Rathmès Jean
Culture, Lettres wallonnes
Boncelles 17/05/1909, Nandrin 19/05/1986
Auteur dramatique et poète de langue wallonne, Jean Rathmès est sans doute, pour reprendre les mots de Guy Fontaine, « celui qui a donné – dans sa poésie et son théâtre – l’image la plus forte de cette cité industrielle qu’est Seraing et de la vie de son p’tit peupe ». Installé à Seraing dès l’âge de cinq ans, Rathmès a réussi à intégrer l’actualité contemporaine et à mettre en scène, de façon très juste, le quotidien de la population sérésienne, ouvrière et émigrée, dans ses pièces, mais surtout dans sa poésie. Son goût pour la littérature dramatique, c’est au gré de rencontres qu’il se révèle. Prisonnier dans un camp allemand durant la Second Guerre mondiale, il découvre le théâtre aux contacts d’intellectuels français. Rentré à Seraing, l’auteur et poète Lucien Maubeuge l’initie à la littérature wallonne.
Issu d’une famille de mineurs – des origines qu’il n’a jamais reniées – Jean Rathmès commence à travailler, dès l’âge de quatorze ans, dans un charbonnage liégeois. Tour à tour vendeur de matériaux de construction, agent de quartier à la Troque et officier de police de la ville de Seraing, il termine sa carrière comme secrétaire adjoint honoraire auprès du Parquet du procureur du roi à Liège. Ses activités professionnelles apparaissent dans plusieurs de ses pièces – ainsi Djeûs d’adrèsse (1968), dont les scènes sont plantées dans un commissariat de police – sans qu’il s’agisse là de références autobiographiques.
Après une Priyîre po dès vikants, un drame familial monté en 1955, Rathmès se fait un nom avec Baclande, jouée en 1959, dans laquelle sont déjà présents le thème de l’absence, récurrent dans l’œuvre de Rathmès, et une analyse psychologique poussée. Prix de Littérature dramatique de la province de Liège pour Li Bati (1968), il exprime dans cette œuvre, par la mise en scène de petites gens et d’un riche commerçant, son indignation face aux inégalités sociales. Grand lecteur de Zola et de Hugo, également poète, il publie, dès 1953, un recueil intitulé Les hoûlâs d’zos lès steûles, qui sera couronné du Prix des critiques wallons. Ici, davantage encore que dans ses pièces, se manifeste son dégoût face aux injustices et aux souffrances humaines.
Auteur de jeux radiophoniques, il reçoit le Prix Camille Caganus du Caveau liégeois pour Lès Vwès dèl Nut’ (1961), pièce écrite en vue d’une diffusion sur les ondes de Radio Liège, et qui n’a finalement jamais été jouée au théâtre avant… 2013 (Élisabeth Ancion).
Prix de la Province de Liège pour l’ensemble de son œuvre (1982), cet « écrivain qui aurait dû être un ouvrier », comme le qualifie Guy Fontaine, compte, avec Marcel Hicter et Albert Maquet, parmi les grands auteurs et poètes wallons de la seconde moitié du XXe siècle.
Sources
Martine WILLEMS, Hommage à Jean Rathmès (1909-1986), Liège, Société de Langue et de Littérature
wallonnes, 2013 (Mémoire wallonne, 16)
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie (poètes et prosateurs), Liège, Mardaga, 1979, p. 542
Jean LECHANTEUR, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 207
Émile LEMPEREUR, dans Ibid., p. 230-231 ; 233
Martine WILLEMS, dans Bruno DEMOULIN (dir.), Histoire culturelle de la Wallonie, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p. 169-170
http://areaw.org/hommage-jean-rathmes/ (s.v. janvier 2016)
Œuvres principales
Les hoûlâs d’zos lès steûles, poésie (1953)
Priyîre po dès vikants, théâtre (1955)
Baclande, théâtre (1959)
Lès Vwès dèl Nut’, radio (1961)
L’Ailî rèye, radio (1961)
Lès ôres d’avri, radio (1962)
Li p’tit sôdâr, théâtre (1963)
L’ôr è l’île ou L’ouhé d’ crustal, théâtre (1964)
Lès convwès d’Paris, théâtre (1965)
A diérin vikant, théâtre (1965)
Li Hèrlèye, théâtre (1966)
Sophie èst riv’nowe, théâtre (1966)
Djeûs d’adrèsse, théâtre (1968)
Li Bati, théâtre (1968)
L’èfant so l’ teût, théâtre (1970)
Tote li doûceûr dè monde, théâtre (1971)
Hoûte on pô, Diogène, théâtre (1971)
Basse vôye, théâtre (1979)
Carnaval, théâtre (1979)
© Institut Destrée, Marie Dewez