Morreale Christie

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Ougrée (Seraing) 14/06/1977

Députée wallonne : *2013-2014 ; 2014-2019 ; 2019* ; 2024-
Ministre wallonne : 2019-2024

En devenant à 26 ans la vice-présidente du PS, Christie Morreale fait une entrée remarquée sur la scène politique belge, d’autant que, dans la foulée, elle se voit décerner le titre de « Liégeoise de l’Année » par un tabloïd de la place de Liège. Symbolisant à la fois la volonté du président Elio Di Rupo de rajeunir son parti et de l’ouvrir davantage aux femmes, elle reste vice-présidente du PS d’octobre 2003 à 2011. Assurément, c’est une militante fervente qui exerce la fonction. Militante socialiste depuis 1993, membre des Jeunes socialistes, elle est la secrétaire de la section d’Ougrée. Chargée de présider le groupe de travail PS sur l’égalité hommes-femmes, elle prend position, à diverses reprises, dans des dossiers aussi sensibles que l’amélioration de l’encadrement de la prostitution, ou la place des homosexuels dans la société.

Diplômée de l’Athénée Air Pur à Seraing (1995), licenciée en Criminologie de l’Université de Liège (2000), Christie Morreale effectue des stages à la brigade des mœurs de la BSR de Seraing et participe à quelques préparations de l’émission « Au nom de la Loi », produite par la RTBf. Elle entre ensuite au Cabinet de Laurette Onkelinx, la vice-Première ministre en charge de la Justice, des Affaires sociales, du Travail et de l’égalité des Chances, au moment où est lancé le « Plan Rosetta » (2001). Elle planche alors sur le premier plan national de lutte contre les violences faites aux femmes, et sur la création d’un tribunal d’application des peines. Elle devient ensuite conseillère au sein de la cellule « pénitentiaire » (2003-2004), puis conseillère (2004-2009) auprès de Philippe Courard, ministre wallon en charge des Affaires intérieures et de la Fonction publique. Elle le suit comme chef de Cabinet adjoint (2009-2011) quand Philippe Courard devient Secrétaire d’État à l’Intégration sociale et à la Lutte contre la Pauvreté dans les gouvernements fédéraux d’Herman Van Rompuy et d’Yves Leterme.

Sa première participation à une élection se déroule au scrutin régional wallon du 13 juin 2004. Sixième candidate, elle totalise 10.217 vp dans la circonscription de Liège : le PS y réalise un score historique (41,8%) et décroche 6 sièges. Avec le 6e score personnel, elle fait mieux que Patrick Avril, mais ce dernier, en tant que 4e effectif, bénéficie de l’effet dévolutif de la case de tête ; elle rate ainsi de peu son élection, Isabelle Simonis étant la seule femme élue (sur 6). Deux ans plus tard, à Esneux, lors des élections communales d’octobre 2006, elle pousse la liste emmenée par Jenny Levêque (627 vp) et rassemble 443 voix sur son nom (3e score PS), obtient le droit de siéger au Conseil communal (le PS est en recul, 25,5%, -1,4%), avant de siéger dans le Collège comme échevine. Ayant déménagé d’Ougrée à Esneux en octobre 2005 pour assurer la succession de Jenny Levêque, Ch. Morreale prend aussi les rênes du PS local à la veille d’un scrutin qui voit s’affronter quatre femmes pour le maïorat : J. Levêque et Ch. Morreale pour le PS, Marie-Dominique Simonet pour le cdH et Laura Iker pour le MR. Cette dernière met un terme à la coalition PS-cdH-Écolo et signe le nouveau pacte de majorité avec le PS (octobre 2006). Six ans plus tard, tête de liste socialiste, Ch. Morreale (1.398 vp) contribue à la remontée du PS (7 s., 29,4%, + 3,9%) et devient Première échevine. La coalition avec le MR (8 s., 31,1%, + 0,8%) de Laura Iker (1.390 vp) est en effet poursuivie, les deux formations politiques désirant conserver une collaboration soutenue par le vote des électeurs et dans « l’ordre mathématique » choisi par ceux-ci. Le sort des Prés de Tilff et celui du pont de Tilff constituent les dossiers les plus emblématiques de la législature locale.

Administratrice de la Sofico (2004-2009), de Solidaris (2007-2013), de la scrl SITEL (2009-2012) et d’Intradel (2007-2009, 2011-2012), Christie Morreale préside à ce moment l’intercommunale liégeoise de gestion des déchets (2009-2011), ainsi qu’UVELIA (2011-2012) et la SOFIE (2008-2019). Membre du comité de direction de la SPI (juin-octobre 2013), elle est aussi administratrice de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie (2013-2017).

