Mathieux Françoise

Politique, Député wallon

10/08/1964

Députée wallonne : 2019-2024

Après la Première Guerre mondiale, les familles Courthéoux et Donnay, notamment, contribuent au développement économique de Couvin ; même si leurs intérêts sont souvent croisés, les premiers se spécialisent dans la distribution alimentaire (l’enseigne de la « Maison Courthéoux » sera rachetée par Delhaize en 1985) et la fonderie (la SA La Couvinoise) ; les seconds dans les articles de sport, émile Donnay étant l’un des fondateurs d’une menuiserie industrielle fabriquant des manches d’outils avant de se reconvertir vers le matériel de sport : sticks, skis, raquettes de ping-pong, badminton et surtout tennis. Comme souvent, ces patrons d’industrie sont sollicités pour gérer aussi les affaires publiques. Sous l’étiquette libérale, Paul Courthéoux devient ainsi le maïeur de Couvin de 1944 à 1956 ; son père Achille et son frère François l’avaient été brièvement dans l’Entre-deux-Guerres, aussi sous l’étiquette libérale. à la mort accidentelle de Paul Courthéoux, le libéral Victor Remy lui succède jusqu’en 1964, moment où le PSC prend la main et où Jacques Meunier devient le dernier bourgmestre de Couvin avant la fusion des communes (1964-1976). Menée, en 1976, à l’initiative du ministre de l’Intérieur Joseph Michel, cette réforme réunit une quinzaine d’entités autour de l’Eau noire et de l’Eau blanche : Aublain, Boussu-en-FagneBrûly-de-Pesche, Couvin, Cul-des-SartsDailly, Frasnes-lez-CouvinGonrieux, Le Brûly, MariembourgPeschePetigny, Petite-ChapellePresgaux. Elles prennent désormais le nom de Couvin. Passant de 4.300 à 12.800 habitants, ces territoires sont désormais gérés par un seul bourgmestre et son collège échevinal. Et depuis 1976, la vie politique locale n’a jamais cessé d’être particulièrement animée. 

Ainsi, dès la première élection communale d’octobre 1976, la majorité absolue revient à Jacques Meunier (PSC) qui a présenté une liste d’ouverture sous le nom « Agir ». Incarnant la continuité, le bourgmestre est cependant projeté au cœur d’un scandale politique retentissant – « l’Affaire Meunier » – qui concerne une vingtaine de personnes (le bourgmestre, plusieurs échevins et employés couvinois), un entrepreneur ayant encaissé des factures pour une dizaine de millions de francs sans jamais avoir effectué de travaux, et des chômeurs ayant été employés sans statut légal. Premier échevin, de tendance libérale, le docteur Georges André se retrouve ainsi bourgmestre, achevant la législature (1980-1982). En octobre 1982, l’échiquier politique se réorganise et huit listes se présentent au suffrage des électeurs. Il n’y a plus de majorité absolue et trois partis décident de s’associer : le PSC (28,3 %, 8 s.) obtenant le maïorat et 2 échevins, le PS (21,2 %, 5 s.) qui a droit à un échevin et AGC (23,8 %, 6 s.) qui décroche deux échevins (L. Wauthier et P. Bastin), une seule liste siégeant dans l’opposition, UNIR (17,2%, 4 s.). La législature s’achève sur l’annonce, le 19 août 1988, de la faillite de l’usine Donnay et le commencement d’une saga pour la reprise de l’entreprise. Dans cette atmosphère particulière, les communales d’octobre 1988 rebattent les cartes et une coalition PRL (8 s.) – PS (5 s.) s’empare de l’hôtel de ville, confiant le maïorat à Georges André et laissant le PSC (9) et une liste ACE (Action-Changement pour l’Entité, 1 s.) dans l’opposition. Pendant ce temps, Bernard Tapie, puis les Italiens de Carbon Valley tentent de relancer Donnay Industrie, mais la liquidation de Donnay est prononcée en 1993, avec la perte d’un demi-millier d’emplois. Dans le même, les fonderies Saint-Roch et Efel connaissent des restructurations qui pèsent sur une population couvine touchée par le chômage (23% de la population active). Et comme les partenaires libéraux et socialistes se sont entre-déchirés en fin de législature, le contexte est propice à la présentation d’une liste Front national, aux communales d’octobre 1994 et à l’élection de deux de ses représentants. 

