Mouyard Gilles

Politique, Député wallon

Namur 08/03/1970

Député wallon : 2009-2014 ; 2014-2019

Issu d’une famille d’entrepreneurs (les Ateliers Mouyard sont installés depuis des années à Falisolle), Gilles Mouyard cultive cet esprit du risque qui a fait le succès de la société, du moins jusqu’à la fin du XXe siècle. Amateur de course automobile, vice-champion de Belgique de rallye dans sa catégorie au milieu des années 1990, chef de vente dans divers secteurs, concessionnaire automobile, Gilles Mouyard devient l’administrateur-délégué et président de la sa ECO, spécialisée dans le domaine du dépannage d’urgence et de l’installation de systèmes de chauffage et d’électricité,  ainsi que l’administrateur-délégué et président jusqu’en 2005, puis administrateur du Groupe namurois d’Investissement (GNI, depuis 2006). 

En 1994, Gilles Mouyard fait une entrée fracassante en politique quand il conteste le résultat du scrutin communal de Sambreville et se tourne vers le Conseil d’État. Le jeune « bleu » qui « ose » retarder la mise en place du Collège de Jean Poulain à majorité absolue socialiste est finalement débouté. Privé de son siège de conseiller communal, G. Mouyard le récupère néanmoins, suite au désistement de Michel Guillaume (1995). Portant les couleurs libérales depuis l’opposition, Gilles Mouyard n’épargne pas le bourgmestre et ses échevins, notamment dans les dossiers budgétaires, et tente de fédérer PRL, IC et PSC en vue du scrutin communal d’octobre 2000. Assurant la transition entre Jean Poulain et Marcel Fisenne alors que pointe le jeune Jean-Charles Luperto, le PS résiste en 2000 comme en 2006 aux assauts de la liste Avenir 2000, puis du MR de Gilles Mouyard (1.280 vp en 2006) contraint à rester dans l’opposition au Conseil communal (2 sièges en 2000, 5 en 2006). 

Son activité politique déborde le seul terrain communal. Jusqu’en 2006, il est notamment administrateur de l’Hôpital d’Auvelais, puis de l’Association Intercommunale de Santé de la Basse-Sambre (AISBS), administrateur du Port autonome de Namur, président de la Société intercommunale d’Aménagement et d’Équipement économique de la région namuroise (SIAEE, 2000-2005), puis de BEP Expansion (2005-). Président de Créalys (2001), vice-président du BEP, il contribue au développement économique du nord du Namurois (création de hall relais et d’infrastructures d’accueil pour entreprises ; c’est ainsi que Nanocyl peut s’implanter en 2004 pour développer ses potentialités).  Premier suppléant au scrutin régional wallon du 13 juin 2004 (3.883 vp), il n’est pas élu mais devient attaché de Cabinet auprès de Sabine Laruelle, alors ministre fédérale des Classes moyennes et de l’Agriculture (mars 2005-juin 2006). Tête de liste aux provinciales d’octobre 2006, il est élu conseiller provincial et est promu d’emblée député provincial. À 36 ans, il est chargé des Finances, des Affaires économiques et du Patrimoine dans une coalition violette (novembre 2006). Sa nouvelle fonction l’oblige à renoncer à ses mandats communaux et dérivés, mais lui permet de donner davantage d’ampleur à ce qui l’occupait au BEP ; il reste actif sur le plan local, s’opposant notamment à l’implantation d’une nouvelle prison à Sambreville. 

Quelques mois après sa désignation à la députation namuroise, Denis Mathen est choisi comme gouverneur, ce qui libère un siège au Parlement wallon, dont le premier suppléant n’est autre que Gilles Mouyard… Il renonce cependant à l’assemblée régionale (où va siéger Anne Barzin), du moins provisoirement. Lors du scrutin wallon du 7 juin 2009, en effet, il brigue ouvertement un siège au Parlement wallon en tant que deuxième effectif sur la liste que le MR présente dans la circonscription de Namur. Avec 6.954 vp, il est élu député wallon et prête serment à Namur, quittant le collège provincial où il est remplacé par Luc Delire. Sa courte mandature provinciale est marquée par une importante campagne en faveur de Namur comme terre d’investissement au cœur de la Wallonie, et par des mesures visant à rétablir l’équilibre dans les Finances. Entre 2006 et 2009, il est administrateur du BEP, de l’AISBS et de l’Association des Provinces wallonnes.

