Mugemangango Germain

Politique, Député wallon

Schaerbeek 20/09/1973

Député wallon : 2019-2024 ; 2024-

Né de parents rwandais partis chercher refuge à Bruxelles en 1971, Germain Mugemangango y accomplit toute sa scolarité, passant par l’Institut Notre de la Paix et le Collège Roi Baudouin à Schaerbeek, avant de s’inscrire en Sciences politiques et Relations internationales à l’ULB, dont il sort diplômé en 1995. La fin de sa rhéto et le début de ses candidatures correspondent aux premiers pas de la communautarisation de l’enseignement et au lancement des nouvelles politiques menées pour réorganiser à la fois l’enseignement secondaire et les études supérieures. Après les années Ylieff-Grafé, viennent les années Onkelinx-Lebrun au cours desquelles la mobilisation des enseignants d’abord, des étudiants ensuite, prend une ampleur considérable. Sensible aux enjeux que de jeunes militants du PTB mettent particulièrement bien en évidence, selon lui, Germain Mugemangango les rejoint au sein du COMAC (Changement, Optimisme, Marxisme, Activisme, Créativité). Il en préside d’ailleurs la section bruxelloise, avant d’être élu à la présidence nationale de ce mouvement des jeunes du PTB. Au-delà des enjeux liés au financement de l’enseignement, il mobilise notamment le COMAC contre le Nationalistische Studentenvereniging (NSV, association des étudiants flamands nationalistes, liés au Vlaams Blok). Mais c’est la mobilisation contre le plan de restructuration de Bombardier à Manage qui oriente la suite de ses engagements.

Alors que le site du constructeur transfère toutes ses activités liées au GLT vers la France, ce sont plus de 100 personnes qui perdent leur emploi (fin 1995-1996). Viennent ensuite le sort des Forges de Clabecq et la manifestation arc-en-ciel menée par Roberto d’Orazio. Choisissant de militer dans le secteur de l’éducation permanente, Germain Mugemangango est d’abord animateur au sein des équipes populaires, organe dépendant du Mouvement ouvrier chrétien (MOC), avant d’être engagé comme salarié au sein des maisons médicales de l’asbl Médecine pour le Peuple, association relevant du PTB. Ayant élu domicile à Mons (1997-1999), il contribue aussi à la mise en place d’une section du COMAC, près des universités et écoles supérieures montoises. Choisi pour présider la fédération hennuyère du PTB, il déménage à Charleroi au début des années 2000. C’est à partir de cette ville, aux côtés de Sofie Merckx, que celui qui arpente les lieux de luttes et participe à de nombreuses assemblées syndicales va développer les activités du parti de la gauche radicale, organiser les sections, les actions et la propagande, en démarrant de très bas.

Aux élections provinciales, dans le district de Charleroi, en 2000 comme en 2006, le PTB oscille entre 1,5% à 2,5%. Sofie Merckx (plus de 1.000 voix de préférence) est relativement connue, mais Germain Mugemangango reste alors un parfait inconnu (10e candidat, 84 vp, en 2006). Aux communales, sous la bannière du PTB+, la liste emmenée par Sofie Merckx (828 vp) passe de 1,3 à 2,1% en 2006, au moment où la vie politique locale est agitée par le scandale de la Carolo. Quatrième candidat, Germain Mugemangango réunit 52 voix sur son nom. Six ans plus tard, en 2012, le PTB+ convainc 3,4% de l’électorat et décroche un premier siège au Conseil communal (pour Sofie Merckx, 1.187 vp). Deuxième sur la liste, il réunit 295 vp. 

Si les débuts sont lents et laborieux, le succès est au rendez-vous en octobre 2018 : en progressant de plus de 12% (15,73%), le PTB enlève 9 sièges et devient la deuxième force politique à Charleroi, Sofie Merckx (4.163 vp) réalisant le 2e score tous partis confondus, n’étant précédée que par Paul Magnette. Quant à Germain Mugemangango (2e sur la liste), il devient chef de groupe au Conseil communal, fort de 1.259 vp, capitalisant sur une notoriété progressivement acquise dans le pays de Charleroi, sur le terrain de conflits sociaux (Caterpillar en 2016) ou à l’occasion d’autres scrutins, à l’instar de son frère jumeau, Gérard, candidat PTB-PVDA dans la circonscription de Bruxelles.

