Martel Ernest

Socio-économique, Syndicat

Écaussinnes d’Enghien 1880, Écaussinnes d’Enghien 15/12/1937


Quand il est désigné comme député permanent de la province de Hainaut en 1929, Ernest Martel a derrière lui une intense activité militante, syndicale et politique dans le milieu socialiste, fondée sur la défense des ouvriers des carrières de la région d’Écaussinnes, son pays natal. Pendant plusieurs années, il avait contribué à unifier l’action syndicale et, avant d’opter pour son mandat politique à la province, il avait été le secrétaire national de la Centrale de la Pierre.

Porteur de télégrammes avant de devenir carrier, Ernest Martel milite très jeune dans l’action socialiste, syndicale d’abord et politique ensuite. Dans le pays des carrières, il est affilié au Syndicat local des Ouvriers de la Pierre (fondé en 1896), dont il devient rapidement le secrétaire (1905) : en 1907, sans recourir à la grève, il parvient à obtenir des patrons carriers une convention règlementant la criée et accordant une hausse des salaires de 5%, ainsi qu’une baisse du temps de travail (ramenant la journée de travail de 11h30 à 10h30). Mais la crise se fait se sentir dans le secteur et les patrons carriers annoncent qu’ils ne pourront pas tenir leurs engagements (fin 1908). Un important mouvement social éclate alors à la carrière du Levant (1909), qui mobilise plus de 3.000 ouvriers de la pierre victimes du lock-out des 18 maîtres de carrières de l’Association des carrières d’Arquennes, Feluy, Marche-lez-Écaussinnes et Écaussinnes d’Enghien et Lalaing ; le conflit est rude et se prolonge pendant plusieurs mois (mai 1909-février 1910). Secrétaire de la Fédération hennuyère des Ouvriers des Carrières, Ernest Martel joue un rôle majeur dans ce conflit, en parvenant à convaincre d’autres secteurs (comme les marins d’Anvers ou les métallos de Liège) d’apporter leur soutien financier aux carriers ; la caisse syndicale de Martel intervient pendant 37 semaines pour aider les plus démunis ; par ailleurs, alors que des centaines d’ouvriers partent chercher du travail où ils le peuvent, leurs enfants sont pris en charge par des familles de Lessines ou de Soignies : Martel s’occupe de leur déplacement. Au terme de ce bras de fer majeur, le syndicaliste force les maîtres carriers à respecter ses nouveaux tarifs, qui sont étendus à l’ensemble du Hainaut.

Jouissant d’une notoriété dépassant les limites des trois Écaussinnes, Ernest Martel remplace Maurice Denis à la tête de la Fédération nationale des Ouvriers de la Pierre et du Plâtre qu’il transforme en Centrale des Travailleurs de la Pierre. À partir de 1913, il siège au sein du Bureau de la Commission syndicale et, à ce titre, participe à plusieurs congrès internationaux visant à structurer le mouvement syndical au moins sur le plan européen. À partir de 1920, il représentera aussi la Commission syndicale au sein du Bureau du POB. En 1921, il devient aussi responsable du Fonds de chômage régional de Braine-le-Comte.

Conseiller communal d’Écaussinnes d’Enghien élu en octobre 1911, lors du scrutin qui voit une forte poussée des libéraux et surtout des socialistes dans tout le pays wallon, il devient échevin des Finances (1912-1921) et c’est à ce titre qu’il tente de préserver la situation de sa population durant les années d’occupation allemande. Après la Grande Guerre, Édouard Anseele le nomme Conseiller technique auprès du ministère des Travaux publics (1920-1922), mais Martel renonce à ce poste quand, après les élections de 1920, le chef de file du POB local devient le bourgmestre de la localité, fonction qu’il exerce de 1921 à 1929. Par ailleurs, il devient Régent de la Banque nationale (1926-1937), fonction qui lui avait confiée le Conseil supérieur du Travail.

 Quand il est élu conseiller provincial du Hainaut (juillet 1929), Martel renonce à ses mandats communaux (remplacé par Eloi-Désiré Marbaix comme bourgmestre), pour endosser la fonction de député permanent : succédant à son ami René Bureau, il hérite des Finances – dont s’occupait jusque-là Paul Pastur – en dépit des réticences exprimées par le bureau du POB : à Bruxelles, on s’inquiétait en effet qu’un ouvrier sans diplôme prenne la responsabilité des finances du Hainaut ! Devenu député permanent, Martel renonce aussi à ses mandats syndicaux, cédant le Secrétariat national de la Centrale de la Pierre à Hubert Lapaille, tout en étant élu à la présidence de l’organisation. Lors de la Guerre d’Espagne, Martel hébergea chez lui un petit Espagnol.


 

Sources

http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (sv. février 2014)
Le Mouvement syndical belge, n°12, 20 décembre 1937, p. 6
Claude BRISMÉ, Ernest Martel (1880-1937), dans Le Val Vert, Art-Histoire-Folklore-Tourisme, Bulletin trimestriel du Cercle d’information et d’histoire locale des Écaussinnes et Henripont, Écaussinnes, 1988, n°64, p. 94-104 ; 1989, n°65, p.7-15, n°66, p. 32-46 et n°67 p. 74-83

Conseiller communal d’Écaussinnes d’Enghien (1912-1929)
Échevin (1912-1920)
Bourgmestre (1921-1929) 
Conseiller provincial du Hainaut (1929)
Député permanent (1929-1937)