Vice-présidente du PS, elle est logiquement candidate à l’échelle du collège électoral francophone, occupant la onzième place des effectifs PS au Sénat, le 10 juin 2007 (25.405 vp), la 2e place des suppléants lors des toutes dernières élections directes du Sénat, le 13 juin 2010 (28.435 vp). Elle bénéficie alors de la désignation de Paul Magnette comme ministre au gouvernement fédéral pour occuper son siège au Sénat, à partir de décembre 2011, quand se forme le gouvernement Di Rupo, après 541 jours de négociations. Elle siège à la Haute Assemblée jusqu’en janvier 2013, moment où Paul Magnette quitte le gouvernement fédéral d’Elio Di Rupo pour exercer le maïorat à Charleroi. Candidate dans la circonscription de Liège au scrutin régional du 7 juin 2009, elle occupe alors l’avant-dernière et 12e place des suppléants et parvient à réaliser un score personnel (6.916 vp) qui la place en 5e position en cas de désistement des députés effectifs. Or, pour diverses raisons, Willy Demeyer, Julie Fernandez-Fernandez, Michel Daerden et finalement Maggy Yerna renoncent à leur mandat wallon et, comme Déborah Géradon préfère officiellement passer son tour, Christie Morreale fait finalement son entrée au Parlement wallon en octobre 2013, à quelques mois de la fin de la législature.

Lors du scrutin wallon du 25 mai 2014, cinquième effective sur la liste PS emmenée par Jean-Claude Marcourt, elle occupe une place de combat dans la circonscription de Liège. Avec 9.242 vp (4e résultat sur la liste du PS et 8e tous partis confondus), elle conquiert le dernier siège attribué au PS liégeois au Parlement wallon. Le 3 juillet, elle retrouve aussi le Sénat réformé, quand elle est désignée par le PS comme sénatrice représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles ; par ailleurs, la Commission de vérification des pouvoirs du Sénat accepte son statut d’échevine en titre. 

En mars 2015, avec Valérie De Bue, elle représente le Sénat lors de la 59e session des Nations Unies et présente à New York la synthèse d’un rapport sur l’égalité hommes-femmes en Belgique. En 2016, avec Valérie De Bue et Hélène Ryckmans, elle rédige un rapport de suivi sur la mise en œuvre de la Plateforme d’action de la quatrième Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes (Pékin). À Namur, la députée wallonne est membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales (2014-2017), de la sous-Commission de Contrôle des licences d’armes (2014-2017), de la Commission économie-Innovations (2014-2017) et de la Commission pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (2015-2017). Elle siège aussi au sein de la Commission de Coopération avec la Communauté germanophone créée en mai 2015. Après le renversement de la majorité PS-cdH par le MR et le cdH à l’été 2017, elle devient membre de la Commission économie-Emploi-Formation (2017-décembre 2018), avant d’accéder à la présidence de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique (décembre 2018-2019). Outre ses très nombreuses questions écrites, la députée Morreale porte plusieurs textes de résolution dont l’un, avec Dimitri Legasse, qui vise à modifier les couleurs des écharpes scabinales dans les communes de Wallonie ; à partir du scrutin d’octobre 2018, les échevins portent désormais des écharpes aux couleurs rouge et jaune de la Wallonie (printemps 2016). Se mobilisant à diverses reprises pour favoriser la mobilité ferroviaire des zones rurales, elle ne parvient pas, par ailleurs, à empêcher la fin du Thalys wallon, en dépit d’une résolution adoptée par le Parlement wallon en mars 2016 et d’une autre visant à établir une stratégie ferroviaire wallonne. Affirmant son attachement à la construction européenne, elle préconise une politique économique européenne qui s’inspirerait du modèle portugais et elle fait partie des opposants au CETA, votant avec 58 autres députés wallons, en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Très tôt dans la législature, la députée wallonne porte une proposition de résolution visant à condamner l’utilisation de tous les pesticides contenant des néo-nicotinoïdes, tueurs d’abeilles ; le texte « glyphosate » sera finalement adopté à l’unanimité, à l’automne 2017. Il s’agit là d’une partie du travail que mène Christie Morreale pour supprimer définitivement une série de produits dangereux et polluants (confettis et couverts en plastique, glyphosates, plastiques, etc.), pour favoriser la biodiversité et pour développer une politique ambitieuse en matière de qualité de l’air. Les aides à l’emploi sont un autre combat qu’elle porte avec insistance au Parlement de Wallonie, à l’instar du développement de l’économie circulaire, de la lutte contre les inégalités, de la défense de la parité et du droit des femmes. Bien avant l’affaire Weinstein et la mobilisation qui s’en est suivie, elle s’attèle à renforcer la législation pour lutter contre toutes formes de harcèlement, notamment sexuel dans les TEC, et contre toutes formes de violences conjugales et intrafamiliales. Avec Hélène Ryckmans, Véronique Bonni et Véronique Salvi, elle dépose une motion qui vise à « soutenir les centres de planning dans la distribution des contraceptifs d’urgence, même en l’absence d’un médecin ». Sensible à la question de l’intégration du handicap dans la société, elle promeut notamment l’accessibilité des chiens d’assistance dans les établissements et installations destinés au public. Durant la législature, elle adopte d’ailleurs une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre Di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière.

