise au dépaysement poétique en remettant en cause les lois apparentes de la nature et les conventions fixées par l’homme. Il navigue entre réalité et illusion, entre la face intérieure et extérieure des choses. Quant aux titres des tableaux, ils doivent servir, d’après lui, à surprendre et à enchanter ; ils sont un surcroît de poésie. S’imposant comme une des figures marquantes du surréalisme, il collabore à la Révolution surréaliste, à Documents 35, à Distance. L’année 1934 est importante : l’exposition du Minotaure place Magritte aux côtés de Chirico, Dali et Ernst ; toujours à Bruxelles, Breton présente la conférence Qu’est-ce que le surréalisme ? Le texte sera publié avec, en couverture, un dessin de Magritte intitulé Le Viol ; dans le même temps, le Groupe Rupture se constitue à La Louvière et René Magritte le rejoindra. Alors que sortent les premières monographies dédiées à Magritte, son style influence durablement de jeunes créateurs.
Surréalisme rime souvent avec révolte et surtout communisme. Magritte ne déroge pas à la règle. Auteur d’affiches patriotiques antinazi en 1939, il adhère brièvement au Parti communiste mais aspire surtout à une vie d’artiste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ses œuvres sont volontairement de couleurs violentes ; elles sont pourtant ressenties comme optimistes (époque dite impressionniste ou « plein soleil »). Vient ensuite le court épisode de la période dite « vache » où il affirme avec virulence une attitude anti-picturale. Après ces deux moments, Magritte retrouve sa poésie, découvre et étudie de nouveaux thèmes : coexistence du jour et de la nuit, le règne de la pierre, la mise en cause de la pesanteur, notamment. Magritte atteint la renommée internationale que consacre l’exposition au Museum of Modern Art de New York (1965). Le Pop Art, quant à lui, y puise ses lettres de noblesse.
À son décès, en 1967, René Magritte laisse une œuvre considérable (plus d’un millier de toiles) que les hommages (sous forme de monographies ou d’expositions) donnent à connaître à un public de plus en plus large. La valeur de ses toiles atteint également des sommets auxquels il n’a jamais rêvé, alors que son imagination avait franchi des frontières parfois bien plus difficiles. D’approche apparemment simple, son œuvre garde une part considérable de mystères et constitue un univers aux lectures parfois fort complexes.
Sources
ROBERTS-JONES Philippe, Nouvelle Biographie Nationale, t. VIII, p. 251-254
SABATINI Liliane (dir.), Un double regard sur 2000 ans d'art wallon, Tournai, La Renaissance du Livre - Crédit communal, 2000
MEURIS Jacques, René Magritte (1898-1967), Cologne, Taschen, (1992)
René Magritte et le surréalisme en Belgique, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1982
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV
Œuvres principales
Le Jockey perdu (1925 ?)
La trahison des images, 1929
Le retour, 1940
La magie noire, 1942
La Mémoire, 1948
L’empire des Lumières, 1954
Le fils de l’homme, 1954
L’empire des Lumières, 1961
Le printemps, 1965
© Institut Destrée, Paul Delforge