Roberty Sabine

Politique, Député wallon

Ougrée 13/01/1970

Députée wallonne : 2019-2024 ; 2024-

Depuis les élections communales partielles de 1899, le parti socialiste est la première force politique de Seraing. Au soir du scrutin communal de 1911, alors sous le régime du suffrage universel masculin tempéré par le vote plural, les électeurs sérésiens choisissent d’envoyer 25 candidats du POB au Conseil communal, ne laissant que deux mandats aux autres partis, en fait le seul parti libéral. En attendant que le ministre de l’Intérieur nomme le titulaire, la majorité communale désignent le socialiste Jean-Joseph Pirotte comme bourgmestre faisant fonction (janvier-décembre 1912). à l’époque, cependant, l’ensemble des gouvernements à majorité absolue catholique refuse de valider la nomination de tout bourgmestre ayant des accointances avec le POB. Après un an d’attente, le ministre finit par désigner à la tête du Collège de Seraing le libéral Julien Putzeys, dont chacun connaît alors les positions radicalement antisocialistes qu’il défend. Il reste pourtant en fonction de janvier 1913 à mai 1921, avec des échevins et des conseillers quasi exclusivement socialistes. Il faut attendre juillet 1921 pour que soit nommé le premier bourgmestre socialiste de Seraing, en l’occurrence Jules Joseph Merlot ; il va exercer cette fonction jusqu’en décembre 1946 ; dans la Cité du Fer, le POB dispose d’une majorité absolue à chaque scrutin, cette domination n’étant contestée que par le parti communiste de Julien Lahaut, ou empêchée par l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale. à Jules Joseph Merlot succède, le 1er janvier 1947, son fils Joseph-Jean Merlot qui exerce comme bourgmestre de Seraing jusqu’à son décès accidentel en janvier 1969. Dès février 1969, Fernand Dauwen lui succède, le temps d’arriver aux élections communales d’octobre 1970 où ledit Dauwen ne se représente pas. 

A la suite d’un poll interne au PSB de l’époque, c’est le premier échevin sortant, René Remy, qui est chargé d’emmener la liste socialiste, devant un jeune militant installé depuis peu dans la commune, mais qui est déjà le secrétaire national du PSB. Pour sa première participation au scrutin communal sérésien, Guy Mathot est plébiscité (plus de 3.000 vp.) et devient l’un des plus jeunes bourgmestres de Wallonie (janvier 1971). En octobre 1976, il devient le premier bourgmestre du « Grand Seraing » et le reste jusqu’en mai 2004 de manière quasi ininterrompue, laissant l’exercice de la fonction à ses proches – Jacques Vandebosch ou Gaston Onkelinx en alternance –, quand il remplit des fonctions ministérielles ou quand il est empêché. Durant toute cette période, le parti socialiste s’appuie sur une solide majorité absolue : ainsi, en octobre 1982, le PS réalise 57% des voix et compte 28 conseillers sur 39. En octobre 1988, Guy Mathot fait un tabac (4.842 vp.), le PS récoltant 63% des suffrages, et gagnant deux sièges. Six ans plus tard, le PS est en recul (53,8%, - 2 sièges), mais en octobre 2000, le PS remonte à 58,9% des suffrages et Guy Mathot réalise son meilleur score personnel (7.590 vp). à son décès, Guy Mathot est remplacé par Jacques Vandebosch le temps que s’organise le scrutin communal d’octobre 2006, dont le résultat final semble indiquer la naissance d’une nouvelle « ère Mathot », Alain Mathot ayant repris le flambeau avec un score personnel de 8.137 vp. Le PS culmine alors à 56,9% et dispose de 26 sièges sur 39 au Conseil communal. C’est dans ce contexte que Sabine Roberty, encore rhétoricienne, s’affilie à la section locale d’Ougrée du Parti socialiste (1988) et décide de militer, tant sur le plan politique que sur le plan syndical. 

Graduée en Arts et Sciences de la Communication, elle intègre un cabinet ministériel pendant quelques mois, avant d’être employée comme secrétaire au service « Administration des patients » du Centre hospitalier universitaire de Liège (1992-2012). Après avoir siégé deux ans comme conseillère CPAS à Seraing (1998-2000), elle est élue au Conseil communal de Seraing, en octobre 2000, lors de l’une des plus importantes victoires du PS dans cette ville. Avec 940 vp, elle est reconduite dans ce mandat en 2006, quand Alain Mathot devient le nouveau bourgmestre. De 2001 à 2007, elle représente le PS en tant qu’administratrice au sein de l’Association Intercommunale pour le Démergement et l’épuration des communes de la province de Liège (AIDE), de l’Association intercommunale de soins et d’hospitalisation Centre hospitalier du Bois de l’Abbaye et de Hesbaye et de son Comité de direction (CHBAH), de l’intercommunale spécialisée « Centre hospitalier psychiatrique » (CHP), et elle préside l’Aide à Domicile - Ougrée - Seraing – Flémalle. à partir de 2007, elle devient administratrice-déléguée de l’Aide à domicile ; pendant cinq ans, elle devient surtout permanente syndicale à la CGSP (2007-2012). 