Membre de la « Commission spéciale relative au Renouveau démocratique » dès sa création (mai 2015-2019), elle mène une réflexion sur les mesures de bonne gouvernance à mettre en œuvre au niveau régional ou local, visant notamment à améliorer tant la démocratie représentative que la démocratie participative. Elle suggère par exemple la prise en compte des votes blancs et nuls par l’envoi au Parlement d’un certain nombre de citoyens tirés au sort. à la suite des travaux de cette Commission spéciale, la Wallonie vote notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie.

En décembre 2017, la députée wallonne s’applique les mesures qu’elle préconise : elle renonce à son mandat d’échevine empêchée, annonce « choisir la Wallonie » et ne pas être candidate bourgmestre aux communales d’octobre 2018. Cela ne l’empêche pas de faire campagne. Elle lance d’ailleurs sur Esneux une grande « consultation citoyenne Esneux-Tilff 2018 » afin de composer rapidement la liste et d’en définir les objectifs, « en réinventant la politique ». Poussant la liste PS emmenée par Bernard Marlier, elle réunit 512 vp sur son nom, soit le deuxième meilleur résultat de sa liste. Bien que le PS perde 2 sièges et près de 9%, la coalition entre le PS (5) et le MR (8) de Laura Iker est reconduite, Christie Morreale siégeant comme conseillère communale.

Dauphine de Jean-Claude Marcourt sur la liste PS au scrutin régional wallon du 26 mai 2019, Christie Morreale réalise le 3e score de la circonscription de Liège, tous partis confondus (13.287 vp). Elle retrouve le Parlement de Wallonie, tout en étant à nouveau choisie comme sénatrice représentant la Wallonie. Cependant, elle ne va pas siéger longtemps comme parlementaire. Dès septembre, un accord de majorité est signé par le PS, le MR et écolo. Dans le gouvernement arc-en-ciel présidé par Elio Di Rupo, Christie Morreale devient l’une des vice-Présidentes, ministre en charge de l’Emploi, de l’Action sociale, de la Santé et de l’égalité des chances, ses matières de prédilection. Elle est entourée d’Anne Poutrain et Laurent Lévêque, ses chefs de Cabinet. Au Parlement de Wallonie, elle est remplacée par Laurent Léonard et au Sénat par Philippe Courard.

Présentée en septembre 2019, la Déclaration de politique régionale fixe des objectifs précis à la majorité arc-en-ciel, tout en accordant une égale importance aux préoccupations prioritaires des trois partis de la coalition : des réformes sociales pour le PS, économiques pour le MR et climatiques pour Écolo. La législature wallonne réserve cependant des événements inattendus : la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, sous oublier la mobilisation des agriculteurs et le remue-ménage autour des Pfas. 

