Maquoi Luc

Humanisme-Egalité, Science, Médecine

Izier (Durbuy) 07/05/1954, Liège 17/07/2002

Travaillant le fer dans la forge paternelle et capable d’interpréter Bach sur les orgues de l’église paroissial, Luc Maquoi se destine cependant à la physique nucléaire lorsqu’il achève ses études d’ingénieur à l’Université libre de Bruxelles (1976). Mais sa passion de l’aventure et son rêve de devenir médecin en Afrique l’amène à mener des études de Médecine qu’il réussit brillamment. Docteur en Médecine, Luc Maquoi reporte sa volonté de sauver des vies dans un horizon moins lointain. Rapidement, il fait le constat que les régions rurales souffrent fortement de leur isolement par rapport aux services hospitaliers et que les moyens de communication classiques s’avèrent insuffisants dans les cas d’urgence. S'inspirant du modèle américain où les soixante minutes qui suivent un traumatisme sont considérées comme cruciales pour la victime, il prend l’initiative de créer un service d'aide médicale urgente à Bra-sur-Lienne, sous la forme d’une asbl (26 décembre 1986). 

À cette époque, elle est dotée d’un véhicule automobile de type SMUR. À partir de 1997, le service dont il s’occupe se dote d’un hélicoptère, le Spirit of Saint-Luc qui va effectuer plusieurs centaines de sorties par an (souvent deux par jours), non pas seulement dans la région de la Lienne, mais aussi dans les provinces de Namur, Liège et Luxembourg. Un mois à peine après sa mise en service, l’hélicoptère prouve médiatiquement son utilité en intervenant auprès de celui qui allait devenir le bourgmestre de Vielsalm, victime d’un infarctus. En 2002, le service est réquisitionné pour venir en aide lors de la catastrophe de Cockerill et, en 2003, lors de la catastrophe de Ghislenghien, il fut le premier intervenant héliporté. La base héliportée est établie à Bra et « l'hélico du docteur Maquoi » est en mesure de procéder aux premiers soins, de réanimer le cas échéant durant le transfert vers un hôpital.

Constituée sous la forme d’une asbl, cette initiative privée force la reconnaissance et le respect de la part de tous les acteurs hospitaliers, mais souffre régulièrement de problèmes financiers : le coût d’une intervention en hélicoptère étant élevé, les dons, les initiatives de bénévoles, les subsides communaux et provinciaux, comme les conventions notamment avec le CHU de Liège (2003), ne suffisent pas, même si Le Touring Club de Belgique perçoit bien l’utilité du service lorsqu’il signe un partenariat-sponsoring en 2005. Un partenariat avec NHV contribue à l’amélioration du matériel ; à partir de 2008-2009, les interventions nocturnes sont rendues possibles et un système est mis au point pour faire des terrains de football des lieux d’atterrissage potentiels. Devenu en 2010 le Centre médical héliporté, le projet du docteur Maquoi est reconnu comme SMUR expérimental par le SPF Santé publique.

Mais depuis 2002, le Dr Maquoi n’est plus. Avec son épouse (qui avait passé son brevet de pilote d’hélicoptère), il a pensé et porté ce projet résolument orienté vers les autres. Pionnier, il a dû vaincre de multiples obstacles matériels comme administratifs pour faire naître ce défi, imaginant le système de la « carte de sauvetage » pour en assurer le financement. Après avoir assuré les services d’urgence 24 heures sur 24 pendant près de quinze ans, Luc Maquoi avait commencé à réorganiser la structure afin qu’elle ne repose plus uniquement sur ses épaules. En 2001, il avait repris une spécialisation au département d’anesthésie et de réanimation du CHU de Liège. Par son initiative et son opiniâtreté, il a permis de sauver des dizaines de vie. La sienne, cependant, n’a pu résister à « une longue maladie » et il est décédé en 2002. Dix ans plus tard, celui qui avait été fait citoyen d’honneur de Vielsalm (2002) est élevé, à titre posthume, au rang de chevalier du Mérite wallon par le gouvernement wallon.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.centremedicalheliporte.be/
Ardennes Magazine, cfr http://www.ardennesmagazine.be/reportages/region_b/lierneux/lier_0207_inmemoriam/Article_maquoi.htm