Maroy Olivier
Politique, Député wallon
Uccle 07/06/1962
Député wallon : 2014-2019 ; 2019-2024
Au début des années 1980, Olivier Maroy fait partie des passionnés de radio-libres ; animateur sur Radio Star, il est l’un des fondateurs de l’asbl Radio Sud Inter qui émet du côté d’Uccle ; jonglant avec les autorités qui luttent contre le « piratage de la bande FM », Maroy se laisse convaincre de rejoindre radio SIS. Après la fusion ratée de Sud Inter et de Radio Kiss, il est parmi les fondateurs de Fréquence 1 (fin 1983), radio privée bruxelloise prenant Europe 1 comme modèle. Pendant plusieurs mois, il y est le directeur de l’information, travaillant en collaboration avec des titres de la presse écrite. En 1986, Fréquence 1 devient Top FM qui, à la fin des années 1980, est considérée comme « la » radio branchée à Bruxelles. Repéré par Adrien Joveneau, Olivier Maroy le rejoint pour travailler à la production des émissions Les Belges du bout du monde et Grandeur nature, notamment. En 1995, il réussit le grand examen de journaliste organisé par la RTBf et il entre au Centre de production de Namur. Au moment où les premiers députés sont élus directement au Parlement wallon, il est chargé de couvrir, pour la radio et la télévision, l’actualité politique wallonne.
Commentant les grands dossiers conduits par le gouvernement Collignon, puis par la coalition Arc-en-Ciel, Olivier Maroy est aussi appelé, par intermittence, à la présentation de Région Soir, puis du Bus des Régions ; il participe à l’animation des soirées électorales, notamment lors du triple scrutin du 13 juin 1999, depuis Namur. À partir de 2001, il devient secrétaire de rédaction du Centre de production de Namur et, au moment où la RTBf se réorganise, mettant notamment fin à Fréquence Wallonie, il manifeste clairement l’intérêt que constituerait le renforcement du Centre de Namur, plutôt qu’un renforcement de Mons. Au printemps 2003, ce passionné de politique se voit confier les commandes de Mise au point, l’émission politique dominicale de la RTBf télévision, où il remplace Thierry De Bock ; pendant plus de dix ans, il anime près de 500 débats et réalise des centaines d’interviews, tout en accordant une place de plus en plus importante au dessinateur Pierre Kroll (2003-2014). Il crée et anime aussi Revu & Corrigé (2009-2013).
Comme quelques autres journalistes politiques avant lui (Frédéric François, André Mordant, Frédérique Ries, Jean-Paul Procureur, Anne Delvaux, Florence Reuter, etc.), Olivier Maroy se laisse tenter d’abandonner le commentaire pour la pratique politique, passant de l’autre côté du micro. Sans avoir jamais participé auparavant au moindre scrutin électoral, il est placé en 4e position sur la liste du MR dans la circonscription de Nivelles, une place dite de combat, lors du scrutin wallon du 25 mai 2014. Pour un coup d’essai, c’est un coup gagnant. Avec 11.018 vp, il signe le 4e score tous partis confondus… et de sa propre liste ; il contribue ainsi au succès historique du MR dans cette circonscription (41,5%, soit 5% de plus qu’à l’époque Kubla), le meilleur résultat des bleus depuis la première élection directe du Parlement wallon, le 21 mai 1995.
Le nouveau député doit pourtant se résoudre à siéger dans l’opposition quand PS et cdH annoncent la formation du gouvernement wallon présidé par Paul Magnette. Membre de la Commission Pouvoirs locaux-Logement-Énergie, de la Commission Environnement-Aménagement du territoire-Transports et de la Commission de contrôle des dépenses électorales (2014-juillet 2017), Olivier Maroy garde les habitudes de son ancien métier en multipliant les questions orales auprès des différents ministres, notamment sur leur politique en matière de déchets, de mobilité automobile, d’énergie et de logement. En tant que membre du comité mixte Assemblée nationale du Québec-Parlement de Wallonie, il ne manque pas de faire savoir aux Québécois comme aux Wallons qu’il est favorable à la signature du Ceta. Avec d’autres députés MR, il propose un décret visant à étendre les compétences des AIS au logement étudiant, un autre pour garantir le service des TEC en temps de grève, voire à réformer la structure du TEC.
Désireux d’améliorer la numérisation des dossiers d’urbanisme, d’améliorer la prévention des incendies dans les logements, de supprimer l’effet dévolutif de la case de tête aux communales et provinciales, il est encore le cosignataire d’une proposition de résolution visant à interdire le port de signes convictionnels ostentatoires au personnel des services publics, d’une autre en faveur des dons d’organe, voire encore d’une prise en compte des enjeux climatiques. Auteur d’un rapport sur la rationalisation d’un marché régional du gaz et de l’électricité et d’un autre sur la politique des grandes villes et celle du logement, il s’emploie à demander l’amélioration du contrôle des dépenses du président du Parlement de Wallonie et des ministres wallons. Il insistera en réclamant davantage de contrôle aussi au sein de toutes les intercommunales. Sans surprise, au printemps 2017, Olivier Maroy représente le MR au sein de la Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin (ex-Tecteo). Au cours de 29 réunions, du 16 février au 3 juillet 2017, entourés de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen entendent, au moins une fois, 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet).
Alors que les travaux de cette commission s’achèvent, Benoit Lutgen a lancé un appel, le 19 juin, pour mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes. Olivier Maroy est l’un des quatre signataires MR qui, avec quatre députés cdH, déposent la motion de défiance constructive qui est adoptée le 28 juillet et qui scelle le sort du gouvernement dirigé par Paul Magnette ; le député se retrouve ainsi dans la majorité MR-cdH quand se met en place le gouvernement wallon présidé par Willy Borsus. C’est une première dans l’histoire politique wallonne. Restant néanmoins dans l’opposition au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (où il est membre de la commission Culture-Enfance et de la Commission Enseignement supérieur-Recherche-Médias), Olivier Maroy contribue à serrer les rangs de la très courte majorité (38 sièges sur 75) qui entend imprimer, à Namur, un cap nouveau à la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision », modification de grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, garantie de la continuité du service au TEC, etc. Et si la réforme des provinces, celle des APE et l’assurance autonomie ne sont finalement pas votées, c’est en raison de la défection de la MR Patricia Potigny, partie vers la liste Destexhe (mars 2019).
Si majorité et opposition s’affrontent sur certains dossiers, l’unanimité est quasi entière sur d’autres. Ainsi est adoptée la réforme des circonscriptions électorales wallonnes (janvier 2018). Ainsi en est-il aussi en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions suite à la 6e réforme de l’état. Membre de la Commission Environnement-Aménagement du Territoire-Transports (2014-2019), dont il est l’un des vice-présidents à partir de septembre 2017, Olivier Maroy a déposé des textes pour lutter contre les chats errants et réclamer une permanence vétérinaire dans les grandes villes wallonnes pour les animaux des personnes sans abri.
Il contribue aussi à la mise en place du Conseil du Bien-être animal (CWBEA, 22 janvier 2015), puis à l’examen des différents textes sur la question de l’abattage rituel (notamment propositions Defraigne et Arens), aux consultations écrites, ainsi qu’aux auditions (dont le représentant de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et celui du Consistoire central israélite de Belgique (CCIB), à leur demande insistante). Les échanges sont vifs, mais les députés wallons sont décidés. Offrant une alternative aux cultes concernés, ainsi qu’une période transitoire, une nouvelle proposition de décret est accueillie unanimement en Commission, avant d’être plébiscitée par l’assemblée plénière (66 sur 69 des députés présents, 17 mai 2017). Les dispositions du décret se retrouveront intégralement dans le Code wallon du bien-être animal, texte lui aussi adopté à la quasi-unanimité du Parlement de Wallonie (3 octobre 2018) : ce Code reconnaît l’animal comme un être sensible et définit la manière d’assurer davantage la protection et le bien-être des animaux, en considérant leurs besoins physiologiques et éthologiques, ainsi que leurs rôles au sein de la société et de l’environnement. Dans l’opposition lors du vote du décret, dans la majorité pour l’adoption du Code, Olivier Maroy approuve les deux textes et apporte sa contribution à une législation qui fait de la Wallonie une région pionnière en matière de protection animale.