Alors que les premiers projets de la ministre Morreale se mettent en place et qu’elle planche sur une refonte majeure de l’action du Forem, la Covid-19 s’invite brutalement, forçant la responsable wallonne de la Santé à prendre une multitude de décisions de crise, dans l’urgence absolue, face à un phénomène pandémique inconnu. Alors que l’AViQ nouvellement créée ne parvient pas à répondre à toutes les sollicitations, un nombre considérable de circulaires partent sous la signature de la ministre, mesures de prévention et de sécurité, commande de masques, actions pour les maisons de repos, les hôpitaux, les titres-services, encadrement des personnels de soins, statut des APE en stand-by obligé, mise en place d’un traçage numérique, aides aux plus précarisés et aux indépendants en détresse, sans oublier le développement de l’application Coronalert. Au quotidien, pendant des mois, depuis son Cabinet ministériel, des directives sont données, des coordinations assurées, des budgets libérés, une communication assurée dans un souci de transparence et de pédagogie. Au sein du Comité de Concertation, Christie Morreale partage utilement ses retours de terrain avec Franck Vandenbroucke, le ministre fédéral. En juillet 2020, après la longue période de confinement, une Commission spéciale du Parlement de Wallonie est mise en place pour évaluer la gestion de la crise sanitaire par les autorités wallonnes ; et alors que la canicule impacte la mortalité de la Wallonie (août), l’occasion est ainsi donnée à la ministre de présenter son travail et de retirer des enseignements des 250 recommandations que propose le rapport final de la Commission (27 novembre 2020). D’ailleurs, le Plan Rebond est déjà d’application (automne 2020) quand survient la deuxième vague de la pandémie, accompagnée de nouvelles mesures restrictives et de reconfinement partiel, tandis que se profile un autre challenge important : l’organisation et la mise en place de la stratégie de vaccination. Dès le 29 décembre 2020, les premiers vaccins disponibles sont injectés, signes avant-coureurs d’une planification graduée, avec ouverture d’une cinquantaine de sites décentralisés, destinés à couvrir le plus rapidement possible toute la population (printemps 2021). Ces opérations menées promptement par la Wallonie se réalisent en collaboration avec l’Union européenne, ainsi qu’avec les autres entités fédérées et le niveau fédéral, via le Comité de concertation. 

En mai 2021, après consultation des organisations syndicales et des responsables des secteurs du non-marchand liés à la santé et à l’action sociale, le gouvernement wallon décide d’un accord-cadre post-covid, dégageant 260 millions € par an pour améliorer les rémunérations et les conditions de travail des milliers de personnes travaillant dans les maisons de repos, l’aide à domicile, les établissements de travail adapté, le handicap, la santé mentale, l’accueil des sans-abri, etc. à la mi-juin 2021, une première dose de vaccin a été administrée à 70% de Wallons de plus de 18 ans, et 40% ont reçu la deuxième. Si la période estivale permet aux citoyens de sortir des mesures restrictives, la ministre prépare déjà la période automnale, une nouvelle vague de la Covid-19 se manifestant rapidement et sous une autre forme (omicron). Nommée à la présidence de la Conférence interministérielle des ministres de la Santé (septembre 2021-2022), la ministre wallonne organise les modalités d’administration de la 3e dose de vaccin, la réouverture de centres selon d’autres dispositions, et la mise en place du Covid Safe Ticket. Au quotidien, selon l’évolution de multiples paramètres, la ministre maintient son cap, tout en adaptant les moyens pour les atteindre. à partir de mars 2022, le Covid Safe Ticket est levé et, progressivement, les centres de vaccination ferment leurs portes. Affectés à d’autres missions ou retournant à leur métier d’avant pandémie, certains agents voient leur expérience professionnelle reconnue par des attestations de valorisation. La page de la crise de la covid-19 ne se referme pas totalement à l’aube des vacances d’été 2022 ; la surveillance épidémiologique est renforcée, les modalités d’une campagne de vaccination à l’automne 2022 et 2023 sont programmées et mises en place, tandis que la ministre ne cache pas souhaiter une vaccination obligatoire. Jusqu’à la fin de la législature, des dispositions sont prises pour prévenir tout retour pandémique. 

En matière d’emploi, la ministre Morreale est chargée d’un objectif ambitieux, fixé par la DPR : atteindre un taux d’emploi de 68,7 % à la fin de la législature (+ 5 %). Dès 2019, le dispositif des aides à l’emploi APE – décidé par son prédécesseur P-Y. Jeholet – est reconduit pour deux ans, le temps de préparer, en concertation, une réforme plus profonde de ce dispositif qui finance 60.000 emplois dans le secteur non marchand et les pouvoirs locaux. Dès septembre 2020, elle présente sa réforme du dispositif APE ; le texte définitif est approuvé par le gouvernement wallon fin mars 2021. à partir du 1er janvier 2022, le système des points est supprimé, et un subside forfaitaire unique (mêlant rémunérations et aspects fiscaux) est désormais attribué à la trésorerie de plus de 4.000 employeurs concernés, dans tous les secteurs (crèches, écoles, action sociale, monde associatif, soins à domicile, sport, culture, ainsi que dans des projets à vocation sociale ou environnementale) où la Wallonie intervient, les APE relevant toujours de la politique wallonne de l’Emploi. Les secteurs d’affectation des APE sont définis en concertation avec les partenaires sociaux. Dès le printemps 2022, les contrats APE permettent à la Wallonie, dans le cadre du Plan de relance et de résilience européen et du Plan wallon de Relance, de soutenir la politique d’accueil de la Fédération Wallonie-Bruxelles : plus de 3.000 nouvelles places seront ainsi ouvertes dans les crèches à l’horizon 2026, via le Plan équilibre porté par les ministres wallonnes Christie Morreale et Valérie De Bue. 