Président du MR de Sambreville (septembre 2007), président du MR de l’arrondissement de Namur (depuis 2008), Gilles Mouyard a été déçu par les résultats enregistrés par son parti en 2009 et il figure parmi ceux qui réclament ouvertement de nouvelles élections pour la présidence du MR (automne 2009). Troisième effectif au scrutin fédéral anticipé de 2010 (7.620 vp) sans solliciter de mandat, le président de la section MR quitte la politique locale de Sambreville lorsqu’il déménage en avril 2011 à Fosses-la-Ville, où il fait offre de service. La liste Union Démocratique (MR, cdH, indépendants) rejette cependant sa proposition de rejoindre ses rangs à la veille des communales de 2012. Lors de ce scrutin, à Sambreville, le MR ne perd pas de siège et, à Fosses-la-Ville, l’UD conserve sa majorité absolue. En octobre 2015, la liste UD finit par accueillir Gilles Mouyard qui, absent de la politique communale, s’est consacré pleinement à ses activités de député wallon au Saint-Gilles. En octobre 2018, occupant l’antépénultième place sur la liste UD, il réalise le 8e score (504 vp) et siège désormais au conseil communal, en tant que membre de la très large majorité (64,6%, 15 sièges sur 21) emmenée par Gaëtan de Bilderling. Dès juin 2013, il accède à la vice-présidence de la Société de Gestion des Logements des cantons de Gembloux et Fosses (-2014) et est administrateur du Foyer Namurois.

Au lendemain d’une 6e réforme de l’État qui apporte à la Wallonie de nouvelles et importantes compétences, Gilles Mouyard sollicite sa reconduction au Parlement wallon lors du scrutin du 25 mai 2014. Deuxième de liste derrière Anne Barzin, il reçoit la confiance de 6.214 électeurs dans la circonscription de Namur où le MR gagne près d’un pourcent (23,5%). Contraint à l’opposition lorsque PS et cdH concluent un accord de majorité au début de l’été, le député wallon MR est désigné à la présidence de la Commission des Affaires générales et des Relations internationales (2014-2015), et à celle de la Sous-commission de Contrôle des Licences d’armes. Il est encore membre du Comité « Mémoire et Démocratie ». À la rentrée parlementaire de 2015, il succède à J-L. Crucke à la présidence de la Commission Pouvoirs locaux-Logement-Énergie et laisse à Nicolas Tzanetatos la présidence de la Commission des Affaires générales et des relations internationales.

à Namur, depuis 2009, ses interpellations sont nombreuses, notamment sur l’évolution des dossiers relatifs à la Mobilité et à l’Aménagement du Territoire. Outre la question de la prison de Sambreville, le député Mouyard alimente volontiers le débat dans le dossier photovoltaïque, dénonce le coût des énergies renouvelables, tout en tirant la sonnette d’alarme à plusieurs reprises sur le devenir du secteur verrier dans son bassin de vie en particulier. Pratiquant volontiers la chasse, membre du Royal Saint-Hubert Club, il défend aussi les intérêts de ceux qui pratiquent cette activité dans la forêt wallonne. Cela ne l’empêche pas de voter le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017), ainsi que le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018). Avec d’autres députés MR, il est le cosignataire d’une proposition de résolution visant à interdire le port de signes convictionnels ostentatoires au personnel des services publics (2016).

Il est l’auteur de dizaines de questions écrites et de nombreuses propositions de décret ou de résolution. Ainsi, avec des collègues appartenant à la majorité, Christophe Collignon (PS) et Dimitri Fourny (cdH), le libéral wallon planche sur une proposition de décret spécial instituant la consultation populaire en Wallonie ; une série de critères sont définis quant à la méthode (au moins 60.000 habitants en font la demande, 16 ans minimum, avec dépouillement si 10% de participation…) et au contenu (les matières régionales, hormis certaines exceptions) ; un code électoral précisera les modalités pratiques. Analysé par le Conseil d’État (septembre 2016), quelques aménagements sont nécessaires pour parfaire l’accord des trois députés auxquels s’est joint A-P. Puget. Par ailleurs, avec d’autres libéraux, il est le signataire d’une proposition de décret spécial sur l’interdiction de cumul dans le chef des députés wallons afin qu’il ne s’applique aux membres de Collège communal que dans les localités de plus de 50.000 habitants. Toutes les réflexions et propositions du député MR s’inscrivent dans le droit fil des travaux que mène la « Commission spéciale relative au Renouveau démocratique » créée en mai 2015 et dont Gilles Mouyard fait partie. Il est aussi membre du « Groupe de travail sur le thème de la consultation populaire » (2017-2019). à la suite de ces travaux, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie.