Dernier de liste dans le Hainaut aux élections du 18 mai 2003 (99 vp, PTB à 0,77%), tête de liste le 10 juin 2007 (594 vp, PTB à 0,86%), le 23 juin 2010 (1.002 vp, PTB à 1,68%), Germain Mugemangango se présente pour la première fois au scrutin wallon en 2009, dans la circonscription de Charleroi (201 vp, PTB à 1,78%). Lors du triple scrutin du 25 mai 2014, obligé de choisir entre élections fédérales et régionales, il se présente comme tête de liste pour décrocher un siège à Namur. Avec 7,33%, le PTB-GO ! rate pour quelques voix seulement ce qui eut constitué une victoire historique. Depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995, aucun parlementaire communiste n’a été élu dans la circonscription de Charleroi. Il faut remonter à la législature 1978-1981 pour retrouver Georges Glineur, rare parlementaire communiste à avoir siégé lors de la réunion constitutive du Conseil régional wallon, le 15 octobre 1980. Introduisant en vain un recours auprès du Parlement wallon pour que soit effectué un recomptage des urnes, il porte l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme qui condamnera la Belgique et la procédure de vérification des pouvoirs (10 juillet 2020) ; mais il est trop tard. 

Entretemps, Germain Mugemangango (2.195 vp en 2014) est tout de même entré au parlement wallon, mais en tant que collaborateur parlementaire du duo Gillot-Warnier. Et c’est le 26 mai 2019 qui devient ce jour historique tant attendu. Dans la nouvelle circonscription de Charleroi-Thuin, où il est tête de liste PTB, il fait davantage que décrocher un siège. Avec 7.232 vp, Germain Mugemangango signe le 2e meilleur score tous partis confondus, derrière Paul Furlan ; il fait aussi du PTB la deuxième force politique de la circonscription (17,85%) entre le PS (33,28%) et le MR (15,48%) ; en tant que président provincial du PTB, il enregistre également des succès à Mons, à Tournai et à Soignies ; enfin, il parvient à enlever deux sièges à Charleroi-Thuin, Amandine Pavet découvrant le Parlement de Wallonie en même temps que son chef de file. C’est en effet à Germain Mugemangango que le PTB confie la présidence du groupe des dix élus de la gauche radicale au Parlement de Wallonie, de manière fort logique dans la mesure où il était devenu, au printemps 2017, le porte-parole francophone du PTB, aux côtés de Raoul Hedebouw chargé lui des affaires fédérales et de défendre les idées du PTB en Flandre. 

Ayant la réputation de maîtriser parfaitement ses dossiers, d’être prompt à la réplique et de vouloir convaincre plutôt que de séduire, le chef de groupe PTB au Parlement de Wallonie est membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales (2019-2024). Soucieux d’améliorer très rapidement le travail parlementaire de manière générale, il apporte, dès le début de la législature, avec les autres chefs de groupe, des modifications au Règlement de l’assemblée, afin d’améliorer certaines modalités de contrôle du Gouvernement ; les circonstances l’amènent d’ailleurs à convenir avec les autres chefs de groupe de la majorité ou de l’opposition, des nombreuses mesures nécessaires pour faire face, au niveau wallon, à la crise sanitaire de la Covid-19. Il s’agit à la fois de veiller à la bonne organisation pratique des activités du Parlement de Wallonie durant les mois de la pandémie, mais aussi de s’assurer de la légalité et du parfait fonctionnement démocratique des communes et provinces, intercommunales, sociétés de logement, asbl, CPAS, etc. Quand la pandémie nécessite des mesures d’urgence et que le Parlement de Wallonie accorde des pouvoirs spéciaux à son Gouvernement, il représente son parti au sein de la « Commission spéciale chargée de contrôler l’action du gouvernement wallon dans le cadre de la crise sanitaire de la Covid-19 » (15 avril-17 juin 2020). Ensuite, il contribue collégialement à la création de la « Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie » dans ses différents aspects : sanitaires, économiques, financiers et sociaux ; il est membre de cette Commission qui se réunit de juillet à novembre 2020. Par ailleurs, il fait introduire le droit, pour l’auteur d’une pétition, d’être entendu par l’assemblée wallonne (septembre 2020). 

