Norgez, né Léon Schoonbroodt Léon
Culture, Littérature
Andrimont 29/06/1915, Jalhay 25/02/1992
Comme de nombreux autres jeunes Wallons de sa génération, Léon Schoonbroodt est plongé dans la Seconde Guerre mondiale en pleine jeunesse. Ayant déjà perdu son père, il avait été actif, dans l’entre-deux-guerres, dans des organisations syndicales et professionnelles liées au secteur du textile et de l’horticulture. Attaché à une compagnie de Chasseurs ardennais, il accomplit la Campagne des Dix-Jours et est fait prisonnier. Emmené dans un camp de transit, début juin 1940, il passe par la gare de Maastricht avant d’arriver quelque part en Allemagne. Il l’ignore encore, mais ce sont cinq années de captivité qui l’attendent. Arrivé au camp, il fait la rencontre d’un compagnon de galère auquel il donnera le nom de Brioche lorsqu’il écrira, plus tard, ses souvenirs de captivité et d’évasions manquées, dans Brioche et Cie encagés (1955) et Rendez-vous avec Brioche (1956), sous le pseudonyme de Léon Norgez. Dans la vie réelle, il a notamment Paul Biron et le peintre Jean Ransy comme compagnons d’infortune. Dépendant du stalag IXA, à l’instar d’un PG français répondant au nom de François Mittérand, Léon Schoonbroodt travaillera tour à tour dans un kommando agricole, à fabriquer des robinets, à construire des wagons, retour dans l’agriculture, puis c’est une usine à papier, à porcelaine, une chocolaterie avant de déshydrater des légumes... Libéré le 11 avril 1945 par une avant-garde blindée américaine, il embarque dans des wagons, le 7 mai, à Erfurt, et le 9, il arrive à Neufchâteau, libre.
Dès sa rentrée au pays, le jeune homme tente, par des articles de revue, de cristalliser l’esprit des stalags dans un programme politique, économique et social. Son but est de construire, sur base de la solidarité des camps, un vaste mouvement complètement neuf et dégagé des compromis. Son initiative se heurte à l’état d’esprit général des anciens prisonniers de guerre qui tentent d’oublier et cherchent simplement à réaliser, pour eux et pour les leurs, une vie plus juste, plus droite, plus saine. Devenu directeur administratif d’un Centre de Santé à Verviers, Léon Norgez devra faire une croix sur ses ambitions militantes et se tournera vers l’écriture.
Auteur d’un roman historique à vocation politico-sociale sur le thème de la revendication ouvrière au XIXe siècle dans la région verviétoise (En ce temps-là, Elisabeth, 1973), il y évoque la personnalité de Pierre Fluche. Évoquant la vie de Saint-Nicolas de Flüe dans Aux racines des étoiles, Léon Norgez se fait aussi le biographe de ses amis, l’écrivain Paul Biron (Portrait de mon Mononke, 1981) et le peintre verviétois Henri Litt (sorcier des transparences) qui illustre pour lui des couvertures de livre. Attiré par le Rassemblement wallon, Léon Norgez ne dissimulait pas sa sympathie pour les thèses fédéralistes. Dans les années 1970, avec Maguy Thiry Thiteux, il a été l’un des fondateurs de l’asbl Trio qui organise un concours annuel de poésie et remet un prix au nom de la ville de Liège.
Oeuvres principales
Brioche et Cie encagés, 1955 (Prix Raoul Nachez 1955)
Rendez-vous avec Brioche, 1956
Une idée conquiert le monde, s.d.
Fleurs, notre joie, s.d.
Ayez pitié d’un pauvre aveugle (poésie, inédit)
La chanson des fleurs (poésie, inédit)
En ce temps-là, Elisabeth, 1973
Henri Litt, sorcier des transparences, s.d.
Aux racines des étoiles, 1976
Portrait de mon Mononke, 1981
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée
Paul Delforge