Dans le dossier CETA, il est absent lors du vote de la résolution du 14 octobre 2016 marquant le refus du Parlement de Wallonie de l’accord conclu entre l’UE et le Canada ; après la courte crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons, PS, cdH et MR réunis, qui votent en faveur du compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Du 16 février au 3 juillet 2017, Gilles Mouyard fait partie de la Commission d’enquête parlementaire chargée d'examiner la transparence et le fonctionnement de l’Intercommunale Publifin (ex-Tecteo). En tant que représentant du MR, il en est d’ailleurs l’un des trois rapporteurs. Au cours de 29 réunions, entouré de quatre experts, les 15 membres de la Commission présidée par Olga Zrihen ont entendu 52 témoins différents, parfois à huis clos, le plus souvent en séance publique, avec retransmission télévisuelle. Adopté à l’unanimité des membres de la Commission, le rapport de plus de 60 pages qui comprend au fil des chapitres toute une série de recommandations est approuvé à l’unanimité en séance plénière du Parlement de Wallonie (12 juillet). Cette affaire Publifin et d’autres ébranlent la majorité, ainsi qu’en témoigne l’appel lancé par Benoit Lutgen à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes (19 juin 2017). Saisissant la balle au bond, le MR convainc le cdH de renverser le PS à Namur. Le 28 juillet, Gilles Mouyard figure parmi les 38 députés MR et cdH qui votent la motion de défiance constructive qui renverse le gouvernement de Paul Magnette et installe celui de Willy Borsus. C’est une première dans l’histoire politique wallonne. En septembre, suite à la désignation de Valérie de Bue comme ministre dans le gouvernement Borsus, c’est Gilles Mouyard qui est choisi par son parti pour représenter la Fédération Wallonie-Bruxelles au Sénat. 

S’appuyant sur une très courte majorité au Parlement de Wallonie (38 députés sur 75), MR-cdH s’attèlent à faire adopter rapidement une série de mesures démontrant le changement de cap imprimé à la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision », modification de la grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, résolution fixant une série de balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. Au début de la législature 2014-2019, le député wallon Mouyard avait déposé, avec d’autres libéraux, une proposition de décret spécial portant sur la réforme des circonscriptions électorales wallonnes. Il obtiendra satisfaction puisqu’en raison d’un arrêt de la Cour constitutionnelle de novembre 2015 destiné à rééquilibrer la répartition des sièges entre les circonscriptions, un accord est conclu entre tous les partis politiques, faisant passer les circonscriptions de 13 à 11 (décret spécial wallon du 25 janvier 2018).

Lors du scrutin régional du 26 mai 2019, le MR namurois emmené par un solide duo, Sabine Laruelle-Gilles Mouyard, se présente avec confiance devant les électeurs, fort des résultats de 2004, 2009 et 2014 qui assurent deux députés wallons aux libéraux namurois. En réalisant le moins bon résultat de leur histoire depuis que le Parlement de Wallonie est élu au suffrage universel (1995), le MR est pour la première fois sous la barre des 20% et n’obtient plus qu’un seul siège (Laruelle) ; Gilles Mouyard, loin de ses résultats antérieurs (4.616 vp), n’est pas réélu.

Administrateur de la Mutualité libérale Hainaut-Namur (2016-) et de l’AISBS (2019-), il devient le président de l’important Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM). à partir d’octobre 2019, le MR le choisit comme secrétaire politique et trésorier du groupe libéral au Sénat. En avril 2022, il accède à la présidence du Réseau hospitalier namurois.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Sambreville (1995-2006)
Conseiller provincial de Namur (2006)
Député provincial (2006-06/2009)
Député wallon (2009-2019)
Sénateur représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles (09/2017-2019)
Conseiller communal de Fosses-la-Ville (2018-)

 

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-12/2023) 
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2021)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2009 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Les Seigneurs des Ardennes, dans Médor, 5 septembre 2018, https://medor.coop/magazines/medor-12-autumn-2018/enquete-chasse/?full=1

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)