Une fois cette crise sanitaire passée, et nonobstant les inondations de l’été 2021 ou la crise énergétique engendrée par l’offensive armée de la Russie contre l’Ukraine, il porte encore le texte qui met en place une commission permanente destinée à renforcer le contrôle sur les budgets et les comptes du Parlement de Wallonie, au moment de l’affaire du dite du greffier, dont le chef de groupe PTB alimente abondamment le dossier (automne 2022). Il devient d’ailleurs membre de la Commission de la Comptabilité créée à l’automne 2022 pour renforcer le contrôle des budgets et comptes du Parlement de Wallonie (12/2022-2024).

Néanmoins, la plupart des textes que dépose le PTB sont régulièrement rejetés par la majorité PS-MR-écolo ; cela ne l’empêche pas, avec son groupe politique, de déposer des propositions de résolution ou de décret visant à venir en aide aux ménages wallons ou aux secteurs d’activité touchés par la pandémie de la Covid-19 et à réclamer la suppression du couvre-feu durant le confinement. Outre l’octroi d’une prime aux travailleurs du secteur wallon de soins de santé, il réclame aussi la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire dans les maisons de repos et les maisons de soin, ainsi que la reconnaissance des vaccins contre la Covid-19 comme biens publics mondiaux. Après les catastrophiques inondations de juillet 2021, il est entendu quand il réclame la mise en place d’une commission d’enquête pour examiner la gestion par la Wallonie des inondations qui ont touché 209 de ses 262 communes, même si ce n’est pas son texte qui est retenu. Par contre, aucune suite n’est donnée quand il propose une commission spéciale d’enquête sur les responsabilités politiques dans l’affaire Nethys, ni quand il s’oppose à la privatisation de VOO, Elicio, Win et Brutélé, ni quand il dénonce les interventions publiques via la SOGEPA, la SRIW et Noshaq pour aider Mithra et Protection Unit, ni quand il réclame une commission chargée de faire la lumière sur le dossier lié au groupe Hamon, ni lorsqu’il souhaite la suppression des aides aux entreprises en compensation des coûts des émissions indirectes de dioxyde de carbone « Carbon Leakage Indirect ». 

Préoccupé par la maltraitance des aînés, sollicitant l’octroi d’une allocation extraordinaire de rentrée de 100€ pour certains enfants afin de faire face à l’inflation, le député wallon réclame, par ailleurs, mais sans succès, l’interdiction des coupures d’énergie auprès des particuliers, des prix de l’énergie moins élevé sur le marché wallon, une réforme du marché régional wallon du gaz et de l’électricité, l’encadrement des loyers sur le marché locatif privé et une limitation à 2% de l’indexation des loyers, l’interdiction des expulsions locatives entre le 1er novembre et le 15 mars, ainsi que de la part du gouvernement fédéral la baisse de la TVA sur l’énergie à 6%, voire un chèque énergie de 400€/ménage de la part du gouvernement wallon. Portant un projet de résolution affirmant le soutien de la Wallonie au peuple palestinien et réclamant des sanctions contre Israël (juin 2021), il demande que le gouvernement fédéral se décide à transposer la directive européenne protégeant les lanceurs d’alerte. Opposé aux limiteurs d’eau pour récupérer les impayés, dénonçant les pollutions aux PCB autour de certaines industries en Wallonie, il réclame une augmentation de la taxe sur le déversement des eaux industrielles polluées. Il réclame aussi un meilleur encadrement et contrôle des missions des députés wallons à l’étranger. Quant à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme relatif à « son » affaire (10 juillet 2020), le député Mugemangango obtient satisfaction, le règlement du Parlement de Wallonie étant modifié (31 mai 2023). Le chef de groupe PTB achève la législature wallonne en regrettant l’absence d’un discours sur l’état de la Wallonie de la part du gouvernement et surtout de son président.

Le 9 juin 2024, il est tête de liste PTB au scrutin wallon dans la circonscription de Charleroi-Thuin, afin d’obtenir la reconduction de son mandat au Parlement de Wallonie. Avec 6.520 vp, il réalise le 6e meilleur score tous partis confondus ; le PTB, quant à lui, est en recul d’un peu moins de 2%, devenant la 3e force politique de Charleroi-Thuin (15,93%), derrière le PS (30,13%) et le MR (26,41%). Il conserve deux sièges à Namur.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Charleroi (2018-)
Député wallon (2019-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 28 mars 2017, 7 juin 2019, 20 mars 2021, 18 avril 2024
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures 
Cumuleo (-2023)
https://www.facebook.com/germain.mugemangango

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)