Lors du scrutin communal d’octobre 2012, Sabine Roberty occupe la 2e place sur la liste emmenée par Alain Mathot ; avec 1.116 vp, elle bénéficie de l’effet dévolutif de la case de tête et obtient le 2e des 24 mandats attribués au Parti socialiste, mais la concurrence est grande dans sa famille politique avec d’autres candidats qui enregistrent un résultat personnel supérieur au sien. Derrière Alain Mathot (6.177 vp) arrivent en effet les chevronnés Francis Bekaert (2.019), Alain Decerf (1.846), Alain Onkelinx (1.476) et André Gilles (1.395), ainsi que la néophyte Déborah Géradon (1.256). Septième meilleur résultat socialiste, Sabine Roberty réalise le 9e score tous partis confondus et le 2e des 20 femmes candidates tous partis confondus. En recul de 6,6% (50,4%), le PS conserve sa majorité absolue (24 s.), mais Seraing est alors l’une des premières villes de Wallonie où le PTB obtient cinq sièges, soit autant que le MR et un de plus qu’écolo, le cdH ne conservant qu’un élu. Dans le nouveau Collège communal, Sabine Roberty devient échevine en charge de l’État civil, de la Population, des Mairies de quartier et les Infrastructures cimetières. Anticipant une mesure qui entre en vigueur le 1er janvier 2019 – à savoir l’interdiction des produitsphytosanitaires dans les cimetières notamment – l’échevine lance très tôt des initiatives afin de trouver des solutions alternatives et que continuent d’être entretenus correctement ces espaces publics dédiés aux défunts ; végétalisation, transformation en jardins fleuris et en espaces verts respectueux de la biodiversité, création d’espaces paysagers, sont quelques-uns des mots d’ordre de la responsable de sept importants cimetières communaux sérésiens qui feront école en Wallonie.

Administratrice du Centre d’accueil Alzheimer (2012-) et de la Centrale des Services à domicile Liège-Huy-Waremme (CSD, 2012-2013), elle devient la présidente de cette Centrale de 2013 à 2020, avant de reprendre un rôle d’administratrice, ensuite. Administratrice de la Coopérative d’études, de gestion et de participation (COGEP, 2023-2020) et du Centre régional pour l’intégration des personnes d’origine étrangère de Liège (CRIPEL, 2012-2020), elle devient aussi administratrice (2012) puis la présidente (2013-) de l’APPER Wallonie, association de parents se préoccupant de la protection des enfants sur les routes.

A l’approche des élections d’octobre 2018, Alain Mathot annonce qu’il n’est pas candidat. Le PS sérésien aligne dès lors une liste où les candidats à sa succession sont laissés au choix des électeurs : président du CPAS sortant, Francis Bekaert est tête de liste, suivi par Déborah Géradon et Laura Crapanzano (4e). En sixième position, Sabine Roberty entend défendre son bilan et celle qui fait partie des responsables de l’USC d’Ougrée brigue la reconduction de son mandat d’échevine. Avec 4.635 vp, Bekaert s’impose de peu, face aux 4.449 vp de sa dauphine, tandis que la challenger passe le cap des deux mille voix (2.010) ; avec 1.388 vp, Sabine Roberty réalise le 6e score tous partis confondus, et le 5e résultat d’un Parti socialiste qui est cependant encore en recul, passant de 50 à 42,5% (-7,5%), mais en conservant in extremis la majorité absolue (20 sièges sur 39, -4). Face à un PTB en pleine expansion (24,2%, + 10%) et onze sièges (+6), le PS qui a proposé en vain à écolo (4) de former le pacte de majorité décide de gouverner seul la cité sérésienne. Après avoir assuré la fonction et supporté les critiques, Francis Bekaert finit par jeter le gant en cours de législature et c’est Déborah Géradon qui lui succède (20 mars 2023) à la tête de la ville, devenant ainsi la première femme à diriger la Cité du fer. Sabine Roberty de son côté conserve son échevinat, avec les mêmes attributions.

Depuis qu’elle participe aux campagnes électorales du PS, la municipaliste ne s’est jamais présentée à d’autres élections qu’à Seraing. Dans une Fédération liégeoise en pleine mutation, elle est invitée à se porter candidate pour la toute première fois au scrutin wallon, le 26 mai 2019, dans la circonscription électorale de Liège. Occupant la 4e place sur la liste emmenée par Jean-Claude Marcourt et Christie Morreale, elle réalise le 5e meilleur résultat des socialistes (5.642 vp) et le 10e tous partis confondus, dans une circonscription qui envoie 15 députés à Namur : elle y prête serment dès le 11 juin 2019, faisant partie de la majorité PS-MR-écolo qui se met en place dès septembre, sous la présidence d’Elio Di Rupo. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, elle renonce à son mandat d’échevine, étant remplacée par Patricia Stassen, tout en restant conseillère communale. 

