De Verdun Nicolas
Culture, Orfèvrerie
Verdun ( ?) vers 1130 ( ?), Tournai vers 1205 ( ?)
Le travail du brillant orfèvre Nicolas de Verdun, actif durant les années 1181 à 1205 dans les régions du Danube, du Rhin et de la Meuse, marque la transition du style roman vers le style gothique. C’est l’examen de ses œuvres qui a permis de lever le voile sur quelques éléments de sa biographie qui reste, encore à ce jour, largement méconnue. Ainsi, on ne sait avec certitude ni le lieu ni la date de naissance de l’artiste, ni encore ses liens avec Verdun.
À partir de 1170, une nouvelle esthétique voit le jour, qui n’est pas encore gothique, mais qui n’est plus romane. Apparu d’abord en Allemagne, ce nouveau style « laisse place à l’expression de la personnalité de l’artiste, sans pour autant verser dans l’individualisme ».
L’art de Nicolas de Verdun, orfèvre émailleur novateur, disciple de Godefroid de Huy, constitue l’apogée de cette nouvelle esthétique, dénommée Style 1200, qui se caractérise notamment par l’assouplissement des corps, la souplesse des drapés, le dynamisme des figures.
Nicolas de Verdun « oppose un démenti formel à la légende pseudo-historique qui soutient que l’artiste ne sort de l’anonymat et ne prend toute son importance qu’à la Renaissance, tandis qu’au Moyen Âge, il ne fait qu’exécuter les ordres du commanditaire ». En effet, la personnalité de l’artiste s’affirme de manière forte – Nicolas de Verdun ne se laisse guère enfermer dans le style de l’époque – tout en se conformant aux indications des commanditaires des œuvres.
Quand il est appelé par Etienne de Tournai à réaliser la châsse de la cathédrale de Tournai, sa renommée est déjà bien établie. Il avait déjà érigé l’autel-ambon de l’Abbatiale de Klosterneubourg, en Autriche, près de Vienne. Celui-ci, signé et daté de 1181, est « l’œuvre majeure la mieux conservée de l’art des émaux médiéval ». La même année, pour la cathédrale de Cologne, il avait commencé la décoration de la châsse des Rois Mages. Achevée en 1280, celle-ci porte à croire que Nicolas de Verdun n’est pas l’unique auteur de cette pièce.
La châsse qu’il réalise pour la cathédrale de Tournai porte à son apogée le style 1200. Achevée en 1205, elle semble être l’ultime œuvre de l’artiste. L’art de Nicolas de Verdun va se répandre le long de la Meuse et du Rhin et influencer l’œuvre d’artistes tels que Hugo d’Oignies.
Sources
Léopold GENICOT (dir.), Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat, 1973, p. 174
Léopold GENICOT, Racines d’espérance. Vingt siècles en Wallonie, par les textes, les images et les cartes, Bruxelles, Didier Hatier, 1986, p. 65
Hans HAHNLOSER, « Nicolas de Verdun, la reconstitution de son Ambon de Klosterneubourg et sa place dans l'histoire de l’art », dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 96e année, n° 3, 1952, pp. 448-456.
Pierre-Louis NAVEZ, La châsse de Notre-Dame de Tournai, un chef-d’œuvre en style 1200 du maitre-orfèvre Nicolas de Verdun (1205). Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Tournai, Tournai, Incipit, 2006, p. 15-16
Baudouin PIET, Pierre COLMAN, Dorsan GOETHALS, L’orfèvrerie en Belgique : XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Paris, Duculot, 1988, p. 3
http://www.cathedrale-tournai.be/cathedraletournai/fr/3711-la-chasse-notre-dame.html
http://optimiste.skynetblogs.be/tag/nicolas+de+verdun
http://enlorraine.unblog.fr/2012/02/26/nicolas-de-verdun-un-des-plus-grands-orfevres-medievaux/
http://heda.cndp.fr/gothique.php?notice=46&projet=1
Œuvres attribuées avec certitude
Autel-ambon de Klosterneuburg (1181)
Châsse des Rois Mages de la cathédrale de Cologne (1280)
Châsse de Notre-Dame de Tournai (1205)
Marie Dewez