HUGO D’OIGNIES
Culture, Orfèvrerie
Walcourt fin XIIe siècle, Oignies début XIIIe siècle
Entre l’an mil et le milieu du XIIIe siècle, les centres où s’expriment les sculpteurs de talent glissent progressivement sur la Meuse, de Liège (Renier de Huy) à Huy (Godefroid), puis vers la Sambre (Jourdain de Malonne) et jusqu’à Tournai (Nicolas de Verdun), sur le bassin de l’Escaut. L’escale sambrienne est marquée par la production d’Hugo d’Oignies.
Orfèvre, scribe et miniaturiste du prieuré d’Oignies, que son frère a fondé en 1190, Hugo (dit d’Oignies) va y réaliser durant toute sa vie les objets liturgiques (calices, reliquaires, ostensoirs, croix, évangéliaires…) nécessaires au culte. Comme l’ensemble de sa production semble avoir été conservée dans un seul endroit et a réussi à traverser le temps sans altération (notamment les tumultes de la Révolution française et les bombardements de la Seconde Guerre mondiale), c’est un véritable trésor, cohérent, qui illustre de manière impressionnante le savoir-faire et la qualité des artisans de l’art mosan.
Formé dans les ateliers de l’Entre-Sambre-et-Meuse, Hugo est encouragé par Jacques de Vitry qui, devenu évêque, finance la fabrication d’objets d’orfèvrerie destinés à accueillir et conserver des reliques. Héritier d’un savoir-faire maîtrisé, Hugo d’Oignies présente la particularité d’innover et de perfectionner son art. Abandonnant l’emploi des « émaux multicolores, il cherche son principal motif de décoration dans un « travail original, qui consiste à couvrir les objets, en tout ou en partie » de délicats rinceaux formés de fleurettes et de folioles estampées, réunies par la soudure à de minces tigelles... Des émaux il ne conserve que la nielle « et s’en sert pour tracer des inscriptions, des ornements et souvent même des figures ; il déploie un talent exceptionnel dans l’art de rehausser l’éclat de l’or et de l’argent par l’opposition de cet émail noirâtre (Reusens cité par Van Arenbergh).
Exceptionnellement doué, Hugo d’Oignies est le dernier grand représentant de l’art mosan. « Dans son œuvre, la figure humaine s’efface devant la virtuosité technique avec laquelle l’artiste traite le décor à filigranes, le sertissage délicat des cabochons. Au revers de ses phylactères, tel Christ en majesté adopte de plus en plus le style de la statuaire des grandes cathédrales françaises » (Stiennon).
Depuis 2010, l’œuvre de Hugo d’Oignies fait l’objet d’une présentation totalement rénovée au sein du Musée provincial des arts anciens du Namurois. Avec les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy et la châsse Notre-Dame de la cathédrale de Tournai, il s’agit de l’un des plus beaux trésors de Wallonie.
Sources
Musée provincial des Art anciens du Namurois, « Autour de Hugo d’Oignies », Namur, 2003
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 174
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 234, 236, 247
Émile VAN ARENBERGH, dans Biographie nationale, t. IX, col. 633-639
Emmanuel COLLET, Le trésor d'Oignies, Bruxelles, 2012
Paul Delforge