Fin juin 2020, la ministre de l’Emploi lance son projet de décret réformant le Forem. Il vise à améliorer et à personnaliser davantage l’accompagnement des demandeurs d’emploi, soit plus de 200.000 personnes en Wallonie. Avec un budget de près de 25 millions €, le plan TIM – Talents, Impulsion, Mobilisation – est le fil conducteur d’une réforme du FOREM qui doit prendre trois ans et accroître rapidement le taux d’emploi. Des augmentations sont décidées pour les aides familiales et les travailleurs du secteur des titres-services. Entre 2019 et 2023 se mettent en place trois Cités des Métiers, à Namur, Liège et Charleroi, autant de portes d’entrée unique pour l’orientation métiers et la formation. D’autres mesures – gratuité de la formation au permis de conduire pour certains demandeurs d’emploi ; Tremplin 24 mois+ ; organisation de « La Semaine de l’Emploi et de la Formation » ; programmes pour les NEETS, « Coup de Poing Pénurie », soit un incitant financier aux personnes se formant aux métiers en pénurie, etc. – sont décidées par la ministre wallonne de l’Emploi ; elles complètent un dispositif où le forem, sans majuscule et avec un nouveau logo, revoit ses méthodes d’accompagnement des demandeurs d’emploi, pour insister davantage sur le coaching personnalisé. Fin novembre 2023, Raymonde Yerna devient la nouvelle administratrice générale du forem, où elle succède à Marie-Kristine Vanbockestal.

Fortement mobilisée par la crise sanitaire de la Covid-19 pendant plus de deux ans, la ministre n’est pas épargnée par les deux autres grandes crises qui s’abattent sur la Wallonie. Résidant à Esneux, elle est aux premières loges pour constater les dégâts calamiteux provoqués par les inondations de la mi-juillet 2021. Après l’offensive russe contre l’Ukraine, c’est la flambée du prix de l’énergie qui déstabilise les résolutions du Plan wallon de Relance et les projets inscrits dans la Déclaration de politique régionale. En charge de l’Action sociale, Christie Morreale vient au secours des CPAS, déjà submergés par la crise sanitaire, et qui affrontent celle de l’énergie, l’accueil des réfugiés ukrainiens, puis la flambée de l’inflation. La ministre mène encore la réforme des entreprises de titres-services (automne 2023) ; elle contribue à la création d’une vingtaine de « territoires zéro chômeurs » (sur le modèle français) pour réduire les sans-emploi de longue durée (avril 2022) et lance un appel à projet pour des « territoires zéro SDF » (juillet 2023), dix expériences étant menées dès novembre 2023. Elle augmente la capacité d’accueil des abris de nuit ; elle soutient la création de trois hubs logistiques alimentaires, à Charleroi, Liège et Namur (juin 2022), ainsi que les projets de ceinture alimentaire ; elle lance la numérisation des carnets de santé (janvier 2023) ; elle s’attaque à la précarité menstruelle par la distribution gratuite de protections hygiéniques (mars) ; elle soutient la création des 120 premiers logements wallons équipés d’une assistance digitale 2.0, destinés à favoriser le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie (juin) ; elle fait adopter un accord de coopération entre la Wallonie, la Cocof et la Fédération Wallonie-Bruxelles pour rendre obligatoire et effective « l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » (EVRAS, lancé en septembre 2023). Depuis 2020, elle soutient aussi un projet pilote de distribution de collations gratuites, saines et équilibrées, dans certaines écoles de Wallonie situées dans des zones touchées par la pauvreté.

