Materne Edouard
Socio-économique, Entreprise
Dave 1856, Jambes 1934
Chacun s’accorde à citer la date de 1888 pour fixer la naissance d’une entreprise appelée à un bel avenir. C'est en effet à ce moment qu'Édouard Materne crée une entreprise agricole qui se transforme en une siroperie à Wépion, avant de devoir installer une fabrique de confiture à hauteur de Jambes en 1896, pour faire face à la demande de ses produits. Comme son père, Édouard Materne est versé dans le commerce des fruits. Par tradition familiale, il a aussi appris à fabriquer un concentré de poires et de pommes : ce poiré n’est réalisable que quand les récoltes sont bonnes ; le produit est alors vendu à Namur. Juste après son mariage avec Julie Dessy, Édouard fonde une première société sous le nom Établissements Édouard Materne-Dessy : en plus d’une production de fruits à grande échelle sur les coteaux de Wépion et l’île de Dave, le couple fait tourner une siroperie qui connaît le succès.
Pour faire face à la demande, une usine s’installe à Jambes, près de la gare, car Édouard Materne a flairé une belle opportunité industrielle : les droits d’accises sur le sucre sont tels en Belgique que jusqu’alors on ne fabrique pas de confiture industrielle. On se contente de fournir les matières nécessaires (fruits, sucres et verres) à des entreprises anglaises qui parviennent à renvoyer sur le marché continental des produits moins chers que ce qui serait réalisé sur place. Une loi votée en 1897 fait disparaître la surtaxe sur les sucres utilisés pour les confitures. Materne se précipite alors en Angleterre, y fait l’acquisition du matériel adéquat et engage un spécialiste anglais. Avant la Grande Guerre, les Établissements Édouard Materne produisent des confitures, des préparations de pâtes à pommes et des conserves de fruits au naturel. Le succès est au rendez-vous.
Réquisitionnée sous l’occupation allemande de 1914-1918, l’entreprise d’Édouard Materne doit racheter du nouveau matériel en France après l’Armistice. Modernisés, les établissements d’Édouard Materne peuvent attaquer à nouveau le marché ; ils deviennent une société anonyme à laquelle sont intéressés ses cinq enfants. Associé à la gestion de l’entreprise, Jean Materne prend alors le relais d’Édouard (1923).
Sources
Jacques MERCIER, Karl SCHEERLINCK, Made in Belgium, Un siècle d’affiches belges, Tournai, Renaissance du Livre, 2003, p. 81
Dictionnaire biographique namurois, sous la direction de Fr. JACQUET-LADRIER, Numéro spécial de la revue Le Guetteur wallon, n°3-4, Namur, 1999, p. 171
Paul Delforge