Avec le bourgmestre pour pousser la liste, le PRL se présente sous le nom de « Couvin an 2000 », avec l’échevin Francis Saulmont comme tête de liste ; le PSC utilise le sigle EPSC, seul le PS gardant son nom, alors qu’une 5e liste se présente en dernière minute, dissidence du PS, sous le nom de PRET (Présence, rénovation, environnement et tourisme). Emmenée par Françoise Meunier, c’est la liste à tendance PSC qui l’emporte, mais en réalisant 1.691 vp, c’est l’ancien chef de groupe PSC Robert Dubuc qui crée la surprise. Héritant d’une commune fortement endettée, il devient le nouveau bourgmestre de Couvin, à la tête d’une majorité PSC-PS qui reçoit la confirmation du soutien des électeurs en octobre 2000. Un peu en recul (1.479 vp), Robert Dubuc est le premier bourgmestre de Couvin à mener deux législatures consécutives, emmenant parmi ses échevins, en 2000, celui qui provoquera le changement de majorité en octobre 2006. Lors de ce scrutin, la liste du bourgmestre sortant perd en effet son leadership (27% au lieu de 35,9% en 2000, passant à 7 sièges, -2), tandis que le PS (7 s.) devient le premier parti de l’entité (28%). Tournant le dos au cdH de Robert Dubuc, le PS prend la main et s’allie au MR (10%, 4 s.). Raymond Douniaux devient ainsi le tout premier bourgmestre socialiste de Couvin depuis la fusion des communes. En octobre 2012, en progression de plus de 5%, le PS (33,4%) se détourne du MR (16%) pour renouer avec la liste CVN/cdH (27%) conduite par Maurice Jennequin (1.252 vp). Plébiscité (1.781 vp), Raymond Douniaux reste le bourgmestre. Il semble cependant écrit qu’à Couvin, après deux législatures, le bourgmestre est condamné à s’en aller. Il avait certes manifesté son intention en préférant pousser la liste #PEP’S lors du scrutin communal d’octobre 2018 et en laissant au jeune Eddy Fontaine le soin d’en être la tête de liste. Aux voix de préférence, le bourgmestre sortant reste le plus populaire (1.844 vp), devant Eddy Fontaine (1.116 vp), permettant à leur liste de progresser de 4% et de gagner un siège (10) ; alors qu’écolo décroche un siège (7,7%), vingt-neuf voix séparent le CVN (24,26%) et le MR-IC (23,93%). En unissant leurs forces, la liste CVN apparentée cdH (6), le MR (6) et écolo (1) détiennent cependant la majorité absolue et décident de signer ensemble un pacte de majorité qui renvoie le PS dans l’opposition où il se retrouve seul à siéger. Dans l’accord de majorité, il est décidé que Maurice Jennequin (CVN, 880 vp) sera bourgmestre une demi-législature, avant d’être remplacé par Claudy Noiret (CVN, 825 vp) fin juin 2023. Mais sur cette liste MR-IC, il y a une candidate citoyenne qui, en occupant l’avant-dernière place (la 22e) et en se présentant pour la toute première fois devant les électeurs, a créé la surprise en attirant sur son nom 468 électeurs, soit le 3e résultat de sa liste. Dans le nouveau Collège communal, Françoise Mathieux devient échevine. 

Licenciée en Architecture (1988), architecte-expert, responsable et certificateur énergétique et coordinateur Sécurité-Santé, exerçant depuis une trentaine d’années, elle n’a aucune expérience politique, mais son porte à porte dans les rues de Couvin a réussi à convaincre et son résultat d’octobre 2018 séduit la régionale MR de Dinant-Philippeville qui lui confie la deuxième place sur ses listes, derrière François Bellot (13.864 vp) et devant Richard Fourneaux (6.836 vp) pour le scrutin wallon du 26 mai 2019. Avec ces deux grands faiseurs de voix, le MR bien qu’en recul conserve deux élus à Namur, le second siège revenant à la nouvelle venue en politique (3.333 vp), bien aidée par l’effet dévolutif de la case de tête. Six mois après avoir été nommée échevine, la Couvinoise renonce à son mandat scabinal pour siéger à Namur, restant néanmoins conseillère communale (décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons).

Membre de la Commission énergie-Climat-Mobilité (2019-) et de la Commission de vérification des pouvoirs, Françoise Mathieux est la deuxième Couvinoise à siéger au Parlement de Wallonie lors de cette législature, puisque, dans les rangs du PS, Eddy Fontaine vient remplacer P-Y. Dermagne à partir de septembre 2019. Ensemble dans la majorité wallonne PS-MR-écolo, ils affrontent une législature marquée par la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, alors que la Déclaration de politique régionale voulait mettre l’accent sur l’emploi, le contrôle des finances publiques, la lutte contre la pauvreté, la transition climatique et l’ambitieux Plan de Relance du gouvernement dirigé par Elio Di Rupo. Pour la députée wallonne MR il s’agit surtout, avec sa formation politique, de réussir la réforme fiscale immobilière, de lutter contre la pauvreté, d’accorder davantage d’importance à la formation pour lutter contre les métiers en pénurie, de parvenir à relever le taux d’emploi de 5 % sur l’ensemble de la législature, de rendre la Wallonie plus accueillante pour les investisseurs et de relever le défi climatique considéré comme une opportunité plutôt que comme une menace. Notamment avec le député Fontaine, elle porte un décret destiné à créer de nouveaux incitants à la pratique régulière du vélo et de développer une vraie politique cyclable, ainsi que le décret « trottinette » qui encadre juridiquement la micro-mobilité des flottes en libre-service en Wallonie (été 2021). Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle est membre de la Commission Enfance-Santé-Culture-Médias-Droits des femmes (2019-2024) ; la députée y adopte notamment la réforme des rythmes scolaires, ainsi que le guide pour « l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » (EVRAS). Attentive aux dossiers qui concernent la région de Couvin dont le sort du Grand Pont, la députée wallonne s’inquiète aussi auprès des différents ministres de questions relatives au recrutement des chauffeurs du TEC, aux amendes routières que ceux-ci peuvent encourir, aux risques liés à la mauvaise utilisation des systèmes de chauffage, au statut des agricultrices, au développement de projets pilote qui concernent l’avenir de l’agrivoltaïsme, sujet qui lui est cher. 

Le 9 juin 2024, le MR ne compte pas sur sa députée wallonne sortante ni au scrutin wallon ni au scrutin fédéral, encore moins sur la liste européenne. Il est vrai que la vie communale de Couvin est reste ce qu’elle a toujours été : agitée. Et la législature 2018-2024 n’échappe pas à la règle, comme d’ailleurs la préparation des élections d’octobre 2024. S’exprimant régulièrement sans langue de bois, la conseillère communale a mis plusieurs fois ses partenaires politiques de majorité mal à l’aise. Dans le même temps, du côté d’un PS déçu par sa cure d’opposition, les esprits s’échauffent aussi et surtout lorsque Raymond Douniaux et plusieurs colistiers finissent par se désolidariser d’Eddy Fontaine. En coulisses, la préparation du scrutin d’octobre 2024 fait naître une liste UNIS, bannière sous laquelle se retrouvent les libéraux, les socialistes autour de Douniaux et les membres du CVN. Début 2024, cependant, la liste qu’entend mener Eddy Fontaine et quelques autres socialistes est rejointe par les MR Françoise Mathieux et Pierre Fievet (février). Confrontée à la présence de ses candidates sur deux listes différentes, la direction provinciale du MR disqualifie Françoise Mathieux et accrédite Jehanne Detrixhe tant aux communales qu’au scrutin wallon puisque la candidate officielle du MR se retrouve 4e suppléante. Quant à Françoise Mathieux, elle se présente, en octobre, sur une liste commune avec le député wallon Eddy Fontaine, appelée ICI (Intérêts Citoyens), pour un enième épisode de la vie politique couvinoise.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Couvin (2018-)
Échevine (2018-07/2019)
Députée wallonne (2019-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont La DH, 29 mai 2019 ; Le Soir, 21 septembre 1994
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
https://sites.google.com/site/resistancecouvin/georges-andr%C3%A9-docteur

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)