Ransonnet Jean-Pierre

Militaires

Liège 13/10/1744, Moutiers-en-Tarentaise (Savoie) 03/03/1796

Entré très jeune au service de l’Autriche (1759), Jean-Pierre Ransonnet éprouve des difficultés à être promu et quand, enfin, il accède au rang de lieutenant (1772), il décide de renoncer à ses fonctions dans l’armée autrichienne (avril 1773) pour rentrer dans sa famille, et disposer d’une fortune assez confortable. Mais l’oisiveté le mine et les nouvelles des événements qui se déroulent de l’autre côté de l’Atlantique le décident à quitter sa jeune épousée (1775) pour se mettre au service des insurgés dans leur guerre d’indépendance de 1778 à 1781. De retour au pays de Liège, il repart au combat dès 1787, contre le prince-évêque cette fois. Nul n’est étonné de le retrouver à la tête des insurgés qui, le 18 août 1789, s’emparent de la citadelle.

L’exploit de cette passe d’armes lui vaut le grade de lieutenant-colonel, mais les événements qui se préparent dans le Brabant l’attirent. Recrutant ses hommes en principauté, il met son propre régiment à la disposition du comité insurrectionnel réuni à Bréda et est nommé membre du Comité de Guerre en même temps que Van der Meersch. Nanti du grade de colonel brabançon, il mène une première campagne à la mi-octobre dont le résultat est mitigé. Ses efforts ne sont pas décisifs, mais sa tête est recherchée par les Autrichiens. N’obtenant des Brabançons le soutien qu’il recherche et trouvant leur insurrection trop conservatrice, il rejoint les patriotes liégeois et fait campagne, à ses frais, contre les coalisés (1790). Quand le prince-évêque est remis sur son siège par les Autrichiens, ce sont les hommes de Ransonnet qui assurent la sécurité des municipaux lorsque ceux-ci doivent chercher refuge en dehors de la principauté.

Réfugié à Paris, tandis que sa femme est emprisonnée et qu’une peine de bannissement le frappe, Ransonnet est mis en contact avec La Fayette par La Rochefoucauld et est autorisé à lever un corps franc auprès de Liégeois et de Belges réfugiés en France. Avant même que l’Assemblée nationale ne le décrète (28 mai 1792), Ransonnet forme une des premières compagnies franches de la jeune République, les hommes se rassemblant à Givet. Menant campagne en France d’abord, il rejoint ensuite l’Armée de  la Moselle, pour repousser les Prussiens. Promu colonel par Kellerman (7 novembre 1792), il repasse dans l’armée des Ardennes qui fait retraite de la Belgique au printemps 1793 ; promu général de brigade à titre provisoire, Ransonnet se retrouve par deux fois sous les verrous pour des raisons obscures, mais qui pourraient bien résulter du fait que, durant ces années difficiles pour la République, les chefs qui connaissaient la défaite étaient rapidement châtiés. 

Finalement remis en liberté, non sans mal, fin 1793, il recevait à titre définitif le grade de général (février 1794) avant de recevoir le commandement de la division de la Basse-Sambre, dans l’armée du Nord. Lors du siège de Charleroi et avant la bataille décisive de Fleurus (juin 1794), il reconnaît les positions en présence à partir du ballon d’observation. Après la prise de Mons (1er juillet), il poursuit les Autrichiens du côté de Liège, et participe à la bataille de Sprimont. Sujet fréquent aux remontrances de ses supérieurs, Ransonnet est un baroudeur qui a besoin d’action. Bien que rentré sur « ses terres », il aspire à repartir. En mars 1795, il est en Italie, où il retrouve Kellerman. Participant actif de la campagne italienne de juin à décembre 1795, il est chargé de la défense de la vallée de la Tarentaise ainsi que de celle de Beaufort. C’est là, à Moutiers qu’il est victime d’une attaque d'apoplexie. 

Tête brûlée aux idéaux purs et désintéressés, la personnalité de Ransonnet a frappé les esprits de son temps, d’autant que sa famille a payé un lourd tribut aux événements. De son mariage avec Anne-Marie Magnée dont on a vu qu’elle paya aussi de sa personne l’engagement de son mari, sont nés quatre fils, tous nés à Liège, officiers au service de France et morts au combat avant la fin de la période impériale, hormis le capitaine de vaisseau Jacques-Joseph Ransonnet (Liège 1778, Paris 1861).

 

Sources

E. JORDENA, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 663-678
Général Hector-Jean COUVREUR, Les Wallons dans la Grande Armée, Gembloux, Editions Duculot, 1971