Désormais pris au jeu de la politique active, Olivier Maroy se lance sur le terrain communal à Orp-Jauche, où il réside depuis 1996. Dans l’opposition depuis 2006, le MR local s’allie à la liste UP du bourgmestre Hugues Ghenne et inscrit au programme commun deux axes qui sont chers aux libéraux : la mobilité et la culture avec la volonté de rassembler les quatre troupes de théâtre ainsi que tous les acteurs à ce niveau pour proposer à Orp-Jauche un festival de théâtre amateur, sur le modèle de Chassepierre. Ce rassemblement autour du bourgmestre (2.411 vp) se solde par un raz-de-marée, en octobre 2018 : en réunissant les voix de trois électeurs sur quatre, l’Union politique ne laisse que 4 sièges à l’opposition menée par Nathalie Xhonneux. En 17e position, Olivier Maroy (690 vp) réalise un 6e score qui lui ouvre largement les portes du Conseil communal, qu’il préside, ce qui lui permet de continuer à siéger au Parlement de Wallonie et de solliciter sa reconduction lors du scrutin wallon du 26 mai 2019.
Paradoxalement, après avoir attribué leur meilleur score au MR du BW en 2014, les électeurs libéraux de 2019 sont proportionnellement les moins nombreux depuis 1995 ; avec 34%, les quatre premiers candidats MR sont néanmoins élus au Parlement de Wallonie, comme depuis 2004. Occupant à nouveau la 4e place, Olivier Maroy (8.723 vp) réalise le meilleur score des bleus après Valérie de Bue et le 4e tous partis confondus. Au Parlement de Wallonie, dès la formation du gouvernement arc-en-ciel d’élio di Rupo, il est désigné à la présidence de la Commission Fonction publique-Tourisme-Patrimoine et est membre de la Commission Environnement-Nature-Bien-être animal (2019-2024). S’étant prononcé en faveur du candidat G-L. Bouchez à la présidence du MR (automne 2019), le parlementaire est rapidement confronté aux années Covid-19 et s’attache à mener une série de projets tant à Namur qu’au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles où il est membre de la Commission Enfance-Santé-Culture-Médias et Droits des femmes (2019-2024). Bien que le MR soit allié à écolo dans les majorités fédérés, Olivier Maroy ne ménage guère par ses questions les ministres de la Culture Bénédicte Linard et de l’Environnement Céline Tellier sur de nombreux dossiers, du décret « livre » aux dispositions du contrat de gestion de la RTBf, en passant par l’intégration des œuvres d’art dans les bâtiments publics ou le sous-financement des bibliothèques pour la première, de l’éradication des frelons asiatiques aux Pfas, en passant par les consignes sur les canettes et les stations d’épuration pour la seconde.
Lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, si la liste MR du BW évite finalement la présence de Marc Ysaÿe, elle s’ouvre à une jeune agricultrice, Anne-Catherine Dalcq, obligeant Olivier Maroy à tabler sur la désignation d’un/e ministre dans le Brabant wallon pour que sa première suppléance se transforme en prolongation de son mandat de député wallon.
Mandats politiques
Député wallon (2014-)
Conseiller communal à Orp-Jauche (2018-)
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La Libre, 30 avril 2018 ;
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://www.archivesradios.be/site/index.php/histoires?start=6 (s.v. décembre 2017)
https://www.oliviermaroy.be/qui-suis-je/ (s.v. mars 2024)
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