Membre de la Commission pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (2019-2024), la députée wallonne est l’une des nombreuses signataires d’une Lettre ouverte au formateur du gouvernement fédéral pour que soit créé un ministère fédéral des Droits des Femmes (décembre 2019). Durant une législature wallonne marquée par la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, l’offensive armée de la Russie en Ukraine et la crise énergétique qui s’en suit, Sabine Roberty est amenée à décider de diverses mesures pour encadrer la lutte contre la pandémie. Ainsi, avec ses collègues Mourad Sahli (PS), Véronique Durenne (MR), Anne Laffut (MR), Laurent Heyvaert et Stéphane Hazée (écolo), elle fait adopter un décret qui organise la communication entre la cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ, le Centre régional de crise et les pouvoirs locaux, et permet la mise en place d’équipes mobiles, chargées de prendre des mesures en cas de détection de foyer de contamination (mi-octobre 2020). Par ailleurs, elle fait partie des députés wallons porteurs d’une série de textes levant les obligations sur le port du masque et sur l’usage du Covid Safe Ticket (printemps 2022), ainsi que sur l’isolement automatique après un dépistage positif (mai 2023). Membre de la Commission Emploi-Action sociale-Santé (2019-2024), elle s’intéresse aussi au statut des hôpitaux et à leur inscription obligatoire dans un réseau. Associant l’amélioration de l’accessibilité aux soins de santé et l’égalité des chances, elle est la co-auteure d’une proposition de résolution visant une meilleure sensibilisation à l’endométriose.

Après les pluies diluviennes de l’été 2021 qui ont frappé 209 des 262 communes de Wallonie, entraîné la mort de 39 personnes, provoqué des dégâts pour plusieurs milliards d’€ et transformé 100.000 personnes en sinistrés, une Commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner les causes et d’évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie est mise sur pied par le Parlement de Wallonie à la demande des chefs de groupe de tous les partis politiques. Dans l’histoire de l’assemblée wallonne, c’est la troisième fois qu’est créée une telle Commission. Du 2 septembre 2021 au 24 mars 2022, Sabine Roberty prend une part active aux 26 réunions et 62 auditions, ainsi qu’à l’émergence des 161 recommandations qui sont adoptées, le 31 mars 2022, par tous les députés wallons, à l’exception du PTB. Présidente du Comité Mémoire & Démocratie en 2019-2020, elle reste membre de ce Comité jusqu’à la fin de la législature.

A la suite de l’affaire dite du greffier, l’ensemble du bureau du Parlement de Wallonie démissionne et les partis politiques procèdent à divers remaniements. Outre la désignation d’André Frédéric à la présidence du Parlement de Wallonie, Sabine Roberty est désignée cheffe de groupe du PS au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (21 décembre 2022). Depuis 2019, elle y était membre de la Commission de Coopération, ainsi que membre et surtout vice-présidente de la Commission Enfance-Santé-Culture-Médias-Droits des femmes (2019-avril 2023). Après avoir adopté le décret réformant les rythmes scolaires et avoir défendu les contenus du guide pour « l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » (EVRAS), la cheffe de groupe PS aura fort à faire, dans une fin de législature communautaire passablement agitée, quand son parti et écolo remettent en cause certains aspects du « Décret Paysage », pourtant adopté précédemment avec le MR, troisième partenaire de majorité depuis 2019 ; face à un groupe MR uni derrière sa ministre Françoise Bertieaux qui ne souhaite rien modifier au texte, PS et écolo passent néanmoins en force (printemps 2024).

Le 9 juin 2024, Sabine Roberty occupe la 3e place sur la liste PS emmenée par Christie Morreale, dans la circonscription de Liège, sollicitant des électeurs le renouvellement de son mandat de députée wallonne. Avec 5.321 vp, elle signe le 5e résultat des effectifs PS et le 14e score tous partis confondus, un résultat qui lui permet in extremis de continuer à siéger au Parlement de Wallonie. En effet, tout en restant la première force politique de la circonscription électorale (26,25%), le PS est en recul de 2,18% et réalise son moins bon résultat depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995. Victime du système de l’apparentement, il perd surtout deux sièges, n’en conservant que trois, alors qu’il en avait toujours obtenu au moins cinq depuis 1995.

 

Mandats politiques

Conseillère CPAS à Seraing (1998-2000)
Conseillère communale à Seraing (2000-)
Échevine (2012-2019)
Députée wallonne (2019-) 

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont La Libre, 8 octobre 2016 ; La DH, 19 décembre 2022
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2019 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
https://sabineroberty.be/a-propos/ 

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)