Avec ses collègues Bénédicte Linard (écolo, Fédération Wallonie-Bruxelles) et Nawal Ben Hamou (PS, Région Bruxelles-Capitale), Christie Morreale lance, dès novembre 2019, l’idée de créer une Conférence interministérielle (CIM, où devraient aussi se trouver le fédéral et la Flandre) pour aborder de front la question des féminicides, sans se soucier des appartenances partisanes et des obstacles institutionnels. Sans attendre, la ministre wallonne double le budget consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes et s’engage à sensibiliser ses collègues du gouvernement wallon à la lecture de genre dans la gestion de toutes les compétences. En décembre, le Comité de concertation valide le projet de Conférence interministérielle « droits des femmes » et, en janvier 2020, se tient sa première réunion. En tant que ministre wallonne, elle adopte une série de mesures visant à améliorer les conditions de travail des femmes, à les amener dans des secteurs stratégiques (les sciences et les technologies) où elles demeurent sous-représentées et à booster l’entrepreneuriat féminin (Saace). Durant toute la législature, elle reste attentive à développer une politique active du genre ; après le Plan Genre transversal 2020-2024 et des mesures prioritairement destinées aux femmes (consolidation des moyens de la ligne d’appel pour les violences conjugales, sauvegarde des aides à l’emploi APE, consolidation du système des titres-services, évolution du statut des aides à domicile), le plan « Get Up Wallonia ! » puis le Plan wallon de Relance sont traversés par des mesures concrètes de lutte pour l’égalité hommes-femmes.

Ayant pris du retard en raison de la crise sanitaire, c’est en avril 2022 que la ministre Morreale entame la réforme des soins de santé de première ligne, le projet participatif « Proxisanté ». Il s’agit d’améliorer les conditions de travail et de mieux organiser les soins de santé de proximité, et d’offrir des soins personnalisés de grande qualité. En matière de soins aux personnes âgées, la ministre engage un important budget pour convertir plus de 2.250 lits de maisons de repos (MR) en lits médicalisés (MRS), réformant un secteur où plus aucune requalification n’avait eu lieu depuis 2013. Quant aux nouveaux réseaux hospitaliers wallons, ils se mettent progressivement en place avec les agréments de l’AViQ.

En toute fin de législature, avec ses collègues Philippe Henry et Christophe Collignon, elle parvient à boucler un montage financier assurant au tram liégeois ses deux extensions, vers Herstal et vers Seraing (février 2024) ; initiatrice du Conseil régional wallon de lutte contre le racisme (mars 2024), elle s’inspire des succès rencontrés par les cellules de reconversion quand elle fait aussi voter par le Parlement de Wallonie la pérennisation du dispositif « Coup de Boost », visant à (re)mobiliser, accompagner et proposer un vrai projet d’avenir aux jeunes très éloignés de l’emploi.

Lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, elle est l’une des rares femmes désignées par la direction de son parti pour emmener une liste PS. D’ailleurs, dans la circonscription de Liège, depuis la première élection directe des députés wallons le 21 mai 1995, elle est la toute première femme tête de liste pour le parti socialiste. Avant elle, Christine Defraigne (MR, 2009 et 2014), Alice Bernard (PTB, 2014), Veronica Cremasco (écolo, 2014) et Marie-Dominique Simonet (cdH, 2009 et 2014) avaient été les pionnières liégeoises dans leur parti respectif. Au soir du scrutin, Christie Morreale réalise un score personnel (29.768 vp) bien supérieur à celui de tous les candidats liégeois, tous partis confondus. En recul de 2,2%, le PS (26,25%) réalise cependant son moins bon résultat depuis le 21 mai 1995 et s’il reste la première force politique sur la place de Liège, il perd deux sièges, l’apparentement jouant en sa défaveur.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Esneux (2006-)
Échevine (2006-06/2014)
Sénatrice (10/2011-01/2013)
Députée wallonne (10/2013-2014, 2014-09/2019)
Échevine en titre (2014-10/2017)
Sénatrice désignée par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (2014-2019)
Sénatrice de la Wallonie (juin-septembre 2019)
Ministre wallonne (2019-2024)
Députée wallonne (2024-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-11/2023), dont L’Avenir, 26 octobre 2017 ; Le Soir, 30 septembre 2019, 29 décembre 2019, 21 mai 2020, 25 juin 2020, 1er et 4 avril 2022, 22 juillet 2022, 27 avril 2024
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2009 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Rapport de la Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie, Rapport présenté au nom de la Commission spéciale par M. Léonard, Mme Nikolic et M. Mugemangango, 27 novembre 2020, https://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2020_2021/RAPPORT/359_1.pdf 

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)