Ries Julien

Eglises

Fouches, près d’Arlon, 19/04/1920

Nommé prélat d’honneur du Pape en 2010 sans avoir été ordonné évêque, Julien Ries le devient deux ans plus tard, au sanctuaire de Villers-Notre-Dame, au pays d’Ath, une semaine avant d’être créé cardinal à l’occasion du consistoire de février 2012. Le pape salue ainsi son engagement de prêtre – en paroisse d’abord, comme accompagnateur de « L’Œuvre » ensuite –, et « d’homme de science ayant une grande profondeur et de larges horizons, d’écrivain fécond sur les thèmes de la foi, de l’histoire des religions et de l’anthropologie religieuse, de professeur éminent et aimé auprès de l’Université à Leuven d’abord et puis à Louvain-la-Neuve ».

Enfant de chœur à l’église Saint-Hubert de Fouches, il avait annoncé très vite son intention de devenir prêtre. Le séminaire de Bastogne l’accueille pour ses humanités latines, puis il prend la direction du Séminaire de Namur, où il accède à la prêtrise le 12 août 1945. Docteur en Théologie, il accomplit aussi des licences en Philologie et Histoire orientale à l’Université catholique de Louvain. Professeur de religion à l’Athénée d’Athus dans les années 1950, le doyen de Messancy est nommé professeur d’Histoire des Religions, en 1968, à l’Université catholique de Louvain, à l’heure où prolifèrent les Walen buiten et où la scission est programmée. 

C’est aussi à ce moment que Julien Ries fait partie d’un groupe de professeurs « wallons » qui fondent le Centre Cerfaut – Lefort (1969). Dans la mesure où les livres de la bibliothèque centrale seront partagés entre Flamands et Wallons selon que leur cote est paire ou impaire, des ouvrages vont faire défaut ; le rôle que s’assigne le CCL est de solliciter, de collecter et de conserver des dons de tous horizons pour compléter les collections. À la tête du CCL, Julien Ries installe un premier dépôt à Suarlée, dans le Namurois, pour empêcher que la future KUL ne puise dans ces premiers dons. Vite débordé, le CCL ouvre plusieurs autres lieux de conservation, le temps que les nouveaux bâtiments soient construits. En 1982, le CCL se transforme, devient un service de l'Université dont la mission reste le « renflouement » des collections, mais dans les bibliothèques de Wallonie et de Bruxelles, voire aussi dans d’autres pays, spécialement en Europe de l’Est et dans le Tiers-monde. Proposant aussi des livres à prix réduit aux étudiants, le CCL resta sous la présidence de Julien Ries pendant de nombreuses années. Avec une équipe très réduite, il a trié des centaines de milliers de livres, assurant lui-même le transfert vers les organismes demandeurs jusque dans les années 1990.

Suarlée, c’est aussi la paroisse dont l’abbé Ries a pris la charge, dans l’évêché de Namur. Lors de la désignation d’un nouvel évêque, en 1991, il a été un soutien inconditionnel de la nomination de Mgr Léonard. Depuis de nombreuses années, il est aussi le porte-parole officiel en Belgique du mouvement « Communion et Libération », organisation créée en 1954 par un prêtre milanais dans le but de « recatholiciser la société en rendant à l'Église la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre sur la scène culturelle, sociale et politique ». Sous le pontificat de Jean-Paul II, Rome a soutenu fortement ce groupement considéré comme sectaire par la Commission parlementaire belge d’enquête sur les sectes (1997-1998). Mis sur le grill par Golias et dans un reportage d’Au nom de la Loi, interrogé en huis clos par la Commission (1997), Julien Ries présente « L’Œuvre » comme un nouveau mouvement religieux parmi d’autres qui, depuis Vatican II, présentent tous des charismes, des services au sein de et pour la société. Dans sa défense de « L’Œuvre », il fait valoir ses titres et compétences. Orientaliste de formation, anthropologue et historien des religions par vocation, directeur du Centre d’histoire des religions de l’Université catholique de Louvain, professeur émérite depuis 1991, docteur honoris causa de l’Université catholique de Milan (2007), il dispose d’une bibliographie abondante, composée d’une quarantaine d’essais et de centaines d’articles où il s’attèle à établir des comparaisons entre les diverses religions, dans une perspective diachronique, influencée par le roumain Mircea Eliade et où émerge une anthropologie religieuse qu’il a théorisée dans les volumes de son Traité d’anthropologie du sacré.

Prêtre de 1945 à 2010, évêque puis cardinal sans que l’on sache si Rome a souhaité désigner un haut dignitaire wallon aux côtés du cardinal Daneels, Julien Ries n’aura pas le droit de vote en cas de conclave, l’âge limite étant fixé à 80 ans.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse